Les opinions exprimées ici ne sont pas nécessairement celles du GRILA
NOTRE SOCIETE BOUGE LENTEMENT
NOTRE SOCIETE BOUGE LENTEMENT

Edition de Janvier 2020 du Magazine "Peuple noir", un magazine mensuel promouvant les aspects culturels de la civilisation Noire, avec une vision internationaliste. Magazine publié à partir de la République Democratique du Congo)



L'arme contre elle-même

Tant de fois dans les débats, n’entend-on pas « oui mais dans les sociétés matriarcales... ». Coupons le cou à ce canard! S’il existe bien des sociétés matrilinéaires (où la filiation, la parenté, se transmet par les femmes), les sociétés matriarcales signifiant des relations réelles de pouvoir, de domination des femmes sur les hommes relèvent du domaine des légendes, des mythes. Anthropologues et ethnologues semblent assez d’accord à ce sujet.

Par ailleurs, cette croyance en l’immuabilité des choses mais surtout en une origine «naturelle » du système patriarcal est, comme toutes les croyances, très difficile à faire évoluer. Il est tellement plus simple et moins dérangeant de s’en remettre à la «nature». N’a-t-elle pas fait deux sexes bien distincts, apparemment bien complémentaires dans leur morphologie; dès lors, pourquoi ne pas
étendre ces observations au fonctionnement de la société ? Les sciences sont
aujourd’hui convoquées pour approuver ces raisonnements (avant, c’étaient les dieux qui étaient convoqués), sans par ailleurs en apporter toujours les ré-férences ni faire part des controverses. On peut ainsi encore lire des phrases de ce type: «Les sciences permettent aujourd’hui de mettre à jour l’influence des incontournables différences biologiques sur nos motivations et nos réactions.»

Ces invocations permettent malheureusement de faire passer un discours hiérarchisant, justifiant l’organisation de la société via des rôles bien définis.
3Ces rôles sont, notons-le, parfois aussi enfermant pour les hommes que pour les femmes. Par exemple l’obligation pour les premiers de rapporter de quoi faire vivre la famille et, pour les secondes, de se cantonner à la sphère privée, au soin des enfants et du foyer. Combien de rêves inachevés, de professions auxquelles des femmes ou des hommes renoncent par soumission aux stéréotypes ? Très peu de puériculteurs (le correcteur d’orthographe ne connaît bien sûr pas ce mot) ou d’enseignants de classes «maternelles » (les termes ne sont décidément pas neutres !), très peu (mais cela évolue) d’ingénieures ;
les premiers, les hommes, étant décidément incapables de s’occuper de petits enfants ; et les secondes, les femmes, étant probablement incapables de faire
de savants calculs. Ce genre de réflexions n’est malheureusement absolument pas dépassé et tendre l’oreille dans un bar ou lors d’une troisième mi-temps de football nous en confirme la triste réalité.
Ces réflexions nous portent à approfondir les questions de pouvoir, de rapports de pouvoir, de «rapports sociaux de sexe». Cette expression est surtout utilisée par les féministes de tradition marxistes, pour lesquelles les inégalités sont avant tout liées au système capitaliste. Elle fait référence à des notions développées par l’analyse marxiste des rapports sociaux.


LES VIOLENCES PATRIARCALES

La société est organisée selon trois systèmes de domination : le capitalisme, le patriarcat et le colonialisme (racisme).

Ces 3 systèmes existent indépendamment les uns des autres mais ils se renforcent. Par exemple, un homme syndicaliste a totalement intégré la domination patronale mais il n’a pas forcément conscience que la domination patriarcale fonctionne de la même manière.

Les critères d’analyse qui nous permettent d’avoir une vision politique juste de ces trois systèmes de domination ne sont pas innés. On parlera dans cet ouvrage de «patriarcat», - de «système patriarcal» parce que définir le patriarcat comme un système donne des outils de luttes collectives.

- de « violences patriarcales » plutôt que de violence sexistes : parce qu’elles englobent toutes les formes de violences liées à l’organisation patriarcale de la société où le groupe des hommes tient une place dominante et constitue la norme, la référence. Elles englobent donc l’homophobie, la lesbophobie, la transphobie puisque ces catégories sont discriminées car hors norme par rapport à ce que doivent être un homme et une femme.
- La notion de système est importante :
Le système capitaliste crée la classe.
Le système patriarcal crée le genre (sexe social).
Le système colonial crée la race.

Affirmer que le système patriarcal induit le sexisme ne veut pas dire que TOUS les hommes sont sexistes mais que tous les hommes hétéro tirent des privilèges de cette organisation de la société. Affirmer que le système colonial induit le racisme ne veut pas dire que toutes les blancs sont racistes mais que tous les blancs tirent des privilèges de cette organisation de la société.

QUELS RAPPORTS ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES
Il est prouvé blanc sur noir que les années 80, une notion telle que la «division sexuelle du travail » met en lumière l’attribution de tâches différentes aux hommes et aux femmes ainsi que la hiérarchisation entre ces tâches. Aux hommes sont assignées prioritairement des tâches de productivité (travail professionnel) tandis que les femmes se voient assigner des tâches reproductives (travail domestique). Entre ces deux domaines, ces deux sphères – publique et privée – s’établit une hiérarchie qui attribue aux « travaux d’hommes » une valeur supérieure à celle attribuée aux « travaux de femmes ». Les tâches reproductives, bien qu’indispensables au bon fonctionnement du système capitaliste, restent secondaires par rapport à la production. Il est important de noter que dans cette perspective, les rapports entre les hommes et les femmes ne sont pas de simples relations interindividuelles. Elles s’inscrivent dans des rapports sociaux qui transcendent les individus. Ces rapports ne sont pas naturellement définis mais historiquement et socialement construits. « Ils ont pour enjeu la sexualité et le travail à travers des mécanismes d’exploitation et des dispositifs de domination, de production et d’intériorisation des différences. Ils se traduisent partout dans le monde avec plus ou moins d’intensité, de violence, inégalités de toutes sortes, subordinations, exclusion partielle ou totale du politique4».
ECLAIRONS LES CONCEPTS POUR PASSER A L’ACTION

À la question « Comment voyons-nous l’avenir des femmes?», nous avons une réponse convaincante mais pas flatteuse, Le modèle archaïque masculin est universel mais pas éternel. L’humanité actuelle procède des mêmes souches qui ont donné aux mêmes questions les mêmes réponses. Mais c’est un modèle créé par l’esprit. Il
n’est pas là par nécessité biologique. Il peut donc être remplacé. C’est donc bien d’action qu’il est question. éclairer des concepts, mettre des mots sur les réalités, participer à la construction d’un savoir qui permet d’y voir plus clair, qui permet de développer des forces pour mettre fin à l’oppression que vivent de nombreuses femmes: sans mots ou avec les mots, les possibilités de réflexions ou d’abdication sont en jeu.
Il est question en tout cela de conscience des opprimées d’abord. Et cela est très logique dans la mesure où l’on doit être maitre de son sort, n’en déplaise aux idées et esprits bien battus par la société patriarcale. C’est ainsi que dans cette chainée de penser nous encourageons les regroupements féminins au sein des associations mixtes. Pas à juste titre de l’émancipation mais plutôt à cause d’un esprit du harcèlement mental qui peut toujours remettre en question la supériorité historique de l’homme. Pire est de constater que C’est lorsqu’on est touché par une injustice que l’on décide de lutter contre elle, de faire bouger la société.
PATRIARCAT, CAPITALISME, RACISME
structurent notre pensée (vocabulaire, insultes, etc.)
Nous ne prêtons pas souvent attention mais l’on remarquera que, le monde est vu à travers des références masculines car le masculin est l’universel. Pour exemple, cette règle grammaticale où le masculin l’emporte sur le féminin dans les accords de grammaire (ça n’a pas été toujours vrai). Les insultes sont souvent évalorisantes pour les femmes, sexistes («salope, fais pas ta pute»).
Peu d’entre nous en sont conscient.es. Le terme «enculé» est une insulte homophobe signifiant qu’on est faible si on se fait enculer. Même si aujourd’hui on ne lui prête pas ce sens, on véhicule quand même en l’utilisant une tradition sexiste et une culture du viol.
UN MODELE MILITANT IMPOSE
Dans les prises de parole les filles hésitent plus, on doit le mentionner, sont moins sûres d’elles, utilisent plus d’expressions demandant l’avis, l’acquiescement de leurs camarades. Les garçons sont plus dans l’affirmation, la répétition et la reprise à leur compte de ce que vient de dire la fille, ils sont plus sûrs d’eux.
cela va loin jusqu’à produire le temps de parole des garçons est supérieur à celui des filles. La répartition des tâches et des responsabilités dans les groupes ou syndicats reste inégalitaire. Le secrétariat, le ménage incombent souvent aux femmes, les postes à responsabilité aux hommes. Les difficultés à reconnaître l’expertise de camarades filles persistent : elles ont plus souvent à se justifier de leurs positions.
LA CREATION DE LA CULTURE DU VIOL
Des viols et violences banalisés : on ne remarque même pas les représentations de viols/ violences dans la pub, dans les affiches militantes, les journaux, les films.
- Viols et violences minimisés : troussage de domestiques, «tous les hommes ne sont pas comme ça. Ce n’est qu’un dérapage individuel».
- La loi du silence accompagne toutes les formes de violence, elle permet d’isoler les femmes les unes des autres, elle renvoie les femmes à leur propre incapacité à accepter et/ ou gérer ce qui leur arrive, elle leur fait croire que ça n’arrive qu’à elles.
- La loi du silence assure l’impunité aux hommes violents : ils risquent souvent tellement peu qu’ils peuvent outrepasser le «non» et, quand le viol est dénoncé, faire hypocritement comme si ils n’avaient pas compris.
Pour autant, ce n’est pas l’opprimée qui est responsable de son oppression mais le système qui parfois ne lui laisse pas le choix. Il est indispensable d’avoir un niveau de conscience suffisant des trois systèmes de domination pour pouvoir reconnaître que l’on peut se trouver du mauvais côté de la barrière car faisant partie d’un groupe dominant. La lutte collective est là pour donner les moyens de pouvoir choisir et échapper le plus possible à son oppression. Comme nous
n’avons pas encore aboli le patriarcat, le capitalisme et le racisme en ttendant, notre rôle n’est pas de culpabiliser les dominées mais de leur donner envie de lutter sans cesse.
Différentes approches dans le traitement des violences L’enjeu pour nous, militants, est d’encourager les couches féminines à trouver des formes de ripostes et de luttes qui se placent en dehors de la complaisance
et des pièges étatiques et/ ou religieux. Il existe différentes approches des violences :
Essentialiste : les hommes sont violents par nature on doit donc apprendre à éviter leur violence, s’en protéger ; mais on ne les changera pas.
Psychologisante : il est coléreux, fou, alcoolique… Ce sera une gestion individuelle sans reconnaissance que la société autorise cela et ça dédouane souvent le violeur qu’on excuse une fois la «crise» passée.
Féministe matérialiste : il faut combattre la structure qui organise et permet ces violences. Cette approche appelle une riposte collective par les intéressées elles-mêmes. C’est l’approche féministe qui doit en principe être adoptée dans les milieux militants

Dans le milieu militant, même on privilégie une approche matérialiste, il faut rester vigilant, quand on est confronté à un cas concret à ne pas trouver des excuses psychologisantes du genre alcool, jalousie, provoc de la victime.

