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MONGO BETI -- Un combattant intransigeant, tombé l’arme à la main. (Ababacar Fall Barros 15 Octobre 2001)
MONGO BETI  -- Un combattant intransigeant, tombé l’arme à la main. (Ababacar Fall Barros 15 Octobre 2001)
MONGO BETI : Un combattant intransigeant, tombé l’arme à la main.
Les patriotes Africains ont appris avec beaucoup de peine la mort du « combattant écrivain », Mongo BETI, le 7 octobre dernier.
Il y a quelques temps nous mettions en exergue dans une contribution, les propos de NADINE Rosa Rosso, SG du PTB à Bruxelles ou elle soulignait « que le plus dur n’est pas encore d’être un révolutionnaire à vingt ans, mais de le rester toute sa vie ».Nous ne connaissons pas trop bien Mongo Béti, mais ayant eu le privilège d’avoir été un lecteur de la Revue « PEUPLES NOIRS PEUPLES AFRICAINS » dont il fut le Directeur, d’avoir été un de ses correspondants et de l’avoir rencontré, nous pouvons affirmer qu’il fait partie des hommes qui sont morts avec leurs convictions. Nous pouvons également témoigner que dans le cadre de nos relations épistolaires et dans d’autre s domaines , nous avons découvert en lui un homme simple, généreux et disponible. Aussi, jusqu’à l’âge de 68 ans ou il a quitté ce bas monde,
Alexendre Biyidi ALAWA , de son vrai non, n’a jamais été pris en « flagrant délit de concussion » avec l’ennemi. Ni même par défaut de louvoiement avec l’adversaire. Comportements que l’on observe par ces temps faits de reniements, auprès de certains individus qui par intérêt ou par couardise, versent dans la Réeal-Politik. Par ailleurs, avant de retourner vivre dans son pays natal, Mongo Béti a eu la chance de « vivre à l’intérieur du monstre », pour re prendre l’expression du poète cubain José MARTI. Ce ci lui a permis de connaître et de repérer toute la faune de prédateurs et autres Barbouzes de tout poil et de tous bords déguisés en chroniqueurs ou « critiques » de la littérature Africaine qu’il ne cessait de traquer sans ménagement dans tous les coins de rue de l’Hexagone et d’Afrique. « Nous n’avons pas eu de mots assez durs ici pour nos aînés, gloires momifiées dans l’impuissance et la veulerie (…) ». Il ne se lassait jamais de démonter la stratégie de ceux qui voulaient confiner l’intellectuel africain à « d’éternels élèves, afin que l’assistance technique ne soit jamais privée de sa légitimité idéologique. Imaginez, ,l’incongruité que serait un Africain de talent ou compétent. L’idée en est même insupportable, à moins poursuit-il de découvrir l’oiseau rare, le perroquet répétant « la raison est hellène l’émotion est nègre ». Disait-il en réaction à une démarche qu’il n’approuvait pas du reste, de son ami le Pr GUY Issito Midohouan, auprès du Directeur de JEUNE AFRIQUE.(PNPA n°40 Juillet-Août 1984).
« L’écrivain combattant « était craint à cause des « salves » de sa plume avec laquelle il a soufflé plus d’un tyran . A ce propos, on peut dire qu’ un de ces passages de son best-seller, Main basse sur le Cameroun. ou il brocarde le petit commis des PTT presque analphabète , sont à la base de l’interdiction du livre dès sa sortie des presse de l’imprimerie en 1972 et de ses multiples tracasseries éventuelles. Après avoir dressé à grands traits le cursus de celui qui a été un des liquidateurs de Osendé Ofana et Ernest Ouandié, il note que « l’Etranger naïf ne peut imaginer que chacun des silences du Président, chaque dérobade du regard, chaque sourire saugrenu, chaque chevrotement de la voix, chaque quinte de toux, aide Ahmadou Ahidjo à chercher longuement un terme, un tour de phrase toute faite, apprise par cœur et n’ayant guère de parenté avec la question posée ou la circonstance .(Ed .PNPA p.73)
Toute la stratégie de Mongo Béti consistait à mettre son intelligence, ses forces et ses moyens en synergie afin de permettre aux africains de mieux voir, pour mieux comprendre et pouvoir traquer efficacement les forces du mal qui oppriment, exploitent et dominent pour ainsi dire le Continent sous diverses formes. D’où la mise sur pied en 1977, de la Revue PEUPLES NOIRS, PEUPLES AFRICAINS à laquelle il consacra tout son temps, toutes ses forces et ses deniers pour la faire vivre et surtout faire face à un agent à la solde du régime de Biya qui a voulu le ruiner et faire couler la Revue à travers une « commande industrielle » qu’il refusa d’honorer par la suite.
Mais Béti était surtout craint ou haï, du fait qu’il était imperméable aux compromissions, « aux compliments hypocrites », comme disait le poète DAVID Diop. « Il ne voulait rien », comme aiment aussi dire certains politiciens et personnes sans scrupules, prêtes à tout justifier, à tout théoriser. Surtout par ces temps qui courent ou chacun a à la bouche la MONDIALISATION ou les NTCI. Cependant quelque chose le préoccupait, c’étaient la dignité, l’indépendance, et le progrès de l’Afrique. « Il nous faut en finir une fois pour toute avec le néocolonialisme, d’où naissent tous les maux qui aujourd’hui nous accablent ».Précisait-il à Pius NJAWE, Directeur du journal le Messager, en 1988.
Pour terminer, après avoir présenté nos condoléances à sa famille, à tous les patriotes africains et à tous ses amis à travers le monde, nous formulons le souhait que son œuvre à l’instar de celles de s Nelson Mandela, Cheikh Anta Diop, Thomas Sankara et les autres valeureux fils du Continent ,puisse inspirer la jeunesse africaine qui a un sérieux problèmes de repère au début de ce troisième millénaire.
Dakar, le 15 Octobre 2001
Ababacar Fall BAROSS
This opinion article was written by a independent writer. The opinions and views expressed herein are those of the author and are not necessarily intended to reflect those of GRILA