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NEPAD - Critique annotee -- Part 8 -- UN NOUVEAU PARTENARIAT MONDIAL
 NEPAD - Critique annotee -- Part 8 -- UN NOUVEAU PARTENARIAT MONDIAL
VI. UN NOUVEAU PARTENARIAT MONDIAL
171. L'Afrique reconnaît l'injustice historique séculaire et le besoin d'y remédier. Cependant, le partenariat enjoint que des efforts combinés améliorent la qualité de la vie des peuples d'Afrique aussi rapidement que possible. L'Afrique et ses partenaires partagent des responsabilités dans ce domaine dont ils peuvent retirer des bénéfices mutuels.

Oui, mais quels sont les moyens rapides envisagés pour rompre ce cycle injuste? Pourquoi ne pas oser proposer l'annulation de la dette, la fin de l'échange inégal?

172. La révolution technologique mondiale nécessite une base croissante de ressources, une sphère de marchés de plus en plus grande, de nouvelles frontières d'efforts scientifiques, une capacité
collective de sagesse humaine et un système écologique bien géré. Nous sommes conscients qu'une grande partie des ressources minérales et des autres ressources matérielles de l'Afrique sont des
intrants essentiels dans les processus de production des pays développés.

On répète de nouveau ici les avantages qu'offrirait une plus grande annexion de l'Afrique dans le marché mondial, comme le ferait un vendeur qui tente de retenir son client.


173. En plus de cette base de ressources indispensables, l'Afrique offre un marché vaste et croissant aux producteurs de par le monde. Une Afrique se développant, avec des effectifs accrus de travailleurs
employés et qualifiés et une classe moyenne en plein essor, constituerait un marché en pleine expansion pour les produits manufacturés, les produits intermédiaires et les services au niveau
mondial.

Ce marché ne l'est pas effectivement , mais potentiellement. Je souhaite qu'il se constitue d'abord en gigantesque marché intérieur de bien de consommation de masse. Le reste est encore incantation et voeux, pour changer la réalité qui est diamétralement différente.

174. En même temps, l'Afrique offre de grandes occasions d'investissements. Le NOPADA crée des possibilités d'efforts internationaux conjoints pour le développement des infrastructures,
en particulier pour l'informatique et la télématique et pour les transports.

Une autre répétition insistante, afin de s'assurer que des consortiums internationaux prennent en charge ces sphères du tertiaire.

175. L'Afrique fournit également des perspectives de partenariats créatifs entre les secteurs public et privé dans le domaine de l'enrichissement des minerais, des industries agricoles, du tourisme,
du développement des ressources humaines et pour relever les défis de la rénovation urbaine et du développement rural.

Une autre répétition qui n'amène rien de nouveau sur ce qui a été martelé avant.

176. En outre, la biodiversité de l'Afrique, y compris la richesse de sa flore et de sa faune et les forêts tropicales, est une ressource mondiale importante pour lutter contre la dégradation de l'environnement causée par l'appauvrissement de la couche d'ozone et le changement climatique ainsi que par la pollution de l'air et de l'eau par les émissions industrielles et les effluents toxiques.

La biodiversité de l'Afrique est aussi sérieusement en péril et il vaut mieux tout mettre en oeuvre pour sauvegarder ce qui reste. Les responsabilités du système mondialisé prédateur est ignoré une fois de plus. On aurait mieux fait d'utiliser la proximité du sommet de Johannesburg, pour rappeler l'urgence de changer nos comprtements dans nos façons de produire et de consommer qui servent de modèle.

177. L'expansion des possibilités dans le domaine de l'éducation et dans d'autres domaines en Afrique accroîtrait la contribution du continent à la science, à la technologie et à la culture au niveau mondial, au profit de toute l'humanité. Après tout, la science moderne reconnaît que l'Afrique est le berceau de l'humanité. Les fossiles, les objets fabriqués, les œuvres artistiques et les vestiges d'anciens villages humains peuvent être trouvés d'un bout à l'autre de l'Afrique et y fournissent une preuve matérielle de l'émergence de l'homo sapiens et de l'évolution de l'humanité.

Une autre évidence, encore répétée.

178. Dans le cadre du processus de reconstruction de l'identité des peuples d'Afrique et de leur confiance en eux-mêmes, il est nécessaire que cela soit compris et apprécié par les Africains eux mêmes.Dans le même esprit, le statut de l'Afrique en tant que lieu de naissance de l'humanité devrait être chéri par le monde entier en tant qu'origine de tous ses peuples.