Une émancipation des hommes ?

Le problème du patriarcat ne concerne pas seulement l’oppression des femmes et la lutte contre le capitalisme. En tant qu’hommes nous pouvons aussi analyser combien la culture patriarcale peut nous faire aussi souffrir et s’érige souvent en obstacle à notre émancipation et à la construction de relations sociales différentes. Nous sommes de toute évidence agents mais aussi souvent victimes de la manière dont nous devons sans cesse rester compétitifs, forts, ressentir le besoin de dominer les autres même dans nos propres espaces et collectifs “alternatifs”. Mais nous avons habituellement peur de remettre en question ces attitudes car elles nous constituent et nous donnent des rôles de pouvoir. Nous souffrons également d’une culture sexuelle qui assure la domination masculine et plus largement la sauvegarde des structures en couples/familles/Etats, mais qui doit pour ce faire baser notre sexualité sur la violence, la frustration, des normes extrêmement restrictives, le refoulement de nos désirs. A cet égard la lecture de la révolution sexuelle me semble encore assez pertinente, il montre d’ailleurs, là encore, tout le potentiel de destruction de la société capitaliste que pourrait avoir la déconstruction de la sexualité masculine.

Un militantisme d’hommes

Beaucoup d’entre nous, militants africains impliqués dans divers collectifs, sommes majoritairement des garçons noirs hétérosexuels et issus des classes basses. Nous avons été éduqués à nous sentir forts, confiants dans nos idées, dans nos analyses, capables de parler fort et de combattre pour montrer que nous sommes meilleurs que les autres. Cela fait de nous de bons “compétiteurs de réunion”. De même en ce qui concerne nos facilités dans divers domaines valorisés, domaines techniques spécifiques comme la construction, la réparation, le travail informatique... D’autres personnes et tout spécialement les femmes
souffrent généralement d’une culture et d’une éducation – et ce jusque dans les familles de gauche classe moyenne intello-émancipée... - qui vise à les empêcher d’acquérir toutes ces jolies capacités patriarcales. Elles se sentent énéralement tout aussi désemparées qu’ailleurs face à l’univers du militantisme et à ses façons de fonctionner supposées être si “différentes”. Beaucoup d’entre elles en sont rapidement dégoûtées, les autres ont souvent bien du mal à s’y affirmer. Prenons seulement quelques exemples de ce militantisme patriarcal :

- Dans nos actions et la mythologie dont nous les entourons, nous ne cessons de glorifier les aspects les plus spectaculaires, les plus confrontationnels et les situations dans lesquelles les héros mâles peuvent s’élever sur la scène de l’activisme ; pour prendre un exemple bateau, on accordera plus d’attention à la personne qui est allée accrocher la banderole au-dessus du bâtiment qu’à celles qui l’ont peinte.
Plus d’attention à la pierre jetée sur la police, qu’au temps passé à parler des nouvelles lois sécuritaires avec une passante (ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas accrocher de banderoles ni jeter de pierre sur la police... c’est un autre débat) ;
- dans de nombreuses situations, nous pouvons ressentir une pression constante de montrer combien nous sommes courageux, et comme nous n’avons, par exemple, pas peur de la répression ou de se venger œil pour œil, dent pour dent. Un concours de jet de testostérone, qui, pour ne pas parler de l’aveuglement stratégique dans lequel les femmes sont enfoncées parfois, est aussi très rapidement excluant ;
- même si certaines formes d’efficacité sont bonnes, les femmes devront prendre conscience que la conception typiquement mâle de désempare et exclut souvent d’autres personnes, tout spécialement les femmes. On pourrait dire la même chose de la tendance à essayer d’additionner le plus possible d’évènements spectaculaires, au lieu de construire des campagnes à long terme, efficaces sur un sujet spécifique ;
- les “belles” justifications qu’elles se donnent pour faire à la place des autres (ce sera moins fatigant, moins dangereux, mieux fait...) cachent souvent des processus classiques de galanterie sexiste ;
- que ce soit dans des cadres militants ou plus personnels, on cultive à outrance les conversations techniques, la complicité de spécialistes. Nous développons incessamment des rapports de type “je sais mieux que toi, je fais mieux que toi”, où il s’agit de montrer que l’on est plus radical, plus rude, plus héroïque, que l’on y était, qu’on a raison, que notre parole a été écoutée, que cela fait longtemps que l’on est investi, que l’on a beaucoup donné à la cause de ceci ou cela.

De la pseudo-importance des questions de genre dans nos collectifs

Nous avons tous vécus des réunions où des débuts de débats aboutissaient à cette triste blague pleine de bonnes intentions oui, les questions de genre sont vraiment importantes, mais bon il faut que nous arrivions à une conclusion
sur ce débat/que nous arrivions à organiser cette action... Mais on va faire en sorte d’en parler la prochaine fois. L’efficacité a toujours le dos large. Ceci n’est qu’un exemple parmi d’autres de la manière généralement non assumée
dont nous reproduisons la vieille priorisation des luttes qui voudrait que l’on attende le grand soir et la fin du capitalisme pour commencer à se préoccuper sérieusement du patriarcat (ou des rapports de pouvoir dans nos modes d’organisation, ou des incohérences entre nos idées et nos mises en pratique...)
Nous nous disons toujours antisexistes, mais en réalité combien de temps passons nous à travailler sur la question du patriarcat ? Quand nous abordons ce sujet dans un contexte mixte, cela se résume souvent seulement à une focalisation sur ce qui se passe loin de chez nous sans beaucoup plus d’analyses et de possibilités réelles d’aller vers des changements concrets. 5Si l’on s’en tient aux initiatives prises par les hommes hétéros, l’anti sexisme dans le mouvement anticapitaliste radical me semble être actuellement de l’ordre du folklore superficiel. On discute parfois mais on laisse généralement les femmes prendre les quelques initiatives concrètes à ce sujet. Ces hommes qui sont à la base de cette dégradation feraient mieux de proposer aussi des pistes de solution qui seront comme de pierres pour la construction de l’édifice, bien que les femmes doivent savoir compter sur leurs propres libérations. Lorsque les femmes prennent les décisions, il y a toujours un œil de la société pour mater et celles qui le font se voient souvent jugées et condamnées parce que certains pensent qu’elles ont agi de manière trop confrontationnelle. Il en découle que beaucoup de femmes qui veulent lutter contre la société patriarcale finissent par abandonner les actions, groupes et mouvements mixtes comme nous constatons surtout pour les populations féminines africaines.
VERS UN CHANGEMENT PREPARÉ

Dès lors nous devons rendre central et pratique la question du genre dans nos
collectifs et à chacune de nos actions. Je sais que plusieurs se diront que la société fait déjà des grands efforts pour rendre la parité effective mais du jour au jour j’arrive à comprendre que dans la mesure où nous parlons de parité, émancipation, sans un contenu approprié nous sommes en train de creuser à nouveau un trou que même les sociétés à venir risque de ne pas arriver à enterrer car ce qui est mieux c’est de montrer à nos sœurs et à nos mamans l’origine de cette inégalité et inculquer dans leurs cerveaux un combat sans relâche. Logiquement il ne serait pas aussi naturel de remporter une telle bataille tout en sachant que l’oppresseur s’est enraciné pendant des siècles.
L’ÉGALITÉ DE GENRE CONSTITUE-T-ELLE UN CATALYSEUR DE LA CROISSANCE INCLUSIVE ?
Les données collectées à travers le monde confirment que la croissance économique est plus élevée et les taux de pauvreté sont plus faibles dans les pays où l’égalité de genre est plus avancée. Bien entendu, la corrélation statistique, à elle seule, ne suffit pas à établir une relation de cause à effet entre l’égalité de genre et la croissance. Mais il existe des raisons bien fondées qui autorisent à croire que l’égalité des genres contribue à la croissance et à la réduction de la pauvreté. Le renforcement de l’égalité de genre relève le niveau de capital humain des femmes, leur procure plus d’emplois et stimule leur esprit d’entreprise, améliore leur accès aux moyens de production et aux ressources productives, et renforce leurs droits, et leur permet de mieux faire entendre leur voix en tant que citoyennes à part entière — facteurs pouvant avoir un effet profond sur leurs motivations économiques et leur potentiel de contribution à la production économique. Ces facteurs pourraient également avoir, à long terme, des conséquences intergénérationnelles qui se répercuteront de manière positive sur l’éducation, le bien-être et le potentiel économique des enfants. Pour ces raisons, il semble extrêmement probable que l’égalité des genres est un puissant facteur de stimulation de la croissance à long terme et un modèle naturel de croissance plus inclusive.
LA FEMME PORTEUSE D’UN DEVELOPPEMENT HUMAIN APPROPRIÉ

