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L´identité des femmes noires de la diaspora dans les luttes d´émancipation des minorités : un assaut avant - gardiste de la marche mondiale ( Par Cecile Dolissane -- 5 août 2000 )
L´identité des femmes noires de la diaspora dans les luttes d´émancipation des minorités :  un assaut avant - gardiste de la marche mondiale ( Par Cecile Dolissane -- 5 août 2000 )
L'identité des femmes noires de la diaspora dans les luttes d'émancipation des minorités :
un assaut avant - gardiste de la marche mondiale (5 août 2000 )
Exceptions faites d'Harriet Tubman et Sojourner Truth ,les femmes noires de l'époque de l'esclavage ont été laissées dans l'ombre d'une histoire jamais dite et comme l'a montré Earl Conrad ,même le rôle de celle qui fut appelée <> a été constamment et systématiquement minimisé.
En vérité, les silhouettes de première grandeur, les Truth et les Tubman sont les arbres qui cachent une grande foret d'anonymes: foret bruissante de mille inconnues.
Comme le dit aussi Gerda Lerner sur : les femmes noires dans l'Amérique des Blancs:<>mais les noms de ces femmes n'ont pas été recueillies et leur histoire dort encore, enterrée dans la poussière des archives
Hommage à la femme noire les femmes panafricaines et la marche mondiale :enjeux et strategies
Nous avons ainsi intitulé à partir du titre ci-dessus ces quatre séries de conférences-débats car nous estimons que si les femmes sont encore la franche de la population la plus marginalisée alors qu'elle constitue plus de la moitié de l'humanité les femmes noires, celles qui ont vécu cinq siècles de domination, de servitude ont de bonnes raisons de marcher. Car si les méthodes ont change, les structures oppressives demeurent et sont à peine violes. Ces femmes sont triplement assujetties en tant que femme, noire et de classe sociale inférieure.
Il est hors de doute qu'il y ait des problèmes spécifiquement féminins mais la réalité socio-historique révèle la disparité criarde du développement humain. Autrement dit, chaque peuple doit mener son combat en tenant compte son histoire mieux encore de ses moyens doublés des stratégies à adopter pour en arriver à ses fins.
Qui plus qu'une femme noire peut exprimer les douleurs du bâillonnement, de la misère ,de la violence et de toutes les humiliations séculaires. Partant de tous ces soubresauts de l'histoire l'image du noir et singulièrement celle de la femme noire s'apparente à la pauvreté, à la maladie à la violence pour ne citer que ces maux là. Tous ces malheurs que dénonce le collectif des femmes à la marche mondiale touchent au plus haut point le tiers monde et pour particulièrement les catégories les plus vulnérables c'est à dire les femmes. c'est ainsi que nous avons consacre notre premier séminaire à l'histoire : l'identité des femmes noires de la diaspora dans les luttes d'émancipation des minorités : un assaut avant- gardiste de la marche mondiale
Même si elles faisaient partie de la marche du 18 octobre à New-York, les femmes noires n'ont pas attendu les voix des Occidentales pour revendiquer leurs droits ou leur identité. Les femmes noires ont une vieille tradition de lutte. Il s'agit donc ici de mettre en lumière pour une première fois les mémoires oubliées, de lever le voile d'un silence pesant sur le rôle des femmes.
Cette inquiétude fondée n'est pas exclusivement mienne, car si l'avenir est un retour au passé, il n'est pas superflu de rappeler cette vieille tradition africaine, donc nul besoin pour elles de donner l'impression de s'exhiber pour se donner bonne conscience face à la misère du monde.
La femme étant la garante des traditions, elle est le lieu par excellence de la mémoire et en tant que mémoire vivante, elle est la figure transhistorique qui échappe à toute définition, un véritable lieu de pèlerinage. De sorte que la connaissance des figures emblématiques par les jeunes générations insufflera à celles-ci de l'énergie redynamisante en ces temps de crise et d'afro-pessimisme. Ce vœu pieu marqua profondément Simone Schwarz-Bart ,la Guadeloupéenne qui, d'ores et déjà, rendit un vibrant hommage à toutes ces oubliées de l'histoire parce que selon elle ,ce sont ces femmes qui ont tout gardé ,tout ,y compris l'âme des hommes.