C'est exact. Bien des membres de nos élites qui servent souvent de modèles aux autres doivent dépasser leurs complexes vis à vis de l'Occident. La réécriture de l'histoire doit pour se faire commencer en Afrique. L'origine monogénétique de l'humain doit montrer que nous sommes humainement tous des jumaux génotypiques et que le racisme et l'intolèrance n'ont plus droit de cité.

179. Le riche héritage culturel de l'Afrique se reflète dans l'artisanat du passé, dans sa littérature, ses philosophies, son art et sa musique. Tout cela devrait servir à la fois à consolider la fierté des
Africains au sujet de leur propre humanité et à confirmer l'humanité commune des peuples du monde.

L'essentiel de ces produits sont dans les pays du centre. Quelle forme de rapatriation est possible. La richesse est aussi dans les réalisations de l'art africain contemporain. Dans les deux cas, il est impérieux que les autorités fassent tout ce qui est en leur possibilité pour protéger le patrimoine culturel de la folklorisation et de la mercantilisation déshumanisante.

180. L'un des fondements du NOPADA est l'expansion des frontières démocratiques et l'approfondissement de la culture des droits de l'homme. Une Afrique démocratique deviendra l'un des piliers de la démocratie, des droits de l'homme et de la tolérance au niveau mondial. Les ressources mondiales actuellement consacrées à la résolution de conflits civils et inter-états pourraient ainsi servir à financer des projets plus gratifiants.

C'est très souhaitable. Il y a encore cependant trop d'autocrates qui règnent, certains pour des présidences à vie, d'autres par des élections truquées, ou le soutien objectifs d'intérêts extérieurs. La démocratie est confisquée dans trop de formations sociales. Ce n'est donc pas dans un plan d,intention que se règlent ces problèmes , mais dans la réalité pratique et vécue de la transformation sociale.Les ressources mondiales consacrées à résoudre les conflits en Afrique sont inférieurs à ceux consacrés ailleurs dans le monde. Il est certain que ces sommes sont nécessitées ailleurs. Mais il faut soulever les dynamiques internationales et locales réélles de ces des conflits et établir les parts de responsabilités. Il faut surveiller la fabrication et le trafic d'armes qui les alimentent. Il faut sauvegarder les souveraineté nationales et les aspirations démocratiques des populations.

181. Le contraire d'une telle initiative, l'effondrement de davantage d'Etats africains, est une menace non seulement pour les Africains mais aussi pour la paix et la sécurité mondiales. En ce qui concerne
les pays industrialisés, le développement en Afrique réduira les niveaux d'exclusion sociale mondiale et minimisera une source potentielle majeure d'instabilité sociale au niveau mondial.

L'Afrique continue de perdre à cette situation sinistre. La paix mondiale en dépend. L'Union africaine doit se doter de la volonté et des instruments politiques pour vaincre cette implosion. L'avenir de l'Afrique et de la paix mondiale en dépendent. Le rôle des incursions impérialistes doit être reconnu par la communauté internationale et combattu.

182. L'Afrique s'engage à développer et consolider les partenariats Sud-Sud.


En quoi et comment? Il est pathétique de constater, que ce qui aurait dû constituer la trame de la stratégie d'un nouveau partenariat africain pour le développement, ne consacre qu'une misérable phrase à la coopération sud-sud. Le document en lieu et place a passé tout son temps à ne se préoccuper que d'agencer des pistes avec les forces qui ont mené l'Afrique à sa condition actuelle.
Les forces démocratiques populaires d'Afrique d'Amérique latine et d'Asie s'en souviendront. Au lieu de tendre la main à ceux qui vivent la même condition malgré leur diversité, et regénérer les principes du non alignement et de l'intégration des forces des pays dominés, le NOPADA manque une chance historique de sceller une relation durable. Le principe de forger un front anti-néo-colonial et pour l'avènement d'une autre mondialisation, d'esquisser des éléments de collaborations techniques, économiques politiques et culturelles n'est même pas invoqué. On a déja oublié que c'est en 1998, à Durban en Afrique du Sud que s'est tenu le sommet des non alignés, et que l'Afrique y faisait de grandes déclamations sur la solidarité sud-sud. Il est impérieux de rappeler au NOPADA que seul un front sud uni contre l'unilatéralisme politico-économique et militaire qui mène la mondialisation peut aider l'Afrique. Ainsi se fortifierait le positionnement stratégique et plus harmonieux des intérêts africains dans le marché mondial. L'échange d'expérience et de stratégies, le transfert de technologies plus appropriées et adaptées, la complémentarité industrielle, la position de cartels de producteurs et bien d'autres formes de coopération qui aideraient davantage l'Afrique.