Investir dans les femmes et les filles est l’un des moyens les plus efficaces de promouvoir le développement. On s’accorde à reconnaître, depuis des années, que l’investissement dans le développement humain des femmes — et en particulier dans l’éducation des filles — permet de gagner sur deux tableaux. Cela améliore la qualité de vie des femmes car cela leur permet d’être des acteurs plus productifs dans la société. Cela leur permet également de défendre la cause du développement humain pour leurs familles et leurs communautés. L'amélioration qui rejaillit sur le bien-être et les perspectives de leurs enfants produit des effets multiplicateurs qui augmentent à chaque génération. À l’inverse, les problèmes sociaux qui affectent de manière disproportionnée les femmes, tels que la mortalité maternelle élevée et les violences contre les femmes, sapent le capital humain. Lorsque les femmes sont analphabètes, elles ont une santé précaire et elles ne parviennent pas à maîtriser leur fertilité, leurs enfants en pâtissent également. Ces problèmes ne concernent pas seulement les femmes, ce sont des freins au développement de l’Afrique a l’heure actuelle par notre conviction.
LES FEMMES DANS LES RÔLES DE CITOYENNES ET DE DIRIGEANTES
Les femmes dans certains pays assument déjà des responsabilités de premier plan — au sein de leurs familles, dans leurs communautés et dans la société civile, ainsi que dans la fonction publique et en politique. En temps de conflit, elles sont souvent la voix de la réconciliation. En temps de paix, leur présence dans les institutions locales et nationales rend celles-ci plus représentatives de l’étendue de la société africaine. Pourtant, de nombreuses Africaines vivent encore selon des systèmes de valeurs traditionnels et sont soumises à une législation obsolète qui les considère comme des citoyens de catégorie inférieure et empêche leur voix de se faire entendre vraiment dans les instances dirigeantes des sociétés africaines. Nous sommes convaincus que le statut de la femme a des racines culturelles profondes qui sont par nature lentes à changer. Or, nous sommes également convaincus qu’en promouvant, chez les femmes, la citoyenneté, le droit à la parole et l’accès aux responsabilités, on peut créer des sociétés africaines plus dynamiques, et des institutions plus résistantes et plus réactives. Notre plus grand souci est de faire en sorte que les positions, les décisions et les actes que peuvent posés les femmes ne soient pas une arme contre elle-même. Il y a déjà des avancées considérables car tous les pays africains reconnaissent le principe de non-discrimination dans leurs constitutions. Tous, sauf deux, ont ratifié les conventions internationales interdisant la discrimination contre les femmes. Le Protocole de Maputo sur les droits de la femme en Afrique, qui a été signé par 46 pays, est une garantie globale des droits des femmes à l'égalité sociale et politique. Bien que ceci se voit comme une avancée, nous savons également que les exceptions au principe de non-discrimination sont très fréquentes dans les constitutions et les législations africaines. Dans des domaines tels que les biens matrimoniaux, les successions, la propriété foncière et le travail, les femmes ne sont pas considérées comme des citoyens à part entière. On compte 9 pays dans lesquelles une femme mariée ne peut pas demander un passeport comme le fait son mari, et 15 pays où une femme mariée n’a pas la liberté de choisir son lieu de résidence. Dans 35 pays, les femmes mariées sont obligées par la loi d’obéir à leur mari. Les lois formelles sont renforcées, ou dans certains cas sapés par des pratiques traditionnelles et des normes culturelles qui maintiennent la femme dans les conditions de subordination par rapport à l’homme. Les règles du droit coutumier qui régissent le mariage, la succession et le droit de propriété sont souvent formellement exonérées des dispositions antidiscriminatoires
Présentes dans les constitutions nationales. Il en résulte que la participation de la femme aux activités sociales et économiques continue régulièrement de faire l’objet d’une médiation par leurs maris et leurs pères.
La plupart des lois régissant la vie économique des pays africains sont neutres en matière de genre. Elles présument que toutes les parties sont libres de conclure des contrats, de voyager et d’accéder aux marchés, de détenir des biens et de contrôler leur propre patrimoine. Dans la pratique, ce n’est pas toujours vrai. Selon les dispositions de la loi ou en vertu de la réglementation coutumière, ce ne sont souvent que les hommes chefs de famille qui sont autorisés à conclure des contrats. Les hommes peuvent aussi exercer un contrôle exclusif sur les finances des ménages — même si leurs partenaires contribuent de manière égale aux revenus.
DES REFORMES LEGISLATIVES PEUVENT ASSEZ RAPIDEMENT STIMULER LA PRODUCTIVITE DES FEMMES.
Les réformes législatives favorables à l’égalité de genre peuvent avoir un impact significatif, à la fois sur le statut des femmes dans la société et sur leur productivité. Nous basant du cas de l’Ethiopie qui en 2000 avait introduit une série de réformes dans son droit de la famille, relevant l’âge minimum du mariage pour les femmes, supprimant la capacité du mari à interdire à sa femme de travailler à l’extérieur, et exigeant le consentement des deux conjoints pour l’administration des biens matrimoniaux. Nous voyons que cette réforme est aujourd’hui appliquée dans l’ensemble du pays, mais elle a d’abord été mise en vigueur dans trois des neuf régions de l’Éthiopie. Une étude menée cinq ans plus tard a permis de constater que les trois régions pilotes étaient très en avance en termes de participation des femmes au marché du travail et de leur niveau de compétences professionnelles.
Il est prouvé que les droits juridiques formels des femmes conditionnent leur capacité à passer de l’emploi non salarié à un entrepreneuriat plus substantiel. Partout dans le monde, la proportion des femmes chefs d’entreprises, par rapport aux femmes travailleurs indépendants, est beaucoup plus élevée dans les pays où les droits économiques des femmes sont mieux affirmés.
La discrimination en matière de droits de propriété peut être une source de vulnérabilité aiguë pour les femmes vivant dans des communautés pauvres. Dans de nombreuses sociétés africaines, les femmes engagées dans des mariages coutumiers non officialisés peuvent être répudiées au gré du désir de leurs maris. En cas de divorce ou de veuvage, elles, avec leurs enfants, peuvent être dépossédés de la propriété familiale et réduits à une pauvreté extrême.
LA RELEVE DE L’ECONOMIE AFRICAINE DANS LA FEMME
Le continent africain est doté d’abondantes ressources naturelles mais aussi humaines et culturelles. Néanmoins, ses habitants demeurent pauvres et ce sont les femmes africaines qui sont le plus durement touchées par la pauvreté. La cause de leur pauvreté tient partiellement aux inégalités sociales et au manque d’opportunités auxquels elles sont confrontées du simple fait qu’elles sont des femmes. Bien que l’inégalité entre les sexes existe dans la plupart des sociétés du monde à des degrés divers, les effets dévastateurs combinés de la pauvreté, de la discrimination et du manque d’opportunités affectent les femmes africaines de multiples façons, depuis leur situation économique (montants des revenus, droits d’accès à la propriété, possibilités de financement), jusqu’à leur bien-être (accès aux services de santé et à l’éducation), en passant par leurs aspirations à vivre dans de meilleures conditions. L’Afrique dispose aussi d’un énorme potentiel inexploité. Elle possède, en particulier, des réserves de croissance cachées au niveau de son capital humain, surtout féminin. Les femmes africaines doivent être activement et plus efficacement engagées dans la vie économique, sociale et politique. Une extension du droit foncier et du droit de propriété des femmes, une gouvernance économique intégrant le principe d’égalité des sexes, un soutien international plus efficace pour l’égalité des sexes et un meilleur accès aux investissements et aux opportunités commerciales constituent autant de moyens essentiels de promouvoir l’émancipation économique des femmes en Afrique et par conséquent autant de facteurs favorable à l’accélération de la croissance et du développement ainsi qu’à la réduction de la pauvreté sur le continent.
Les budgets influencent le niveau global des revenus et de l’emploi d’un pays et reflètent aussi les priorités politiques d’un gouvernement concernant les dépenses publiques. Il s’agit d’un puissant outil de promotion de l’égalité entre les sexes dans le cadre du développement national. En garantissant que les budgets sont planifiés, approuvés, appliqués, surveillés et contrôlés de façon égalitaire, une budgétisation qui intègre le principe d’égalité entre les sexes vise à généraliser la perspective paritaire dans les finances publiques. Cela suppose que les politiques soient évaluées en termes d’impact paritaire et que les allocations budgétaires soient destinées à réduire les inégalités entre les sexes. Par conséquent, une budgétisation égalitaire contribue ainsi à garantir que les choix effectués en matière de financement public servent des besoins paritaires et à vérifier la réalisation des objectifs et des engagements politiques. En garantissant un suivi de la façon dont l’argent est dépensé, la budgétisation égalitaire contribue à accroître la responsabilisation et la transparence, et par là même une bonne gestion économique globale. Elle permet également de responsabiliser les gouvernements par rapport aux engagements qu’ils ont pris vis-à-vis des femmes. Désormais, plus de 60 pays dans le monde ont adopté une budgétisation égalitaire, la plupart en Afrique, une très bonne chose déjà.
L’APERCU DU TRAVAIL DES FEMMES AU CONGO D’HIER A AUJOURD’HUI
Le travail des femmes au Congo, tout comme dans le reste de l’Afrique Subsaharienne d’ailleurs, procède certainement d’une très longue histoire. Ne dit-on pas encore aujourd’hui en Afrique que « le travail des femmes ne cesse jamais » ? Au cours des siècles précédents, la plupart des explorateurs qui en ont fait mention en ont aussi signalé la pénibilité. Parlant du travail des femmes dans son ouvrage « Les femmes bantoues au XXe siècle », Michel Massoz rapporte que 6deux voyageurs européens explorant l’Afrique centrale, l’un au XVIIe siècle et l’autre au XIXe, ont parlé d’une division sexuelle des tâches clairement défavorable aux femmes, ces dernières devant en assumer la majeure partie. Durant la colonisation belge, le travail effectué par les femmes dans les milieux traditionnels fut parfois quasiment assimilé à un travail d’esclave, que ce soit par son intensité ou par le peu de considération que semblait lui accorder la société. Le fait que des esclaves hommes aient pu être astreints à effectuer un travail de femme - travail qu’un homme libre aurait immanquablement refusé - renforçait cette idée chez les observateurs extérieurs.

