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NEPAD - Critique annotee -- Part 7 -- Agriculture
NEPAD - Critique annotee -- Part 7 -- Agriculture
B3. Agriculture
129. La majeure partie des populations d'Afrique vit dans les régions rurales. Néanmoins, les systèmes agraires sont généralement faibles et improductifs. Comme ils sont associés à des handicaps extérieurs tels que l'incertitude climatique, les déformations de la politique économique et les changements des prix mondiaux, ces systèmes ont entravé l'approvisionnement agricole et l'accroissement des revenus dans les régions rurales, ce qui a conduit à la pauvreté.

Il faut relativiser certains aspects de cet énoncé. D'abord une portion de plus en plus grande de ces ruraux s'exilent vers les zones dites urbaines, ou en tous cas font des navettes saisonnières (population urbaine s'accoissant au rythme de près de 7% l'an). Une majorité des ruraux sont des femmes qui s'échignent sur lots aux rendements faibles..
Les aléas climatiques sont aussi dus au mode de production et de consommation qui dominent à l'échelle mondiale et qui déterminent aussi la production agricole. Parler de déformations de la politique économique est peut être diplomatique, mais atténue de beaucoup les responsabilités. Structurellement les spécialisations agricoles néo-coloniales, la fixation du prix des produits et la détérioration constante des termes de l'échange sont des iniquités exogènes. L'échec de l'agriculture africaine en relève partiellement, car l'autre partie incombe à l'interne à l'absence de révolution agricole. Préoccupés de ponctionner leur couche rurale, les Etats africains ont refusé de favoriser une agriculture populaire, voire même l'avènement d'une paysannerie capitaliste. L'insistance démesurée sur le mode néo-colonial de croissance des monocultures couplée aux mesures agricoles des ajustements ont aggravé la paupérisation des couches rurales.

130. La nécessité pressante de parvenir à la sécurité alimentaire dans les pays d'Afrique impose que la question des systèmes agricoles inadéquats soit abordée pour que la production alimentaire puisse être accrue et les niveaux nutritionnels améliorés.

On ne parle plus d'autosuffisance alimentaire et c'est déja un signe de recul dans les aspirations des Etats. Comment poursuivre la frénésie de taux de croissance axés sur l'augmentation des exportations (dont l'agriculture est un volet important) et pouvoir en même temps privilégier le choix vivrier. Les femmes qui en étaient responsables ont été petit à petit capturées par les exigences d' augmentation de volumes des cultures d'exportation. La perspective de diversifier la production de ces dernières ne règle pas le problème.

131. L'amélioration de la performance agricole est une condition préalable au développement économique du continent. L'accroissement du pouvoir d'achat des populations rurales qui en résultera conduira également à une augmentation réelle de la demande de produits industriels africains. La dynamique induite
constituerait une source significative de croissance économique.

Ici on peut se demander quelle action amène un tel changement? Bien des pays ont amélioré leur performance agricole, alors que cyniquement s'effondrait le prix de leur produit en question. Améliorer la performance agricole suppose dans le discours en vogue l'agro-business. Avec la modernisation et les récoltes abondantes il y a aussi l'expropriation graduelle des masses paysannes, leur endettement croissant pour soutenir le coût exorbitant des intrants, leur transformation en ouvriers agricoles. Comment va dès lors s'accroître le pouvoir d'achat des paysans, quand on sait que la majorité ne pourra s'ajuster à ce rythme? Le postulat du NEPAD s'enchaine avec la perspective de voir se relever le secteur industriel africain. Ce dernier pourrait même couvrir des besoins de couches rurales désormais pourvues d'un plus grand pouvoir d'achat. Comment en pleine désindustrialisation, le NEPAD fait il apparaître l'industrie brandie tel un miracle. Ceci est surprenant car les auteurs n'ignorent pas l'échec étatique de l'industrie africaine, surtout en terme d'arrimage à l'agriculture. La libéralisation et privatisation du secteur industriel, la levée du protectionnisme, la difficulté de compêtir avec les produits asiatiques et latino-américains, la dépendance en investissements et en équipements extérieurs, couplés à la faiblesse de la main d'oeuvre incitent vraiment à intérroger comment le NEPAD prévoit répondre à sa prétendue demande paysanne.
La solution passe:
- par une réforme agraire et une révolution agricole où, l' agriculture assure prioritairement les besoins vivriers des régions africaines et que soient régler les problèmes de répartition. Passage du modèle vivrier extensif traditionnel au modèle intensif intégré modernisant les emplois locaux préparant et transformant l'agriculture .
- par une agriculture d'exportation incluant diversification qui, par ses péréquations, assure prioritairement un marché régional intérieur de biens de consommation de masse. Dans ce dernier, prévoir la protection régionale et continentale des industries fragilisées ou en devenir. Lorsqu'elles sont fragiles, sélectivement les désengager du système mondial sous peine de les voir pérécliter .