Instaurer de nouvelles relations avec les pays industrialisés et les organisations multilatérales

183. Un élément critique pour que les Africains puissent prendre la responsabilité de l'avenir du continent est la nécessité de négocier de nouvelles relations avec ses partenaires pour le développement.
La façon dont l'aide au développement est acheminée est extrêmement problématique pour les pays en développement. La nécessité de négocier séparément avec les bailleurs de fonds appuyant le même secteur ou programme et de leur rendre compte individuellement est aussi gênante qu'inefficace. Les conditions imposées à l'aide au développement suscitent des inefficacités supplémentaires. L'on souhaite établir une nouvelle relation dont le point de départ soit les programmes nationaux. Une telle relation établirait des cibles de performances et des normes dont conviendraient ensemble bailleur de fonds et bénéficiaire. On
pourrait citer de nombreux exemples démontrant clairement que l'échec d'un projet n'est pas seulement dû à une mauvaise performance du bénéficiaire mais aussi à de mauvais conseils des bailleurs de fonds.

Intéressant, si les préoccupations authentiques du terrain modulent la coopération internationale. Mai,s à voir l'internalisation des préoccupations des baileurs de fonds, et la servilité de certaines élites, on se demande si il y aura une réelle différence. Le contrôle institutionnel envahissant du système monétaire et des conditionnalités des bailleurs de fonds permet d'imposer les vues des tenants du néolibéralisme. C'est un aspect qu'il faut considérer et qui ne changera pas du jour au lendemain seulement parce que le nord répondrait à des requêtes formulées au sud.

184. Les divers partenariats entre l'Afrique et les pays industrialisés d'une part et les institutions multilatérales d'autre part devront être maintenus. Les partenariats dont il est question sont notamment : le Nouvel Ordre du jour des Nations unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 ; le Plan d'action Union européenne - Afrique du Caire ; le Partenariat stratégique de la Banque mondiale pour l'Afrique ; le Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté du Fonds monétaire international (FMI) ; le Plan d'action de Tokyo sur l'initiative du Japon ; la Loi américaine sur la croissance et le commerce en Afrique et le tout récent Nouveau contrat mondial de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA). L'objectif sera une rationalisation qui assure que chaque partenariat rapporte de véritables avantages.

Où s'inscrit dans toutes ces initiatives le NEPAD est en quoi est il compatible ou pas? Si lui est nouveau et tous les autres anciens, c'est qu'il doit bien apporter des choses que tous ces éléments ne prévoyaient pas. Pourquoi conserver donc l'allégeance à ces partenariats et plans et ne pas s'arrimer à d'autres plans africains pertinents et auquels les mêmes pays africains se refèraient, il n'y pas si longtemps, à l'instar de ceux présentés au début de notre travail?