Si éprouvant qu’ait pu paraître le travail féminin dans la société traditionnelle congolaise, il doit d’abord être appréhendé dans le cadre des valeurs culturelles qui fondent cette société. En admettant que le travail puisse dans certains contextes et selon certaines circonstances procurer à un individu les moyens de devenir autonome, cet objectif était-il envisageable pour les femmes évoluant dans le milieu traditionnel précolonial congolais ? Le contact avec des civilisations porteuses de valeurs différentes, puis la domination coloniale belge, en modifiant le contexte politique, social et économique, ont aussi contribué à changer la condition féminine, et par conséquence la dynamique autonomisation/exploitation des femmes.
En faisant un petit tour dans le passé, en fait, ces femmes dont la contribution économique et le travail s’avéraient indispensables, que faisaient-elles ?
Les peuples du Congo ne formaient pas une société monolithique. Il existait entre ces derniers des différences réelles, d’environnement, de climat, d’organisation politique, sociale et économique, de système de parenté, etc. Des sociétés lignagères sans État aussi bien que des sociétés organisées en empire ont vu le jour dans l’ancien Congo. Mais quasiment toutes avaient une base agraire.
En effet, ces sociétés combinaient à divers degrés et selon les possibilités de l’environnement l’agriculture avec l’élevage, la pêche, la chasse et/ou la cueillette. Il s’agissait généralement d’une économie d’autosubsistance avec une accumulation relativement faible. Néanmoins, il existait d’autres activités comme l’artisanat qui comprenait la poterie, la vannerie, le tissage et la teinturerie, la métallurgie, la sculpture, etc. Il y avait également la médecine ou peut-être même la sorcellerie, quoique cette dernière pratique appartienne à une catégorie particulière et pourrait à elle seule faire l’objet d’études multiples. Il faut, bien entendu, évoquer le commerce qui s’exerçait dans les marchés locaux ou interrégionaux. L’agriculture restait toutefois à la base de l’économie congolaise traditionnelle, or cette agriculture constituait en quelque sorte le domaine d’action féminin par excellence. De ce fait, il y avait une sorte de correspondance entre la fécondité de la terre et la fécondité de la femme, l’une conditionnant l’autre. Dans le Congo traditionnel, il existait une division sexuelle du travail assez marquée, même si elle n’était pas absolue. Plusieurs facteurs jouaient certainement à ce niveau. Le dimorphisme sexuel d’abord, la faiblesse relative des femmes semblant leur interdire certaines activités aux yeux des populations concernées. Ensuite, une vision du monde selon laquelle les deux sexes se complétaient dans tous les domaines de la vie et avaient une œuvre spécifique à accomplir dans le monde. Il fallait alors respecter cet équilibre. Pour des raisons culturelles, des raisons religieuses, ou tout simplement de prestige, la femme ne faisait pas le travail de l’homme ni l’homme celui de la femme. Pour l’agriculture, alors que l’homme se livrait au défrichage des terres à labourer et à leur préparation – en somme les travaux lourds exigeant de la force physique et nécessitant parfois de se déplacer dans des régions sauvages, des zones encore en friche pour ouvrir de nouveaux champs à l’activité humaine – la femme s’occupait ensuite des semailles, de l’entretien et de la récolte. En dehors de cela, elle pouvait se livrer à l’artisanat, notamment la poterie, la vannerie, la teinture du tissu. Il n’y avait pas de règle absolue quant au partage de l’artisanat entre hommes et femmes. Disons simplement que là où les femmes tissaient, les hommes ne le faisaient pas. Là où elles faisaient de la poterie, leurs compagnons travaillaient dans un autre domaine, etc. La femme s’adonnait parfois à l’élevage de volaille ou de petit bétail ; elle pouvait aussi faire du commerce à petite distance, dans les marchés locaux.
Nous sommes entrés en connaissance avec une population de la RDC pour un peu chercher à savoir toujours la cause de l’inégalité de façon globale, ils se nomment « BASHI », un peuple vivant dans l’est de la République démocratique du Congo, région du pays permettant l’élevage de bovins, on note que la femme ne peut ni posséder de vache, ni même pratiquer l’élevage, sinon comme auxiliaire du chef de famille. Pour des raisons pratiques, la femme n’étant pas en mesure de défendre les armes à la main ce bien précieux qu’était le gros bétail, et aussi pour des raisons culturelles, la femme étant considérée comme impure à certaines périodes de sa vie.
7 Sinon, la femme assurait la totalité des tâches domestiques – souvent réparties entre les femmes et les filles de la maisonnée – la récolte de bois ainsi que le portage de l’eau. Dans la maison il lui fallait s’occuper du ménage et de la préparation des repas. Elle était également responsable des soins et de l’éducation des enfants. La paresse est l’une des pires choses que l’on peut reprocher à une femme. Le rapport que le Congo – alors encore nommé Zaïre – a soumis à la CEDAW – Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination against Women – le 10 février 1997, mentionne le fait que la femme dans la société traditionnelle est d’abord considérée dans son rôle de mère, d’éducatrice et de dispensatrice de soins. Elle est la gardienne des valeurs et des traditions en plus de son travail aux champs, elle a la charge de tout ce qui concerne la bonne marche de la maisonnée.
DE L’AUTONOMIE FONDAMENTALE DE L’ETRE-FEMME POUR UNE PARITE QUI VEUT REUSSIR
Si nous devons admettre que l’autonomisation d’un individu repose en partie sur une base matérielle, c’est-à-dire sur la possibilité qu’a ce dernier d’accéder, et/ou de contrôler les ressources disponibles dans son environnement, que ce soit par son travail ou d’une autre manière, alors l’on peut considérer que la femme congolaise parait disposer d’une bonne base pour asseoir son autonomie. Cependant, il ne faut pas oublier le contexte général dans lequel cette femme évolue. Son statut en tant que femme, sa place et son rôle au sein de sa famille et de la société, pèsent également de tout leur poids dans la maîtrise de sa destinée.
La condition féminine congolaise a toujours été – et est encore aujourd’hui – multiple. Les possibilités matérielles offertes par l’environnement, notamment au niveau régional, les différences culturelles entre les ethnies, et, au sein de la même communauté, les différences d’âge ou de statut social font qu’il n’y a pas une Congolaise-type. Pour ne citer que ces deux exemples, si chez les BASHI, le simple fait d’être une femme semble constituer un obstacle pour atteindre une position d’autorité, les sociétés matrilinéaires du sud de la République démocratique du Congo ont souvent accordé une place importante à leurs femmes ou à certaines d’entre elles, notamment au niveau politique.
Cependant, plusieurs traits fondamentaux réunissent ces femmes par-delà leurs particularités et c’est à partir de ces derniers que l’on peut élaborer une image, certes partielle, de la femme congolaise. Au niveau métaphysique et culturel, il faut noter que chez les peuples congolais – et plus largement chez les peuples bantu – le masculin et le féminin sont fondamentalement complémentaires. Cela signifie clairement que l’un ne peut advenir en dehors de l’autre dans la perpétuation du monde matériel et, au sein de ce dernier, que l’un a besoin de l’autre dans le maintien de la vie. De par ses caractéristiques propres, chacune de ces deux catégories y contribue. Deux mythes luba permettent d’illustrer cette complémentarité du masculin et du féminin dans l’ordre du monde. Le premier mythe raconte que le Créateur avait voulu détruire les hommes après que le premier d’entre eux ait commis une faute. Mais craignant de voir disparaître toute vie, Il forma la femme afin que la vie puisse se perpétuer, même si l’homme venait à disparaître. Le second mythe raconte que Dieu, ayant fait surgir le monde du néant, y plaça le premier couple humain. La femme se présenta ainsi : « Je suis un être femelle destiné à produire », et l’homme répondit : « Je suis un être mâle destiné à bâtir ». Il a souvent été reproché aux trois religions abrahamiques, religions révélées et monothéistes, à savoir le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam, d’avoir écarté le féminin du sacré. Selon les interprétations les plus fréquemment admises du mythe de la Genèse qui leur est commun, le masculin est d’emblée posé comme un absolu dont dériverait le féminin, ce dernier lui étant relatif et subordonné. Même si une telle vision est de plus en plus remise en cause par quelques théologiens, c’est cette image d’un féminin conçu comme un masculin dégradé qui s’est imposée. Les deux mythes luba cités plus haut délimitent également les « champs de compétences » attribués à chaque sexe. Tandis que la femme affirme son pouvoir (pro)créateur à travers le corps qui enfante et les mains qui travaillent la terre, l’homme affirme son pouvoir d’organiser et de transformer la matière. Ainsi, la femme est-elle source de vie. Son corps est le lieu où les âmes appelées à s’incarner prennent chair et viennent au monde. La femme est d’abord et avant tout perçue comme la mère dont la première fonction est de nourrir les siens.
8 En fait, la femme possède une identité propre qui se reflète dans bon nombre de pratiques sociales. Ainsi, la socialisation des enfants, les rites d’initiation qui conduisent peu à peu ces derniers vers l’âge adulte sont-ils fortement sexués. Cette socialisation selon le sexe demeure souvent à l’âge adulte. Par leurs activités respectives, hommes et femmes constituent des groupes distincts. Tandis que la femme gère l’espace privé, l’espace familial, l’homme gère la sphère publique, que ce soit au niveau social ou au niveau politique. On peut également souligner ce fait : dans le mariage, la femme conserve son identité. Elle garde son nom et continue d’appartenir à sa famille et à son clan d’origine.
Là encore, une petite comparaison avec sa sœur occidentale peut se révéler intéressante. En effet, cette dernière perd par mariage son nom, parfois même son prénom, et ne forme plus, si elle est chrétienne, qu’une seule chair avec son mari. L’imposition d’un droit civil d’inspiration occidentale a peu à peu introduit cette pratique chez les Africains, surtout dans les villes. On peut cependant constater l’amorce d’un mouvement inverse dans le monde occidental où les femmes conservant leur nom après leur mariage ne sont plus si rares, même si elles restent une minorité. Avec ces quelques exemples, on peut voir apparaître en filigrane une sorte d’autonomie fondamentale de l’être femme. La femme existe avec l’homme, elle se tient à ses côtés, et forte de ce qu’elle est, contribue ainsi au maintien et à l’équilibre du groupe auquel elle appartient.
LES FEMMES CONGOLAISES ET LA PROPRIETE PRIVEE
L’importance du travail féminin dans la société traditionnelle étant clairement établie, qu’en était-il de l’accès aux moyens de production, du droit d’en disposer du fruit, et plus généralement, de l’accès aux ressources par les femmes ? La terre, base de la production économique de la plupart des sociétés congolaises traditionnelles ne pouvait pas faire l’objet d’une appropriation privée individuelle. Le droit d’usage d’un sol appartenait à titre collectif à un clan ou un lignage dont les aînés décidaient de l’attribution des lots à cultiver entre ses membres. Les modalités de cette attribution variaient sans doute dans l’espace et dans le temps, mais c’est dans ce cadre-là que les femmes avaient accès aux champs qu’elles travaillaient. Elles ne pouvaient, à l’instar des hommes d’ailleurs, en être propriétaires, mais contrairement aux hommes, elles ne pouvaient que très rarement en avoir le contrôle. Le produit de leur travail appartenait en théorie à celui – père, oncle maternel, mari – qui avait autorité sur la femme, mais en pratique cette dernière pouvait disposer de tout ou d’une partie de sa récolte. Cette dernière cependant servait avant tout à l’alimentation familiale et il fallait en conserver et stocker une partie pour les semailles futures. La maison d’un couple appartenait en général au mari, et toujours en cas de résidence virilocale. Sinon, la femme pouvait être propriétaire de meubles, que ces derniers aient été achetés, donnés ou hérités. Les ustensiles nécessaires à son travail au sein du foyer lui appartenaient en propre, tout comme ses vêtements, ses bijoux, sa production artisanale, les animaux de son élevage (volaille, petit bétail). Cependant, le mari conservait une sorte de droit sur les bénéfices réalisés par l’artisanat ou le commerce de son épouse, surtout lorsqu’il avait contribué à la mise de fonds. La nécessité de verser une dot pour se marier, l’obligation pour l’époux de pourvoir à l’entretien et à l’habillement de son épouse, en plus de la mise de fonds initiale justifiait aux yeux des hommes cette appropriation des bénéfices issus du travail féminin. L’exemple vivant pour ce cas demeure chez le luba qui paie tribut à son mari sur sa production supplémentaire illustre très bien cette pratique.
MIGRATION DES FEMMES CONGOLAISES, D’UNE DEPENDANCE TRADITIONNELLE A UNE DEPENDANCE COLONIALE
De manière générale, la question d’une autonomie féminine ne se posait vraiment ni dans les anciennes sociétés congolaises, ni dans la société coloniale, chacune d’entre elles ayant, dans son contexte propre, gardé la femme sous tutelle masculine.
Les transformations majeures induites par la domination belge ont changé les paramètres de la dépendance féminine sans en remettre en cause le principe. Ainsi, en milieu traditionnel, le travail féminin, aussi indispensable qu’il ait été, n’offrait souvent à la femme qu’une autonomie relative. Le contrôle des moyens de production par les hommes, le droit de regard qu’ils avaient sur le fruit du travail féminin, et cela sans réciprocité, maintenaient les femmes en situation de dépendance. Cependant, l’inégalité sexuelle s’imbriquait dans d’autres inégalités ayant trait à l’âge, à la position au sein du clan et à la position de ce dernier au sein de la communauté, à l’activité exercée, etc. Comme dans d’autres sociétés humaines, certaines femmes ont sans doute pu acquérir une sorte d’autonomie à travers les institutions et pratiques favorables à leur sexe. De par la conception de la place et du rôle de la femme dans la famille et la société qu’avaient les Belges, ces derniers ont tenté de délégitimer le travail féminin au Congo sans parvenir à le faire disparaître. Ce faisant, ils ont fragilisé le statut de la femme en accentuant sa dépendance juridique et matérielle vis-à-vis des hommes de sa famille, spécialement son mari. Même si la colonisation belge après la seconde guerre mondiale se distingue par son paternalisme vis-à-vis des indigènes, l’homme, en tout cas dans les centres urbains, avait accès à la modernité, notamment par le travail. Les femmes par contre s’en voyaient refuser les clés. Cependant, les Congolaises vivant en milieu urbain expérimentaient un mode de vie où elles n’avaient plus à assumer les lourds travaux agricoles qui étaient le lot des femmes demeurées en milieu traditionnel. Il y avait en outre une promesse d’élévation du niveau de vie pour la famille. Sans compter le renforcement du lien conjugal. Les journaux de l’époque parlaient volontiers de ce que devraient être les relations entre mari et femme et en grandes parties ces journaux soutenaient bien sûr que l’homme était le chef du ménage à qui l’on devait obéissance et respect, mais il fustigeait les mauvais maris, les hommes violents, infidèles, ivrognes, etc. Au contraire, le bon époux conseillait sa femme et se souciait de suivre les devoirs de ses enfants. La femme de son côté devait se montrer douce et discrète. Le couple devait tâcher de résoudre ensemble les difficultés de la vie quotidienne. Sans préjuger de l’affection qui pouvait unir un homme et sa femme dans la société traditionnelle, le lien conjugal prend un nouveau relief dans le monde moderne. La vie dans les villes affaiblissant et/ou transformant le contrôle social du clan, voire de la communauté villageoise d’origine, a aussi permis la rencontre puis le brassage de diverses ethnies. Les femmes ont donc pu socialiser en dehors de leur groupe. Dans quelle mesure ce processus va-t-il contribué à la prise de conscience ultérieure que les femmes avaient des intérêts communs dépassant ceux de leur communauté ethnique ou régionale ?
AMENAGEMMENT DU TRAVAIL DES FEMMES