1-Marche mondiale: manifestation d'exigence de liberté d'égalité et de justice ou le continuum de l'action de Sojourner Truth (1797-1883) et d'Harriet Tubman (1820-1913)
Le choix de ces deux personnages abolitionnistes ,visionnaires, deux grandes humanistes au physique contrastant n'est pas fortuit dans la mesure où la première, mince et grande est née à Ulster County près de new-york. La deuxième, plus menu et de petite taille ( environ 1,50) est encore appelée "le moise noir" avec elle naquit l'épopée du chemin de fer souterrain. Elle incarne en un mot ,la prodigieuse aventure du réseau clandestin du cheminement des esclaves vers le nord des États-Unis: synonyme de liberté. Elle rencontra Abraham Lincoln comme de nos jours les femmes rencontreront les Grands de ce monde tels que les responsables des institutions financières :la FMI et la Banque Mondiale de même que le Secrétaire Général des Nations-Unis. En clair ,elle était en avance par rapport à son temps. Les griefs qu'elles condamnaient étaient quasi identiques à ceux d'aujourd'hui.
1.Sejourner Truth contre les Viols, violences domestiques, harcèlement sexuel ,mariages forcés
Bell, de son sobriquet était la propriété du colonel Hardenberg. Vendue aux enchères après la mort de ce dernier pour cent dollars à un dénommé John Nealy ,un maître plus cruel. Enfin à l'âge de 14 ans au plein de sa séduction et de sa force de travail elle fait l'objet d'une belle enchère de John Drumont. Son maître prend le chemin de sa couche il fait de ce fait un mariage de mascarade avec le vieil esclave (Thomas).De cette union, naquit 5 enfants
2.La révolte par la spiritualité
Elle s'enfuit et se réfugie dans une petite île ,elle partage ses idées de la révélation divine avec d'autres esclaves mais elle leur paraît plutôt folklorique. Mais déterminée à vivre pleinement sa foi ,la spiritualité devient comme une thérapie un moyen de libération et comme une sorte de refuge. Ainsi elle découvre la liberté grâce à la communauté religieuse des quakers. Elle se consacre entièrement au mysticisme qui aboutit finalement à la surenchère par l'apparition d'un ancien esclave du nom de Mathieu qui se veut l'incarnation de la présence divine. On décèle dans cette démarche le triomphe de l'esprit humain .C'est dire que si son corps a été molesté humilie et abâtardi, son âme elle, est restée intacte.
3.l'engagement de Sojourner Truth auprès de son peuple comme productrice de vie, re-créatrice et rédemptrice.
Elle se donne pour mission d'éduquer son peuple, de lui redonner confiance .A cet égard elle devient inspiration et source d'aspiration. La parole féminine avec Truth, pris une tonalité particulière pour l'émancipation des siens, elle tient des meetings publics, leur apportant un supplément d'âme afin que s'éloigne toute lassitude. lors d'un meeting à Boston ou Frédérick Douglas l'écrivain abolitionniste exhortait les esclaves à se libérer uniquement par les armes. Dans un silence complet face à une situation complexe et à l'auditoire perplexe. Elle s'écrit <>
pour la libératrice de son peuple ,il faut une part de force spirituelle dans toutes les entreprises humaines et elle en était fort persuadée. c'est cette ferveur qui l'amena à parler avec la voie de son cœur en puisant dans ses expériences, à partir des exemples simples. elle croyait que c'est en approfondissant le particulier qu'on en arrive à l'universel. elle savait qu'en tant que femme noire et noire elle parlait également du sort des autres femmes esclaves. c'est dire qu'elle était en quête de dignité .et cette démarche qui se veut avant tout gnostique vise la métamorphose complète des rapports entre les humains à partir connaissance intégrale de l'être humain en tant que valeur ontologique.
4.la militante des droits de femmes: un parcours initiatique
Après de longs et traumatiques expériences ,la religion transforma l'esclave victime en une puissante et charismatique leader dit son biographe Nell Irvin Painter.
Bell adopte le nom de Sojourner Truth. Elle embrassa les idées d'émancipation des réformes sociales. En même temps elle s'ouvre à d'autres horizons, alliant simultanément libération et religion. elle insista sur l'intégration des Noires et des ouvrières dans toutes les sphères de la vie publique ,enrichissant ses discours par propre vie d'esclave ayant gagnée une aura puissante et une imagination débordante .Son meilleur discours sur la question féminine fut incontestablement celui de 1851 à okron (ohio) devant une foule d'hommes hostiles aux idées réformatrices de la prêtresse (prédicatrice et porte-parole des silencieuses au congrès sur les droits des femmes..
elle évoqua :
• les difficiles conditions de vie la précarité féminine
"Ne suis-je pas une femme? j'ai labouré ,planté ,engrangé et nul ne m'a surpassé Ne suis-je pas une femme?"
Elle souligna:
• la résistance et la bravoure ainsi que sa fierté d'être femme et les épreuves qu'elle a endurées qui l'empêche de se sentir inférieure à qui que se soit fut-il un homme mais veut plutôt se sentir un être humain en quête de bonheur et de plénitude.