185. Les dirigeants africains envisagent les responsabilités et obligations suivantes pour les pays développés et les institutions multilatérales ; Apporter un soutien matériel aux mécanismes et processus de prévention, de gestion et de résolution des conflits en Afrique, ainsi qu'aux initiatives de maintien de la paix ; Accélérer la réduction de la dette des pays pauvres très endettés, en conjonction avec les programmes les plus efficaces de lutte contre la pauvreté pour lesquels le Partenariat stratégique pour l'Afrique et le Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté constituent des bases importantes ; Améliorer les stratégies d'allégement de la dette pour les pays à revenus moyens ; Renverser la tendance à la diminution des apports d'APD à l'Afrique et aux autres pays en développement en réalisant la cible d'une APD équivalent à 0,7 pour cent du produit national brut (PNB) de chacun des pays développés dans un délai à court terme dont il faudrait convenir. Cette aide accrue devrait servir à compléter les fonds libérés par la réduction de la dette pour accélérer la lutte contre la pauvreté ; Traduire en engagements concrets les stratégies internationales adoptées en matière d'éducation et de santé ; Faciliter l'instauration de partenariats entre les Etats, les sociétés pharmaceutiques internationales et les organisations de la société civile pour faciliter et accélérer l'accès des Africains souffrant de maladies infectieuses aux médicaments idoines ; Assurer aux produits des pays en développement l'accès aux marchés des pays développés au moyen d'initiatives bilatérales et négocier en faveur des pays d'Afrique des conditions plus équitables dans le cadre des accords multilatéraux de l'OMC ; S'efforcer avec les dirigeants africains d'encourager les
investissements du secteur privé des pays développés en Afrique, notamment par la mise en place de mécanismes d'assurance et d'instruments financiers qui contribuent à diminuer les primes de risque en matière d'investissement en Afrique ;Relever les normes de protection des consommateurs eu égard aux exportations des pays développés vers les pays en développement aux mêmes niveaux que ceux qui s'appliquent sur les marchés domestiques des pays développés ; Faire en sorte que la Banque mondiale et les autres institutions multilatérales de financement du développement apportent des investissements aux projets cruciaux d'infrastructures économiques, pour faciliter et appuyer la participation du secteur privé ;
Offrir un soutien technique pour accélérer la mise en œuvre du programme d'action, notamment la consolidation des capacités de l'Afrique pour la planification et la gestion du développement, les réglementations en matière de finances et d'infrastructures, la comptabilité et l'audit ainsi que la conception, la construction et la gestion des infrastructures ;
Appuyer les réformes à la gouvernance des institutions financières multilatérales pour qu'elles tiennent mieux compte des besoins et des préoccupations des pays d'Afrique en particulier ;
Mettre en place des mécanismes coordonnés de lutte contre la corruption et s'engager à rendre à l'Afrique tous les gains provenant de ces pratiques.


Ce résumé hétéroclite des propositions pistes et actions corrobore le document. Il ne semble apporter en rien de changements notables dans la démarche. Du fait de la crise et de l'incapacité d'imposer un point de vue ferme, le NEPAD exprime une défaite idéologique. Il consent que les valeurs réactionnaires qui se font passer comme de valeurs nouvelles dans la mondialisation néolibérale déteignent dans son projet , comme une sorte de consensus mou, un moindre mal
.
VII. MISE EN ŒUVRE DU NOUVEAU PARTENARIAT POUR LE DEVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE
186. Conscients de la nécessité d'établir un ordre des priorités, les Présidents qui ont pris l'initiative proposent de réaliser le plus rapidement possible, en collaboration avec les partenaires en
développement, les programmes suivants :

- Maladies transmissibles - VIH/SIDA, paludisme et tuberculose ;
- Technologie de l'information et de la communication ;
- Réduction de la dette ;
- Accès aux marchés.

Ces pistes sont urgentes, mais nous réservons notre appréciation finale au résultat de la rencontre de Kananaskis du 27 Juin 2020. L'urgence de la dette passe par son annulation et la suppression des PAS. Les TIC imposent la participation responsable de l'Etat aussi. L'accès au marché révèle la mondialisation polarisante et le protectionnisme du nord.

187. Diverses institutions internationales de partenariat ont déjà engagé des travaux sur tous ces programmes, mais il faut y consolider la participation et le leadership de l'Afrique pour en
assurer une meilleure réalisation. Nous estimons que tous ces aspects pourraient permettre d'accélérer la régénération du continent. (Des propositions détaillées sur chaque programme ont
été regroupées en annexe).

Cela ne dépend que des africains dès lors.

Projets
188. Tout en étant conscients des dangers qu'aborder le développement au moyen de projets risque de poser, les initiateurs du NOPADA proposent un certain nombre de projets indispensables au développement régional intégré que conçoit le NOPADA. Ces projets devraient non seulement consolider les programmes nationaux et régionaux de développement mais aussi contribuer énormément au démarrage rapide de la revitalisation du continent.

189. Les projets présentés ci-après ne servent que d'illustration.
Une liste détaillée de projets se trouve sur le cybersite du NOPADA (www.mapstrategy.com)

(i) Agriculture

190. Elargir la portée et les opérations du plan d'action pour la gestion intégrée des terres et des ressources en eau de l'Afrique : Ce projet porte sur la maintenance et la revalorisation des fragiles ressources naturelles agricoles de l'Afrique. De nombreux gouvernements africains ont déjà engagé des initiatives dans le
cadre de ce programme. Les partenaires sont notamment le fonds pour l'environnement mondial (FEM), la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, la FAO et des bailleurs de fonds
bilatéraux.