132. L'accroissement de la productivité agricole repose sur l'élimination d'un certain nombre de contraintes structurelles qui affectent le secteur. Une contrainte clé est l'incertitude climatique, qui augmente le facteur de risque auquel une agriculture intensive, fondée sur l'afflux significatif d'investissements privés, doit faire face. En conséquence, les gouvernements doivent appuyer la mise en place d'infrastructures d'irrigation et mettre en valeur des terres irrigables lorsque les entreprises privées y rechignent. L'amélioration de l'infrastructure rurale (routes, électrification des zones rurales, etc.) est également essentielle.

Les premières contraintes structurelles relevant des pays du nord ne sont pas mentionnées. L'incertitude climatique est certes de dimension planétaire. Mais la responsabilité des modes de production et de consommation des pays avancées en dépend grandement. Le NEPAD n'ose pas interpeller ses parrains sur leurs responsabilités. Par contre, il leur fait les yeux doux, puisque ce n'est qu'à cette rubrique que l'on déduit le projet agricole. Il s'agit bien d'un modèle agrobusiness couplé à l'agro-industrie. Il dépend des investissements extérieurs. Cette agriculture intensive irriguée, auquelle l'Etat participera si les firmes multinationales ne daignent pas le faire, risque d'achever l'agriculture africaine moribonde
En lieu et place, les aménagements doivent être orientés en priorité vers les petits producteurs et non les méga-projets nécessitant souvent des irrigations à grande échelle. Pourquoi ces firmes et investisseurs intéressés au profit, malgré tous les avantages d'infrastructures que veulent leur préparer nos Etats, réduiraient -ils tant soit peu le rapatriement de leurs bénéfices? Autrement, sans cette réduction, comment va -t-on pouvoir assister la majorité des paysans qui n'auront pas de place dans ce scénario de modernisation et d'accroissement de la productivité agricole?

133. L'environnement institutionnel de l'agriculture a aussi un effet significatif sur la productivité et la performance de ce secteur dans le domaine de l'approvisionnement. Un appui institutionnel sous la
forme de centres et d'instituts de recherche, la fourniture de services de vulgarisation et d'appui ainsi que des foires commerciales agricoles stimuleront la production d'excédents commercialisables.
Le cadre des réglementations relatives à l'agriculture doit également être pris en considération, avec notamment l'encouragement des dirigeants des communautés locales dans les régions rurales et la
participation de ces communautés à la formulation des politiques et à la prestation des services.

Cette pertinente rubrique aurait été l'occasion de se distancer de la tendance aux OGM en vogue dans la mondialisation néolibérale. L'intérêt marqué pour les excédents commercialisables montre une fois de plus que l'on privilégie le marché jusque dans le support institutionnel. Peut être est-ce une façon de tempérer le rôle de l'Etat, pourtant si important pour un tel appui institutionnel. Ces instances doivent être prioritairement promues pour soutenir le monde rural, assurer sa formation surtout dans une perspective sexospécifiée, sauvegarder les semences en voie de disparition etc.
L'incitation de la participation de ces populations est essentielle.Elle doit se poursuivre notamment si elle résistent aux pratiques néolibérale qui les privent de leur gagne pain.