Avec la revalorisation de son statut au niveau juridique mais aussi avec l’évolution du contexte sociologie ainsi que des mœurs, le travail peut sans conteste prendre part à l’autonomisation de la femme congolaise et africaine, bien qu’il y a des régions encore hostiles a cette problématique. Au niveau matériel bien sûr, si la femme est en mesure de subvenir à ses besoins et/ou à contribuer à ceux de sa famille, qu’elle soit mariée ou célibataire. Pour peu qu’elle ait la possibilité de choisir quel travail elle veut faire et qu’elle conserve le contrôle de ses revenus, cela consolide l’assise sur laquelle repose son indépendance. Au niveau psychologique ensuite, la femme peut y gagner une assurance en même temps qu’une bonne confiance en ses capacités et compétences. Au niveau de la famille enfin, elle acquiert du poids dans ses relations avec son mari, ses enfants, et dans une certaine mesure, la parentèle élargie. Le travail offre aussi l’occasion aux femmes de participer à la vie publique et de sortir du cercle familial et communautaire, voire ethnique. Les anciens peuples congolais ne cloîtraient pas les femmes, sauf peut-être quelques hommes importants dans les populations vivant dans les régions ayant été en contact avec les Arabes. Ces personnages avaient en effet des harems dont les épouses sortaient peu, voire pas du tout. Cependant, les lieux de socialisations des hommes et des femmes restaient distincts et c’est les hommes qui organisaient la sphère publique. Dans les milieux conservateurs urbains, la bonne épouse ne sortait pas ou peu. C’était les « femmes libres » qui restaient hors de leur foyer. Aujourd’hui, avec le travail, les Congolaises ainsi que certaines femmes des pays africains affrontent le monde sans médiateur masculin. 9Le travail, même s’il n’en est pas l’unique moyen, permet ainsi aux femmes de se rencontrer et de prendre conscience au niveau collectif des difficultés qui les frappent en tant que groupe. Mais le travail des femmes s’organise d’abord au niveau juridique, et là aussi, dans le cas du Congo, à côté de dispositions légales reconnaissant le principe de l’égalité des sexes, les femmes souffrent encore de pratiques discriminantes. En outre, la maternité, mais aussi l’organisation de la vie familiale, la tenue du foyer repose encore largement sur les épaules des femmes. Ainsi, les textes législatifs régissant le monde du travail au Congo affirment clairement le caractère non discriminatoire de l’emploi. En fait, dans son article 2, le
Code du travail fait du travail un droit et un devoir pour chacun. L’exercice d’un métier devient en outre une obligation morale pour tous ceux qui sont en mesure de travailler. L’origine, du sexe et de l’âge des travailleurs, et à conditions égales de travail, de qualification professionnelle et de rendement. Et l’article 37 de la Convention collective interprofessionnelle nationale du travail dit clairement que « la femme jouit des mêmes droits que l’homme conformément aux dispositions légales et réglementaires ».
D’autres mesures doivent protéger la travailleuse congolaise dans sa vie professionnelle, comme la limitation du nombre d’heures de travail hebdomadaire à 48 heures, l’interdiction d’employer les femmes dans des zones dangereuses, celle du travail de nuit dans les usines et manufactures, ainsi que celle de soulever de trop lourdes charges à la main sur une base régulière, sauf – il est intéressant de le signaler – pour les récoltes dans le secteur agricole. Le Code du travail protège également le travail des femmes enceintes. Il faut aussi noter l’effort fait depuis les années soixante-dix pour syndicaliser les travailleuses congolaises, à travers notamment le BUPROF – Bureau pour les Problèmes Féminins. Mais au-delà de ce cadre juridique, comment s’inscrit le travail féminin dans la réalité congolaise ? Tout d’abord, il est clair que le Code du travail – et partant les mesures prises en faveur des femmes qu’il contient –, sans forcément ignorer le maintien de pratiques plus traditionnelles, est d’abord conçu pour encadrer une économie moderne, basée sur le salariat individuel inscrit dans un processus d’industrialisation et d’urbanisation. Les femmes les mieux intégrées à cette économie moderne ont sans doute pu gagner leur autonomie en même temps qu’elles servaient d’exemples et de modèles à d’autres femmes.