A évaluer

191. Consolider et renouveler les capacités des systèmes de recherche et de vulgarisation agricole en Afrique :
Ce projet porte sur la revalorisation des infrastructures et des institutions de soutien à l'agriculture en Afrique. Les innovations technologiques et leur diffusion offrent d'immenses possibilités d'accélération de la production et de la productivité agricole, mais le continent n'a pas suffisamment de capacités de recherche pour faire d'importants progrès. Les principaux acteurs de ce projet sont le Forum pour la
recherche agricole en Afrique, la Banque mondiale, la FAO et le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR).

À évaluer. On ne peut qu'espérer que la productivité agricole recherchée ne se fasse pas aux détriment des populations et de l'écosystème.

(ii) Promotion du secteur privé
192. L'expérience acquise de par le monde indique qu'un des meilleurs moyens de promouvoir les entreprises dans les domaines fortement novateurs est de créer des Pépinières d'entreprises. Le
projet formulera les directives et politiques requises pour la mise en place de ces pépinières dans chaque pays, en tirant parti de l'expérience et des pratiques exemplaires internationales, mais en
les adaptant aux besoins et à la conjoncture de l'Afrique.

Ces embryons dans des domaines novateur,s qu'on ne mentionne pas, il ne faudrait peut être pas trop surestimer leur effet d'entrainement.

(iii) Infrastructures et intégration régionale

193. L'on a identifié, dans le processus de mise en place du NOPADA, de nombreux projets d'énergie, de transport et d'adduction d'eau cruciaux pour le développement intégré de l'Afrique. Il faudrait des fonds pour ces projets qui en sont à divers stades de mise au point. Il faudra ensuite en accélérer l'exécution en
collaboration avec la Banque africaine de développement, la Banque mondiale et d'autres institutions multilatérales.

Une ènième répétition pour nous préciser que le partenariat a beau être nouveau, les maîtres d'euvre sont les mêmes

194. Les Présidents qui ont lancé l'Initiative estiment qu'à moins que l'on ne s'occupe des infrastructures sur la base d'une planification tenant compte du développement régional intégré, le renouveau continent ne pourra jamais démarrer. L'on exhorte donc la communauté internationale à s'associer à l'Afrique pour accélérer la mise en place de ces infrastructures. (Voir le détail des projets d'infrastructures sur le cybersite du NOPADA : www.mapstrategy.com).


Il n'y a pas eu de planification du tout dans ce document. Sans doute cela aurait fait un peu trop socialisant, disons progessiste. Un développement intégré ne correspond pas non plus à ce qu'est le NEPAD. On aurait osé espéré plutôt à une démarche plus endogène de compter sur ces propres forces, de décupler les mécanismes d'entrainement par les mesures volontaristes et complémentaires de développement, l'emphase sur la coopération régionale et panafricaine. On cherche en vain le mot panafricanisme dans le NEPAD. Les leaders ignorent visiblement à présent ce que cela pourrait dire!

Evaluation des besoins
195. Pour déterminer les mesures à prendre dans les secteurs prioritaires, il faudra faire une étude d'évaluation des besoins, allant du niveau national, au niveau sous-régional et continental. Il s'agira
d'évaluer les besoins dans les cinq secteurs prioritaires en termes de structures et d'effectifs.

Nous attendrons de voir les secteurs et les besoins identifiés.

196. L'évaluation des besoins sectoriels sous -régionaux se fera sur la base de l'évaluation des besoins nationaux. L'on propose que les experts et ministres de chaque sous-secteur se réunissent dans
l'une des capitales de la sous-région. Pour chaque secteur, il faudra réunir les données de chaque pays et s'en servir afin de mettre au point le plan sectoriel sous-régional. Lorsque les besoins sectoriels
sous-régionaux auront été évalués dans les cinq secteurs, ils pourront être regroupés pour évaluer les besoins d'ensemble de la sous-région.

A suivre

197. Il convient de souligner qu'il ne s'agit pas simplement d'additionner les besoins sous-régionaux sectoriels, il faut commencer par avoir une perspective sous-régionale pour aboutir à au moins deux nouveaux éléments :
- Les besoins spécifiques de la sous -région perçus comme un espace unique en réunissant tous les pays ; les routes et voies ferrées par exemple ne devraient pas être conçues dans une perspective nationale mais plutôt sous-régionale; Les besoins devraient être rationalisés sur une base sous-régionale; par exemple les universités devraient être réparties dans une perspective territoriale sous-régionale. Finalement, les besoins du continent seront évalués dans les cinq secteurs considérés comme prioritaires en fonction des plans sous-régionaux d'ensemble. On trouvera des détails sur le cybersite du NOPADA

C'est rassurant de ne pas les additionner. C'est la complémentarité interafricaine qui a fait défaut dans un tas de secteurs privilégiés par le NOPADA.