134. Depuis quelques temps, les bailleurs de fonds bilatéraux et les institutions multilatérales n'accordent que peu d'attention au secteur agricole et aux régions rurales, dans lesquelles vivent 70
pour cent des pauvres d'Afrique. Par exemple, dans le portefeuille de la Banque mondiale, les crédits destinés à l'agriculture s'élevaient à 39 pour cent en 1978 mais étaient tombés à un niveau de 12 pour cent en 1996 et à un niveau de 7 pour cent en l'an 2000. La communauté des bailleurs de fonds dans son ensemble doit renverser cette tendance négative.

Cette négligence est sciemment perpétrée en raison des coûts de rentabilité immmédiats faibles. La Banque mondiale qui a contribué à intensifier la crise de l'agriculture africaine, autant dans la phase étatique que dans la phase du désengagement de l'Etat, continue d'y improviser ses politiques d'endettement désastreuses, malgré la faiblesse de ses enveloppes budgétaires. Implorer la Banque et ses alliés d'y revenir en force, sans se souvenir des affres qu'ils ont provoqué, relève du masochisme pour le monde rural. L'invitation du NEPAD à la Banque devrait être assortie de conditions strictes en faveur du monde paysan. Or, les conditions de profit étant faibles, il n'est pas surprenant que ces bailleurs de fondset investisseurs, malgrè l'offrande qui leur est faite, se fassent prier. Il y a aujourd'hui un éventail incroyable d'offres de matières premières disponibles et l'embarras du choix pour le marché. La tendance de la mondialisation néolibérale étant la spéculation sur les actions et non la production, il n'est pas surprenant que les tenants du NEPAD soient prêts à tout pour renverser cette tendance qui contrarie leurs plans. En lieu des place, il aurait été plus judicieux de transformer ce répit dans l'interventionnisme extérieur par un désengagement effectif sur la base nationale et régionale et populaire qui serve les aspirations du monde paysan.

B4. Initiative pour l'environnement
135. L'on sait qu'un environnement sain et productif est une condition préalable indispensable à la réussite du NOPADA. L'on sait aussi que tous les aspects indispensables à l'entretien de cette base écologique sont nombreux et complexes et qu'il faudra une combinaison systématique d'initiatives pour mettre au point un
programme cohérent de protection de l'environnement. Il faudra faire des choix et établir l'ordre de priorités des premières interventions.

On peut comprendre la prudence et les étapes des auteurs. C'est que l'éveil de conscience naît du sommet de la terre de Rio de 1992 est resté lettre morte. La mobilisation et la volonté de mise en oeuvre de l'agenda 21et de sa déclaration politique avait ouvert beaucoup d'espoirs en Afrique. Cette dernière a vu fleurir diférentes initiatives entretemps. Entre autres, la commission du développement durable de l'ONU, le traité sur la désertification, le protocole de Kyoto sur les gaz à effet de serre, la création du 17 Juin journée mondiale contre la désertification et la prise de conscience sur la sauvegarde de l'eau. En terre africaine, le sommet de Johannesburg est sensé encadrer et articuler la coopération entre Etat, secteur privé, population et société civile pour concrétiser le développement durable de l'agenda 21. Les organisations écologiques s'y rendent avec appréhension. On peut d'ores et déja craindre qu'on s'y offrira des droits et non des devoirs, et que les Etats ne pourront pas réformer les institutions internationales et les pratiques qui empêchent l'application de tant de conventions et de traités. Cette ambiance ambigüe se reflète dans l'intitulé du NEPAD qui postule la possibilité de concilier des éléments en principe antinomiques soit la productivité et un environnement sain.

136. L'on sait de plus que l'objectif qui doit être au cœur de l'initiative en matière d'environnement doit être de lutter contre la pauvreté et de contribuer au développement socio-économique de l'Afrique. L'expérience a montré que nombre de mesures prises pour protéger l'environnement peuvent beaucoup contribuer à créer des emplois, à responsabiliser les populations et à leur offrir cohésion sociale et dignité tout en combattant la pauvreté.