Pourtant, dans le monde du travail, les Congolaises ont rencontré et rencontrent encore de trop nombreux obstacles et discriminations. Et ces discriminations commencent tôt. En effet, c’est d’abord en amont, au niveau de ce que l’on attend de la fillette – femme en devenir – et partant de sa formation qu’apparaissent les premiers obstacles. La qualité et le niveau de la formation permettent d’intégrer plus facilement le monde de l’économie moderne et d’en gravir les échelons. Quasiment dépourvu de cadres universitaires – à peine une dizaine – à son indépendance, le Congo avait consenti un très gros effort dans l’éducation moderne, et l’augmentation générale des effectifs scolaires a été particulièrement importante chez les filles. Malgré cela, les femmes congolaises demeurent jusqu'à aujourd’hui moins scolarisées et plus touchées par l’illettrisme. Elles atteignent en moins grand nombre les niveaux secondaires et universitaires et celles qui y parviennent abandonnent ou interrompent plus fréquemment leur cursus. Enfin, les filles s’orientent majoritairement en pédagogie générale, lettres, sciences humaines, ou alors dans les sections commerciales et administratives. Dans les milieux modestes, surtout dans les zones rurales, il arrive en outre que les parents soient beaucoup moins enclins à financer les études d’une fille, cette dernière constituant parfois une main-d’œuvre d’appoint et participant presque toujours aux travaux ménagers. Traditionnellement on considère que l’homme, plus que la femme, est en mesure plus tard d’aider et de soutenir la famille, aussi choisit-on d’investir dans la formation du fils plutôt que de la fille. Sans compter que dans les ethnies patrilinéaires, la femme est censée produire pour le bénéfice du clan de son mari. Au niveau de la famille, la gestion du quotidien, les soins et la surveillance dus aux enfants, le ménage reste sous la responsabilité de la femme. À elle de s’organiser entre ses obligations familiales et professionnelles. Sans compter qu’il reste important d’obtenir le consentement du mari à l’exercice d’une activité économique. Et que penser de l’obligation faite aux femmes de suivre leur mari là où ce dernier décide d’installer sa famille ? Cette obligation peut peser dans la carrière de sa femme si celle-ci travaille. Sinon, même si certaines Congolaises ont pu faire de belles carrières, la plupart des femmes, mariées ou célibataires, ont globalement plus de difficultés dans l’accès à l’emploi, à l’avancement dans leur profession et elles souffrent de discriminations salariale malgré ce que prévoit le Code du travail. Ce constat, fait il y a vingt ans environ, se vérifie encore aujourd’hui. Le harcèlement sexuel constitue également un problème que certaines travailleuses congolaises doivent affronter, que ce soit pour obtenir un emploi ou une promotion. Au-delà d’une question de pouvoir où le plus fort exploite sexuellement la plus vulnérable, ne faut-il pas voir dans ce phénomène une assimilation de la femme qui sort pour travailler à la « femme libre » des années cinquante qui rencontraient les hommes dans les bars, tandis que les « bonnes » épouses restaient à la maison ? Il y a une sorte d’ambiguïté dans le regard porté sur le travail féminin dans la mentalité congolaise. Vu de manière positive, le travail permet aux femmes de gagner de l’argent et d’avoir une certaine autonomie matérielle pour les célibataires, les divorcées ou les veuves, qu’elles aient ou non des enfants. Pour les femmes mariées, il s’agit d’aider la famille, mais dans leur cas, cet apport financier a pendant longtemps été considéré comme un salaire d’appoint tandis que le revenu principal restait à la charge de l’homme. Il faut néanmoins souligner la responsabilité directe de la femme dans le bien-être matériel et psychologique de ses enfants. C’est souvent au nom de ces derniers que l’épouse se lance dans une activité économique quelconque. Dans le Congo d’aujourd’hui ne dit-on pas que « les mères « garantissent le repas » ? Dans la culture congolaise, le mariage n’a jamais signifié la séparation totale de la femme de son lignage d’origine, que ce soit dans les ethnies matrilinéaires ou patrilinéaires. Elle conserve un devoir d’assistance vis-à-vis de sa famille à elle, même si ses premiers soins sont désormais dévolus au foyer qu’elle a créé. Dans les familles où le mari est le seul à amener de l’argent, l’aide que l’épouse souhaite apporter aux membres de son propre lignage dépend alors du bon vouloir de son conjoint. Ce dernier facteur joue également dans la recherche d’une certaine autonomie financière de la part des femmes, surtout dans un contexte de paupérisation où la solidarité au niveau de la famille élargie reste une assurance face à la dureté de la vie. Enfin, au niveau familial aussi bien qu’au niveau national, il y a eu une sorte de fierté des Congolais de voir que les femmes du pays pouvaient avoir un bon métier et exercer d’importantes responsabilités. Les craintes suscitées par le travail féminin au Congo se basaient par contre sur :
1. le risque pour la femme de négliger mari et enfant(s), soit du fait d’une charge de travail trop grande, soit tout simplement par carriérisme ;
2. l’obligation de se déplacer parfois loin du domicile familial, ce qui pendant longtemps a été difficile à accepter pour les Congolais;
3. le risque de vagabondage sexuel du fait de la possibilité de rencontrer d’autres hommes, et dans un registre plus sinistre, le risque de subir le harcèlement sexuel d’un collègue ou d’un supérieur ;
4. la possible insoumission d’une femme gagnant son propre argent, surtout si ce revenu se révèle supérieur à celui du mari. Ce dernier point illustre sans doute mieux que tous les autres la capacité du travail, même le plus modeste, d’amorcer un processus d’autonomisation de la femme congolaise.

FEMMES DANS L’ECONOMIE MODERNE : UNE RÉALITÉ
L’entrée des femmes dans le secteur économique moderne et formel s’est donc effectuée très lentement durant la dernière partie du XXe siècle et ses effets ne se sont vraiment fait sentir qu’une dizaine d’années après l’indépendance, dans la foulée de l’accroissement de l’accès à l’enseignement pour les filles. Les femmes sont peu à peu entrées dans la fonction publique comme dans le secteur privé. Certaines d’entre elles ont même exercé des fonctions politiques. Les femmes sont devenues enseignantes, infirmières, pharmaciennes, secrétaires, journalistes, juristes, cadres, hôtesses de l’air, vendeuses, caissières, ouvrières, etc.
En fait, la main-d’œuvre féminine se retrouva – et se trouve encore – volontiers dans les domaines de l’éducation, des soins, d’assistance ou de représentation. Pour ce qui est des trois premières catégories, il y a là, une certaine continuité dans les fonctions traditionnellement dévolues aux femmes. Cependant, même dans les domaines qu’elles privilégient, le nombre de femmes a tendance à se réduire au fur et à mesure que l’on monte dans la hiérarchie. Ainsi, dans l’enseignement où elles sont entrées en masse, les femmes demeurent nombreuses dans l’enseignement maternel ou primaire mais sont extrêmement rares au niveau de l’université. Il faut souligner que si la législation congolaise ainsi que le Code du travail reconnaissent l’égalité des sexes, certaines dispositions expriment dans un contexte juridique, le souci de préserver la famille et de ne pas sacrifier cette dernière sur l’autel du travail féminin. La reconnaissance de la qualité de chef de famille de l’homme ainsi que le fait qu’une femme mariée ait besoin de l’accord de son conjoint pour exercer une activité professionnelle, ouvrir un compte bancaire ou obtenir une licence commerciale illustre bien cette volonté d’inscrire l’activité féminine dans le cadre de la communauté familiale plutôt que dans une perspective individuelle.
VERS UNE LIBERATION DES MENTALITES
l’heure où nous sommes, celle de la mise en œuvre de l’objectif de parité, quelles sont les évolutions possibles qui peuvent être anticipées concernant la place des femmes dans la société Africaine ? Compte tenu des tendances et résistances à l’œuvre, et à considérer la situation dans d’autres pays, quatre scénarios contrastés peuvent être ébauchés.
-La guerre des sexes. C’est là une configuration qui peut émerger si les résistances au changement se perpétuent. Face à l’immobilisme et à une politique d’évitement, l'exacerbation des revendications en faveur des femmes peut prendre la forme d’un nouveau communautarisme agressif, décrétant le cas échéant une différence d’essence entre les genres. La loi serait alors considérée comme une arme juridique réactive davantage que comme une avancée positive. S’ensuivrait une méfiance généralisée dans les rapports entre les femmes et les hommes comme on peut parfois l’observer dans beaucoup de régions. Si la place des femmes dans la société s’étendait, ce serait donc davantage par la force que par l’assentiment général. L’animosité animerait les deux sexes, et les mentalités traditionalistes risqueraient de s’exacerber pour longtemps. Il y a là le risque d’un cercle vicieux contre-productif, procédant des pesanteurs de la société et de l’incommunicabilité.
-Le statu quo. Dans cette hypothèse, la place des femmes ne change plus significativement. Les réformes juridiques ne s’accompagnent pas de la représentation des femmes escomptée, à la fois au plan politique et dans le monde du travail. Le volontarisme politique échoue à entraîner dans son sillage un changement notable dans les représentations. L’égalité formelle est jugée garantir de façon suffisante les inégalités de fait les plus criantes. L’affirmative action est un thème que l’on considère de plus en plus comme un extrémisme déplacé. La progression de la place des femmes dans la société ne se fait que marginalement et nombre d’inégalités et de discriminations subsistent, notamment aux postes de décision.
-Le retour de la femme au foyer. Cette hypothèse, qui signifie un retrait progressif des femmes du marché du travail, n’est peut-être pas qu’un cas d’école. D’aucuns, comme Francis Fukuyama par exemple, dans The Great Disruption. Human Nature and the Reconstitution of Social Order, 10présagent un recentrage autour des valeurs familiales, comme si le genre humain (en particulier la femme) y était naturellement porté, et qu’une dynamique cyclique de retour à un « ordre social » était à l’œuvre. Refuser le jugement de valeur implicite qui peut se cacher dans ce propos n’empêche pas d’envisager la survenue d’une tendance à l’inflexion du taux d’activité des femmes, qui aurait éventuellement partie liée avec un nouveau rapport au travail et à la famille. Il est d’ailleurs loisible d’observer un tel phénomène en Scandinavie, où le taux d’activité féminin, qui a déjà atteint un niveau sensiblement proche de celui des hommes, tend à décroître légèrement. Mais, à l’examen du processus passé de libération des femmes, il y a fort à croire, si le cas se présente un jour, qu’il s’agira davantage d’un choix assumé que d’un retour imposé du partage sexué des tâches. Évolution des mœurs et partenariat. On envisage ici que les mentalités et les mœurs évoluent progressivement pour aboutir à une indifférenciation croissante entre les rôles et statuts des hommes et des femmes. L’objectif formel de parité, qui constitue d’abord une contrainte pragmatique que certains réprouvent au nom de l’universalisme républicain, devient bientôt superfétatoire car il permet d’engager une dynamique favorable à la représentation des femmes, et de banaliser dans les esprits l’égal accès des sexes aux différents postes et rôles sociaux. Cette éventualité favorable prend la forme d’un processus auto réalisateur. Corrélativement, les diverses formes de sexisme sont de plus en plus stigmatisées, sans que règne un quelconque climat de défiance rivale entre les sexes. Les effets de générations contribuent à ce changement social ; à terme, femmes et hommes sont traités à égalité dans la sphère publique, et la division du travail selon les sexes n’existe pratiquement plus. La nouvelle place des hommes dans l’éducation des enfants peut rompre la reproduction de la domination sexuée.
APPROCHE RELIGIEUSE DE LA QUESTION DE LA FEMME
LA PLACE DES FEMMES DANS LE CHRISTIANISME