Elle met en lumière:
• l'autosatisfaction, l'autosuffisance et le dépassement de soi dont elle tire une fierté personnelle
"j'ai travaillé et mange autant qu'un homme quand je le pouvais et j'ai même supporte le fouet !
ne suis-je pas une femme?"
veut-elle nous nous renseigner sur:
• on état d'asservissement; qu'elle était la chose du maître, une machine à procréer.
"j'ai mis treize enfants au monde et presque tous ont été vendus en esclavage. Et quand j'ai hurlé ma douleur de mère.
dieu seul m'a entendu ne suis- je donc pas une femme ?"
Après ce discours ô combien édifiant! parce que libérateur, elle a l'impression de posséder son corps. et pour prouver sa détermination elle milite dans plusieurs associations notamment a la célèbre association pour le suffrage des femmes ainsi qu'a celui des droits de l'homme, réclama plus de libertés pour les noirs. et vint en aide aux esclaves libres. encouragea la fuite des esclaves leur évasion en leur offrant l'asile.
du reste Truth était une abolitionniste noire- américaine, l'avocate des femmes et une avant- gardiste .elle avait des présomptions et ne se doutait guère de la manœuvre qui se profilerait derrière le terme "Noir". C'est alors qu'elle prescrivit la vigilance à la femme noire qui doit tenir compte du fait que son mari est aussi opprimé .L'émancipation du Noir n'est donc pas un acquis ni global pour ne pas dire comme une condition sine qua non de la liberté féminine car celle- ci comme nous l'avons souligné au début est triplement opprimée. A ce sujet ,écoutons la militante.
"On fait trop de bruit sur les droits des Noirs, mais pas un mot sur les femmes noires Et si les hommes obtiennent la reconnaissance de leurs droits et que les femmes noires n'aient pas les mêmes droits, alors que les hommes seraient les maîtres dont les femmes dépendront…
Les Blanches sont malignes et plus avisées que les Noires. Elles ne savent pas grand chose les Noires.
[…]
Je veux que les femmes aient leurs droits .Au tribunal, les femmes n'ont aucun droit, pas de voix au chapitre personne ne les défend"
[…]
On en fait autant qu'eux on mange autant, on veut gagner autant. Je crois bien que je suis la seule femme noire qui parcoure le pays pour défendre les droits des femmes noires"
Bien évidemment il faut repenser cette prise de position, certains aspects paraissent aujourd'hui obsolètes, il faut dans cette mesure retenir sa détermination au sens plein du terme à combattre les forces du mal, son engagement total en faveur des plus démunis .ce brin d'humanisme dont l'humanité a plus que jamais besoin pas ces temps de l'argent-roi.
Si pour Sojourner Truth, la liberté des Noirs passe avant tout par la libération spirituelle et féminine dans la mesure où cette dernière est l'épicentre de la famille, pour harriet Tubman passe à l'action directe à l'offensive contre le joug de la servitude
i- Le Général Tubman ou la vision prométhéenne
Elle était pour un monde solidaire ouvert et en paix. La vision de tubman était prospective, elle projetait son peuple vers un futur plus prometteur. c'est ici le principe de "si le grain ne meurt". Il faut cet esprit de sacrifice ,ce don de soi qui favorise la regermination. elle pensait à ce qui dure aux générations à venir. c'est ainsi qu'en recevant le journaliste Franz C. Drake du New-York Herald qui l'interrogeait sur le sens de la vie. Elle lui répondit sagement:
Moi quand j'étais jeune, j'aimais follement les pommes et je me disais:<>
Elle jette une bouteille à la mer, elle a travaillé pour la postérité. sa satisfaction personnelle ne provenant de la réalisation d'un idéal de liberté. Aux premières heures de la guerre civile, Harriet reproche ouvertement à Lincoln son attitude ambiguë envers l'institution de l'esclavage. Elle déclare:
"Monsieur Lincoln est un grand homme, et je suis une pauvre négresse; mais cette négresse peut dire à Monsieur Lincoln comment économiser de l'argent et de jeunes hommes: il suffit de donner la liberté aux Noirs et il aura tous les soldats qu'il désire"
1.les actions concrètes de la révolutionnaire
• elle monta des hôpitaux de campagne
• elle guida les esclaves évadés vers le front et conduit elle-même des commandos de guérillas ,elle dirige le fameux exploit des troupes noires de Montgomery le 2 juin 1863 sur la Combalee River:756 esclaves affranchis.