Il aurait été intéressant, ne serait ce qu'en annexe d'illustrer ces réussites. Car la productivité de 7% sur tant d'années, dans l'agriculture, l'industrie, le tourisme, la pêche, le développement urbain risquent d'occasionner un impact négatif sur l'environnement. Or soutenir un tel seuil de croissance, assorti de mesures de préservation environnementale coûte très cher. Les pays avancés commencent juste eux mêmes à daigner s'y aligner, malgré leurs importants moyens. Le recyclage, le reboisement, le traitement de l'eau, et bien des initiatives écologiques permettent certes la prise de conscience et probablement la possibilité d'améliorer la condition sociale. De là à lutter contre la pauvreté, ce doit être à long terme à moins qu'on nous en fasse la démonstration. Car pour l'instant , par manque de ressources la pauvreté affecte l'environnement qui l'affecte en retour.

137. Il convient de mentionner aussi que l'Afrique va accueillir le Sommet mondial sur le développement durable en septembre 2002. La gestion de l'environnement est à la base de toute une gamme de sujets que le sommet examinera et nous pensons que cela relève particulièrement le statut des délibérations en matière
d'environnement dans le cadre du NOPADA.

En fonction de la frustration illustrée dans les commentaires apportés au point 135, l'Afrique doit utiliser cette occasion historique pour un lobby uni et résolu des autres pays du Tiers monde et de l'OCDE. Avec la question sécuritaire et la frénésie commerciale, la question environnementale semble de nouveau tomber dans la routine des arcanes internationales. Il faut répéter aux participants que l'économie de marché n'est pas la solution aux problèmes environnementaux!

138. L'on visera dans ce cadre huit interventions prioritaires :
- Lutter contre la désertification. L'on envisage des interventions modèles de remise en état des terres dégradées visant les facteurs qui en ont provoqué la dégradation. Nombre de ces activités seront à forte intensité de travail, à savoir des programmes de travaux publics qui contribueront à répondre aux besoins de développement social du continent.

La bande sahélienne recule de plus de deux kilomètres chaque années devant l'extension du Sahara. Des zones entières qui n'appartiennent pas à cette sphère sont aussi fragilisées, car l'Afrique a perdu en un siècle plus de la moitié de ses forêts. La première suggestion sur la désertification est donc fort intéressante. Si on vise les facteurs qui ont intensifié la dégradation force sera de reconnaître qu'on ne pourra pas appliquer le NEPAD. Car la croissance escomptée suppose l'intensification des monocultures dans le schéma agricole néolibéral, la diversification des cultures qui exige la défrichage de forêts entières et de la savane, la croissance dans l'industrie de la coupe forestière de bois noble, les perspectives de cultures irriguées qui accèlerent le lessivage, le surpâturage. Quelques pressions parmi d'autres sur l'écosystème africain qui seront difficilement compatibles avec le projet de lutte contre la désertification.
Le reboisement à grande échelle, l'arrêt du défrichage par brûlis et des monocultures, l'agroarboriculture et surtout l'entretien des infrastructures contrant la désertification pourraient servir à une stratégie de plein emploi. Encore faudrait il que les Etats s'y attelent. Nous applaudissons à la perspective de programmes de travaux publics, car tel est le rôle de l'Etat responsable. L'agenda 21 de Rio prévoyait de soutenir les initiatives nationales. En la matière, les efforts sont jusque là très modestes. Quant aux forêts, les poumons de la planète, la communauté internationale attend toujour l'avènement d'une convention internationale qui la protégerait.

- Protection des zones humides. Multiplier des interventions modèles africaines de protection des zones humides dont les bénéfices socio-écologiques offrent un excellent rendement.

Plusieurs des éléments soulevés précédement s'appliquent ici. La réhabilitation et la stabilisation de ces espaces de rétention d'eau est essentielle. Elles passent par la préservation des forêts et abrissaux alentours, des mangroves, des cours d'eau, de la faune et la flore. Leur extrême fragilité à la pollution impose de prendre avec circonspection cette notion de "rendement" dans l'intitulé.