Tout au long des siècles, la problématique des femmes dans l’Église renvoie à la place de la femme dans la société. Si l’Institution a pu paraître plus conservatrice que progressiste, il n’en est pas moins vrai que la femme a toujours eu une place dans l’Église mais inégale en fonction des domaines (particulièrement dans le domaine liturgique). C’est sans aucun doute à la suite du concile Vatican II que la femme a pu s’affirmer dans des rôles plus importants et notamment dans le domaine de la théologie et de la transmission de la foi ; soit en ayant accès à l’enseignement de la théologie en tant qu’enseignante, soit en ayant en responsabilité la mise en œuvre de la catéchèse. Elles font également partie de nombreux conseils paroissiaux et épiscopaux. Nous avons bien observé dès le début de son pontificat le pape François a réaffirmé le rôle « primordial, fondamental » des femmes. Le Vatican envisage même aujourd’hui d’appuyer la nomination de femmes à certains postes clés au Saint-Siège. Un certain courant féminin revendique le droit à plus de responsabilités dans la gouvernance de l’Église, le droit de prêcher et le droit d’accès au diaconat. C’est dans cette mouvance que le « Comité de la jupe », association fondée en 2009 par Christine Pedotti et Anne Soupa, verra le jour. Cette association se prononce pour l’égalité femmes-hommes dans l’Église et défend la place des femmes et des filles dans l’Église. En tant qu’observateurs, nous voyons que dans l’Église depuis longtemps, les croyants ne revendiquent pas forcément l’égalité pour tout au sein de l’Institution. Nous ne croyons pas qu’il s’agisse d’une question de capacité car il est évident que les femmes seraient capables d’avoir plus de responsabilités au sein de l’Église ; ni d’un problème de supériorité et d’infériorité. Il s’agit plutôt de pouvoir gérer la différence et la complémentarité. Chacune doit pouvoir trouver sa place, certes, mais sans pour cela vouloir automatiquement la place des hommes. Les femmes sont très présentes dans l’Église et beaucoup plus nombreuses que les hommes et nous pensons que cela effraye le pouvoir masculin qui pourrait se sentir menacé. A notre humble avis l’Église évolue (peut-être trop lentement pour certains et certaines !) dans le bon sens, celui de l’ouverture. Mais après tout est-elle si différente de l’organisation de la société civile ? »
Dans la société juive ancienne, le statut de la femme n’était pas très enviable car les lois juives sont très sévères envers elle. Le père a un pouvoir absolu sur sa famille et particulièrement sur ses filles qu’il marie et donne comme il veut, il peut même les vendre s’il le désire. Quand la femme juive se mariait, la tutelle était transférée à son mari et elle faisait désormais partie de son patrimoine au même titre que la maison, l’esclave et l’argent
LA PLACE DES FEMMES DANS L’ISLAM

De la même façon pour les musulmans, nous avons fait une petite une étude qui globalise cette problématique et nous avons vu que les différentes traductions du Coran au cours de l’histoire et leur application selon les pays donnent des places très différentes à la femme. Dans le Saint Coran, « les femmes sont les sœurs germaines des hommes ». Elles ont spirituellement la même place que celle de l’homme. « En vérité, Je ne laisse pas perdre l’œuvre de celui qui agit bien qu’il soit homme ou femme. Vous êtes issus les uns des autres. » Le Coran dit, par exemple, au sujet de l’égalité des hommes et des femmes : « Quant à elles, elles ont des droits équivalents à leurs obligations, conformément à la bienséance. Mais les hommes ont un degré sur elles » qui peut être interprété différemment. Le degré est « celui de la responsabilité de la famille et des soins qui lui sont dus ». Pourtant, certains courants islamiques définissent le statut des femmes comme l’inférieure de l’homme, notamment dans le régime matrimonial, l’héritage, le code vestimentaire, l’éducation ou encore les droits civiques. En reprenant le même verset « les hommes ont un degré sur elles » devient « les hommes ont une prédominance sur elles » ou une « prééminence » donnant ainsi droit aux fils d’hériter plus que leurs sœurs (au fils une part équivalente à celle de deux filles), au mari des droits sur sa femme (la corriger, s’abstenir d’avoir des relations sexuelles avec elle, la considérer comme un bien).
LA PLACE DES FEMMES DANS L’HINDOUISME

Il n’est pas conseillé de naître femme dans cette religion non plus. Une fille est une charge pour la famille, il faut la marier et la doter pour qu’elle puisse suivre la famille du mari et faire des enfants. La dot représente des années d’économies pour les castes inférieures. La place des femmes dans l’hindouisme est complètement dépendante du texte, dont cette religion déborde. Et nous avons constaté que dans certains textes, la femme a une place réduite et elle se doit de vénérer son époux comme Dieu principal, dans d’autres, elle tend vers un idéal et doit être respectée comme sa propre mère.
LA PLACE DES FEMMES DANS LE BOUDDHISME

Déjà avec l’étude des certains textes religieux, il y’a des barrières énormes que nous pouvons même dire hostiles seulement envers les femmes on dirait seules elles étaient ouvertes au péché. Bouddha dit : « Je sais les femmes trompeuses et fausses. Elles sont mobiles comme la flamme de l’éclair et leur conduite est inextricable. » Et quand Ananda le disciple demande au maître : « […] comment faut-il nous conduire à l’égard des femmes ? » Le maître répond : « Il faut éviter leur vue… Il serait meilleur et plus sûr d’engager une conversation avec un homme qui, sabre à la main, menacerait de vous couper la tête. Méchantes, Ananda, sont les femmes ; jalouses… envieuses… stupides… » Bouddha, en réponse aux femmes qui, par trois fois, sont venues le supplier de devenir religieuses, finit par céder après avoir fixé huit règles strictes qui les subordonnent entièrement aux hommes. Et il aura toujours l’impression d’avoir fait une erreur en les acceptant.
LA PLACE DES FEMMES DANS L’EGLISE PROTESTANTE