• Elle prend conscience qu'on combat n'est jamais définitivement gagné. Ainsi, elle organisa inlassablement les conférences et les meetings au cours desquels elle éclaire, indique la voie parle au public prend mille initiatives en faveur des siens. Grâce à quelques dollars obtenus enfin comme pension après moult démarches ,elle crée un foyer pour affranchis âgées à Auburn.
Historiquement, ces deux femmes ont œuvré pour les changements de mentalités dans une Amérique puritaine et conservatrice, elles ont donné une impulsion considérable à l'émancipation des Noirs et partant de la femme de couleur.
Il n'est pas niable que chacune a combattu à sa manière avec sa personnalité forgée à partir de ces multiples expériences. Mais leur lutte reste identique. Si Sojourner Truth met un point d'honneur sur le rôle fondamental de la femme dans l'édification de la société surtout dans l'organisation des structures socio-économiques et politiques qu'elles peuvent construire, Tubman en entrant de plain - pied dans le combat politique, sans forcement plaider la cause féminine bouleverse complètement la société patriarcale en ayant une vision plus large de la mixité. Elle serait certainement pour les femmes noires, une lointaine ancêtre de la parité avec bien entendu toute la délicatesse que doit revêtir une telle affirmation. Elle défie alors les structures phallocentriques qui s'arc-boutent sur les rigidités religieuses ou culturelles confinant la femme plus que jamais, à cette époque dans son rôle traditionnel de mère et d'épouse pour tout dire ,Tubman était féministe politique avant la lettre. car elle y excelle avec une faculté d'organisation qui laisse toute l'Amérique pantoise Son héroïsme contribuait ainsi à l'élever.
Au demeurant ,la connaissance de ces femmes mérite une attention particulière pour le progrès féminin chaque peuple doit s'abreuver aux sources de son histoire. Car tant que les lions n'auront pas de conteurs les histoires de chasse seront l'apanage des chasseurs. Dans cette optique, les manifestations de New-York viennent donc à point nommé consolider une vieille tradition de revendications .Or chaque peuple ayant son histoire, les femmes africaines du continent et de la diaspora subissent encore de plain fouet les estampilles héritées de l'esclavage et de la colonisation toutes les formes d'exclusion et de mépris: du diktat économique aux violences militaro-politiques. C'est la raison pour laquelle la plate forme des revendications des femmes noires doit être axée sur des actions claires répondant aux priorités de l'heure suivant la hiérarchie dans l'échelle des valeurs africaines en évitant de s'enliser dans des considérations hasardeuses susceptibles de l'éloigner de ses priorités, en l'occurrence le développement radical d'une certaine animosité viscérale et injustifiée envers son homme qui lui aussi est à plaindre. Pour cela ,elles doivent suivre les exemples de leurs aînées (encore faut il les connaître):l'équilibre du monde, un combat pour les droits de l'homme. il s'agit de combler progressivement ce fosse qui divise les hommes afin que chacun puisse avoir une existence digne et belle. Autant dire que la femme n'est pas une monade, un élément isolé ,elle fait partie de ce vaste ensemble des catégories opprimées donc vulnérables tels les enfants les pauvres et bien d'autres encore dont les revendications devraient avoir un idéal: l'humanisme.
En ce sens ,ces figures mythiques sus-évoquées nous ont légué un message d'espoir dont courage et endurance sont les maîtres - mots, conjuguant tour à tour l'engagement physique, moral et spirituel. elles prévoyaient que la femme doit s'impliquer davantage dans les affaires du pays. Mais comme toute entreprise humaine, cet idéal de liberté est toujours à refaire. Ce qui importe ,c'est de s'acheminer vers ce trésor fabuleux de l'aventure humaine non écueils donc avec une prise de risques certains. De ce fait l'on peut dire sans risquer de se tromper que malgré les nostalgies et les difficultés encore notables auxquelles la place de la femme est confrontée, elle a connu au- de là de ces zones d'ombres, l'auréole d'une irrésistible ascension au vu du foisonnement des recherches sur son statut. Ce qui témoigne incontestablement des avancées considérables. Toutefois, il faut se garder d'afficher un enthousiasme débordant car cet apparent prestige, s'il est annonciateur d 'une apothéose, ne cache t- il pas les obstacles réels des femmes noires à asseoir un véritable pouvoir économique dans des sociétés ou elles subissent encore le poids d'un capitalisme sauvage? ses heurts et ses malheurs ainsi que les stratégies à adopter pour drainer les revenus seront l'objet du prochain séminaire.
Cécile Dolisane ebosse
cdolisan@club-internet.fr
This opinion article was written by a independent writer. The opinions and views expressed herein are those of the author and are not necessarily intended to reflect those of GRILA