Mécanisme directeur du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique

198. Les chefs d'Etat initiateurs indiqueront à l'Union africaine quel serait le mécanisme approprié de mise en œuvre du NOPADA.

Il aurait été intéressant de donner un aperçu au lecteur de comment le ça marche.

199. Ce mécanisme aura besoin d'un soutien technique de base en matière de recherche et de formulation de politiques.

De qui viendra ce soutien technique. Espèrons qu'on n'aura pas une expertise technique occidentale pour superviser le tout.

Comité des chefs d'Etat chargé de la mise en œuvre
200. Un Comité des chefs d'Etat chargé de la mise en œuvre, composé des cinq chefs d'Etat initiateurs du NOPADA, plus dix autres (à raison de deux par région), sera mis sur pied pour veiller à la mise en œuvre de l'Initiative.

Par qui et comment sera -t-il démocratiquement choisi?

201. Le Comité des chefs d'Etat chargé de la mise en œuvre aura les fonctions suivantes :
Déterminer quelles sont les questions stratégiques qui doivent faire l'objet de recherche, de planification et de direction au niveau du continent ; Mettre en place les mécanismes d'évaluation rétrospective des progrès accomplis en vue de la réalisation des cibles convenues d'un commun accord et du respect des normes acceptées par tous ; Examiner les progrès accomplis dans l'exécution des décisions prises afin de prendre les mesures idoines pour surmonter tout problème ou rattraper tout retard.

Ce qui suppose qu' il supervisera toutes les équipes qui se sont assignées les mêmes mandats dans les domaines sectoriels.


VIII. CONCLUSION

202. Le NOPADA a pour objectif de consolider la démocratie et la saine gestion économique du continent. Les dirigeants africains s'y engagent envers les peuples d'Afrique et le reste du monde à œuvrer de concert pour reconstruire le continent. Ils promettent de promouvoir la paix et la stabilité, la démocratie, une saine gestion économique et un développement axé sur les êtres humains et s'engagent à être mutuellement responsables en vertu des accords contenus dans le programme.

C'est très solennel, mais le NOPADA a aussi de fortes chances d'altérer et de compromettre ces engagements, à moins d'être sérieusement réformé.

203. En proposant cette association, l'Afrique reconnaît qu'elle détient la clé de son propre développement. Nous proclamons que le NOPADA offre aux pays développés du monde une occasion historique d'établir avec l'Afrique un véritable partenariat fondé sur des intérêts mutuels, des engagements communs et des accords contraignants.

Le NOPADA lui même risque d'être contraignant pour les peuples d'Afrique dans sa forme actuelle. Il est impérieux que nos populations bénéficient un jour d'un véritable plan de développement continental. Que cette préoccupation l'emporte sur la volonté permanente d'extraversion qui caractérise nos élites et nos développement. L'Europe qui s'est battue durant cent ans et puis deux guerrse mondiales, l'Amérique qui s'est forge ses zones de libres échanges, aussi inégaux soient ils, l'Asie qui se remodèle en grandes sphères, montrent la nécessité pour l'Afrique de s'unir rapidement pour ne pas subir davantage la mondialisation.

204. L'adoption de la stratégie de développement esquissée à grand trait ci-dessus ainsi que d'un programme d'action détaillé marquera le début d'une nouvelle phase de partenariat et de coopération entre l'Afrique et le monde développé.

Il est clair que le NOPADA comparé au capitalisme débridé et irresponsable qui fait rage en Afrique serait enviable. Mais c'est une théorie. De surcroît, une théorie qui gagnerait à être revue ou corrigée sous peine d'induire en erreur les partenaires potentiels et les popluations africaines. Car si les objectifs sont en général louables, et pas tous, les voies pour y parvenir sont discutables.

205. En réalisant les promesses qui y sont contenues, le présent programme devra permettre à l'enfant africain émacié d'espérer qu'en vérité le 21ème siècle sera bel et bien le siècle de la
renaissance de l'Afrique.

Compte tenu de l'état du patient et de la thérapie à risque suggérée, il n'est pas improbable que la médecine achève le malade non plus.

Abuja (Nigeria), octobre 2001