C’est un très grand stupéfait avec les premières analyses, la religion protestante plus ouverte aux femmes Depuis le milieu du XIXe siècle aux États-Unis, et en interrogeant l’histoire nous voyons qu’en 1920 en Allemagne et 1965 en France, les femmes ont la possibilité d’être pasteur, elles sont ainsi instruites à la religion protestante et peuvent exercer le ministère pastoral au même titre que les hommes. Le chef de l’Église anglicane est une femme : la Reine d’Angleterre. En France, le nombre de femmes pasteurs n’a cessé de croître pour tendre vers la parité aujourd’hui. Les pays scandinaves à forte dominante protestante luthérienne : la Finlande, la Norvège, le Danemark et l’Islande ont largement devancé les pays de tradition catholique pour le droit de vote des femmes.
LA FALSIFICATION AU NIVEAU DE L’HISTOIRE
Dans la Révolution française, si nous analysons des faits nous verrons que les grands hommes ont été des femmes. Mais comme il n’y a pas d’Histoire sans les historiens qui la racontent et que cette Histoire a été écrite par des hommes majoritairement et aussi suivant la renommée des auteurs, les femmes en ont été bannies, exclues. Quand elles s’y trouvent, c’est pour y être caricaturées : Manon Rolland est une intrigante, Olympes de Gouges une hystérique, Charlotte Corday une vierge sanguinaire, Théroigne de Méricourt une folle, Germaine de Staël un laideron lascif. Pourtant, la première histoire de la Révolution française se trouve écrite par une femme : Germaine de Staël qui va mourir en 1817 et, l’année suivante, paraissent en librairie ses Considérations sur les principaux événements de la Révolution française. Mais il n’en reste pas moins que l’histoire de la Révolution française reste une affaire d’hommes : Michelet ou Taine, Lamartine ou Tocqueville, Thiers ou Quinet, Jaurès ou Mathiez, Lefebvre ou Soboul… et toutes les femmes précédemment citées ne se retrouvent pas dans les livres d’histoire. Une femme, pourtant, se battra pour l’égalité des droits civiques pour les femmes : Olympe de Gouges, considérée comme une pionnière du féminisme français. Elle rédige, en 1791, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en transposant au féminin la Déclaration des droits de l’homme. Le marquis de Condorcet défend sa position : « Je crois que la loi ne devrait exclure les femmes d’aucune place…11 Songez qu’il s’agit des droits de la moitié du genre humain. » Il insiste sur l’importance d’une éducation égalitaire pour les deux sexes et pose la question du vote des femmes : « Rien ne devrait empêcher les femmes de voter. » Olympe de Gouges inaugure un siècle de luttes en faveur de l’égalité pour tous. Les femmes se révoltent, font des pétitions, revendiquent leur égalité politique, civile, professionnelle. Elles demandent pour les filles et les jeunes femmes un enseignement comparable à celui dispensé aux garçons, un égal accès à l’enseignement supérieur et l’égalité des chances par la formation. Elles exigent des solutions pour endiguer la mortalité en couches.
COMMENT LES DECISIONS, L’AGIR ET LE FAIRE DE LA FEMME, PEUVENT-ILS DEVENIR UNE ARME A DESTRUCTION MASSIVE POUR SON INTEGRATION DANS LA SOCIETE
Dès le début de cette si grande et importante réflexion, nous avons dit que la société est un espace déjà très mal fait pour bien avaler la question du genre. Il faut alors que les sexes féminins aient à l’idée de se battre jusqu’à la dernière énergie pour une victoire qui durera des siècles comme fut le cas des plusieurs siècles de l’oppression. Et le fait pour nous de balayer de façon vraiment générale les aspects culturels, historiques, sociaux, religieux et tant d’autre cités ci-dessus, c’est pour que la femme se batte en corrigeant les erreurs dans ses divers aspects primordiaux de la société, car il suffit de laisser certaines larves dans un aspect il y aura possibilité de la restauration du système patriarcat. Et nous savons lorsqu’un système se restore, il y’a des résistances encore très fortes. Les valeurs culturelles jouent un rôle fondamental dans l’équilibre des rapports sociaux et les relations de pouvoir entre hommes et femmes. Les rôles sexuels sont en effet définis et façonnés par la culture au sens large, à partir de laquelle se construisent les inégalités de genre et les normes sociales. La construction sociale du genre est un facteur fondamental de l’accès des femmes à la sphère politique et publique. Les femmes doivent se lever pour qu’elle ne devient plus un obstacle à la participation politique. Il sied pour nous de beaucoup insister surtout à la sphère politique car nous connaissons l’ampleur des décisions politiques pour la vie d’une société.
1. Les inégalités entre les sexes et la construction sociale des rapports sociaux de sexe La définition et l’attribution des rôles sexuels est un principe structurant de l’organisation économique, politique et sociale des sociétés. Les relations de genre varient selon les cultures et les contextes et jouent un rôle déterminant dans la formation de la famille, de la communauté et de la nation. Le genre, en tant que construit social, est source d’inégalités pouvant induire des rapports de subordination entre les sexes, et conduire à des pratiques discriminatoires envers les femmes. Raison pour laquelle les femmes de leur côté ne doivent pas agir vaille que vaille mais d’abord avoir une pensée critique sinon ce qu’elles appellent bonnes décisions peuvent devenir si vite des mauvaises au regard de la société. Ce déséquilibre dans les rapports sociaux et de pouvoir entre les hommes et femmes, est à la base de l’armature stratégique montée par différents agents de développement, pour une plus large participation des femmes à la vie des sociétés.
Les périodes de conflit et de reconstruction post conflit qui ont marqué l’histoire de la RDC par exemple, ont été des moments propices à la recomposition des rôles sexuels et des identités sociales, ouvrant des possibilités nouvelles en faveur d’une représentation accrue des femmes dans les institutions politiques. Le poids des coutumes et des normes sociales qui régissent les communautés congolaises a toutefois souvent limité la portée et l’effet des initiatives menées pour accroître la participation des femmes à la vie politique. Et donc à l’exception des bons esprits du sexe masculin qui pensent que l’intégration féminine permettra le décollage de la société, la femme doit elle-même être au front pour sa victoire mais aussi la réussite d’une bonne société ou il fait beau vivre. Nous pensons que si les pays du monde entier s’occupent réellement de la question de la femme de façon soigneuse et appropriée, ça sera le début du paradis terrestre car par le femme le monde vient existence et vit comme nous l’avons fait voir ci-haut. Le comportement politique féminin reste, dans une large mesure, façonné par l’héritage culturel des Africains, les acquis des normes sociales, depuis la période précoloniale, jusqu’à l’aube des processus démocratiques.
Alors que l’action politique est, de manière générale, vue comme l’apanage des hommes, les rôles assignés aux femmes par la société sont principalement ceux de l’épouse et de la mère au foyer, c’est pourquoi réussir ce premier pari par les femmes fera en sorte que leurs faire et agir soient couronnés de succès et pour que cela ne devienne pas aussi une arme contre elle-même. De ce fait, nous remarquons que les femmes sont impliquées dans la construction et la sauvegarde des normes qui les renvoient au destin de la féminité. Sur les 67 femmes interrogées au cours de l’enquête ne se caractérisant pas par un engagement politique ou social particulier, ont répondu que la politique était une affaire réservée aux hommes bien qu’étant dans les partis politiques, Asbl et les organisations de la société civile. C’est déjà un pourcentage qui fait ressortir le fait qu’une portion assez signifiante de femmes ne manifeste pas d’intérêt pour les activités ayant trait à la participation politique. 12Ces Femmes vivent majoritairement en milieu rural et ont un faible niveau d’instruction. Nous pouvons donc faire l’hypothèse que le lieu de résidence et l’accès à l’éducation, sont des facteurs qui influencent les perceptions quant aux rôles et à la place des femmes dans la sphère politique. Donc il serait avantageux pour les femmes de posséder l’éducation pour un réel équilibre mental : une force. Certaines des personnes interrogées ont toutefois formulé le souhait de voir davantage de femmes participer aux affaires publiques, ce qui témoigne d’une volonté de changement et d’un éveil progressif des consciences en faveur d’une plus grande égalité entre les sexes, en matière d’implication dans la sphère politique.
Les populations rurales restent très influencées par les traditions et valeurs culturelles héritées des coutumes locales. Or celles-ci, dans leur majorité, ne reconnaissent aucun rôle politique aux femmes. Parmi les coutumes ou pratiques qui contribuent à limiter ou à empêcher l’implication des femmes dans la sphère publique, figurent tout d’abord les règles qui régissent les rapports au sein de la sphère domestique. Les femmes sont généralement exclues du contrôle des revenus du ménage alors même qu’elles contribuent à son économie par la mise en œuvre d’activités de production diverses. Autre exemple de pratique discriminatoire envers les femmes : celle qui consiste à leur interdire de prendre la parole en public ou de participer aux processus de prise de décision dans la sphère politique. On peut enfin évoquer la question du mariage précoce des filles, qui s’accompagne généralement d’un abandon du cycle d’étude et met donc fin à la scolarisation. Ces coutumes et pratiques ont une influence cruciale sur la perception qu’ont les femmes de leur rôle économique et sont en même temps des armes contre les femmes. Toutefois celles-ci participent souvent, consciemment ou inconsciemment, à la reproduction des normes sociales régissant les relations entre les sexes en adoptant un comportement qui obéit aux conceptions traditionnelles de la féminité. Comme l’a révélé une camarade au nom de GLODIE MFWAMBA, certaines femmes se laissent faire et, par exemple, travaillent pour réunir la dot afin de permettre à leurs maris de prendre une deuxième ou troisième femme, au motif qu’elles sont fatiguées d’aller au champ, d’avoir des relations sexuelles.

C’est une grosse erreur de considérer l’agent féminin comme un genre faible. Mais aussi de considérer qu’elle est l’agent causal de la chute masculine. Reléguer la femme au rang de domestique ou à celui d’une simple femme au foyer (sans une autre considération) est aussi une grosse erreur mais également une impasse, car son fort potentiel est mis en péril. La femme est un don du divin (Dieu, Allah). Elle est une pièce motrice du développement dans la société grâce à sa force et à sa volonté, a sa douleur et à sa délicatesse.
RUTH NGWANZA, coordinatrice de la JEFIA

La femme est la lumière qui réfléchit la candeur et la grandeur de l’humanité. Tu es le complément d’âme qui manquait à l’homme pour une effectivité de son être. Tu es l’être le plus accompli de la planète. Cependant la société dans son irrationnel postulat s’est complu à te croire naïve et à te voir faribole. Saches qu’il y’a un pont entre vérité et réalité. Ne te laisse donc pas submerger par la réalité. Appuies toi a la vérité qui révèle que tu es indispensable facteur de l’épanouissement de l’humanité. Car sans toi celle-ci fera du surplace et finira par se dissoudre ne pouvant même pas connaitre de surclasse, cherches à reprendre confiance en toi et à reprendre le rang qui t’es du. Ne dit-on pas que : il n’y a pas de libération sans la participation de la femme ? N’ajoutons pas que : sans la femme l’univers serait une œuvre incomplète. Et moi je dis toujours que la femme est le crépuscule, la lueur qui fait luire la planète lorsque les ténèbres envahissent. Femme tu dois te relever pour redorer ton image, arrête de mentaliser que tu es faible, arrête de te molester ; Plus vite tu prendras tes responsabilités en main plus vite ce monde décollera. La différence entre toi et l’homme n’est que genre, tu as toutes les capacités et aptitudes qu’un homme peut avoir. Tu peux tout accomplir, il s’agit de le vouloir et de s’y mettre. Tu n’es pas appelée à être subordonnée de l’homme, mais plutôt son complément.

Par LYDIE MAKIELEKA, Dirigeante du département des femmes et affaires sociales Asbl Congo Love