- Espèces exotiques envahissantes. Il faudra établir des partenariats pour empêcher l'implantation d'espèces exotiques envahissantes ou lutter contre elles. Ces partenariats seront indispensables tant pour assurer l'intégrité des écosystèmes naturels que pour protéger l'économie. D'importantes initiatives à forte intensité de travail pourront être envisagées.
Ici aussi une stratégie de plein emploi suppose l'implication des autorités publiques. Certaines semences améliorés et OGM devraient êtres inclus dans cette liste d'espèces.

- Gestion des côtes. Pour protéger les ressources côtières et en assurer la meilleure exploitation possible, l'on suggère encore une fois des interventions modèles qui pourront être suivies d'un programme plus vaste.

Les pays dont le niveau est proche du niveau marin sont très exposés en termes de pertes de surfaces agricole et résidentielles. L'érosion se conjuguant aux perturbations climatiques exposent donc des populations entières. On notera ici qu'un aspect passé sous silence car pouvant apparaître plus lointain demeure important. Il s'agit de 'l'érosion des plateformes continentales et la surpêche par les filets pélagiques des bateaux usines. Certains sont illégaux, d'autres obtiennet des droits en vertus d'accords bilatéraux et commerciaux iniques et anti-démocratiques. Justement, ils assurent cette "fameuse exploitation possible " au détriment de la faune et des côtes. La surveillance des ressources halieutiques et la lutte contre la pollution portuaire et marine, doivent être inclues à cette rubrique, et la responsabilités des gouvernements des élites et des milieus d'affaires est engagée.

- Réchauffement planétaire. L'accent sera mis tout d'abord sur le suivi et la réglementation de l'impact des changements climatiques en même temps que des contributions qui y sont apportées. Des mesures à forte intensité de travail sont indispensables pour une lutte intégrée contre les incendies.

Un monde sous effet de serre est sujet à des catastrophes en série. Le retrait des Etats Unis du protocole de Kyoto donne le ton à la poursuite inconsidérée d'une croissance suicidaire pour l'humanité. Les feux de forêts doivent être combattus énergiquement, les populations et les touristes sensibilisés.

- Zones transfrontières de protection de l'environnement. Il s'agirait de tirer parti des initiatives naissantes de partenariats entre les pays pour protéger l'environnement, favoriser le tourisme et par conséquent créer des emplois et les protéger.
En autant que ces safari profitent aux populations et qu'elles ne les folklorisent pas. Lorsque le tourisme populaire prend en charge ces projets, en plus du cachet d'authenticité, il y stratégie de plein emploi pour les communautés et perspective de préservation écologique de la faune et la flore. Les autorités doivent soutenir ces initiatives et les protéger des grandes industries du divertissement qui les instrumentalisent.

- Gouvernance écologique. Il s'agit de répondre aux besoins en termes d'institutions, de législations, de planification, de formation et de renforcement des capacités indispensables à la réalisation de toutes les actions susmentionnées.
- Financement. Il faudra assurer au travail de financement un cadre soigneusement structuré et équitable.
Ces deux aspects relèvent de volontés politiques qui s'émoussent chez les bailleurs de fonds. Les gouvernements africains doivent résolument s'engager à respecter l'environnement et à lui accorder toute l'importance qu'il requiert. Il ne s'agit donc pas de créer une multiplicité de structures, qui fonctionneront comme des coquilles vides. Dotés de moyens, encadrés par une volonté politique, et par les ressources compétentes, soutenus par les populations des structures légères seront operationnelles. Des taxes de pollueurs payeurs pourront contribuer à renflouer ces organisations.

139. L'Initiative pour l'environnement offre le net avantage de regrouper de nombreuses initiatives qui peuvent être engagées dans des délais relativement courts et dont le rendement par rapport aux investissements est exceptionnel en termes de création d'une base socio-écologique permettant au NOPADA de prospérer.

L'esprit mercantile en terme d'investissement et de rendement qui déteint dans ces formulations ne doit pas exclusivement animer cette démarche. Il s'agit ne l'oublions pas, dans bien des cas, d'éléments de survie collective. Engager rapidement les opérations est une chose. Il ne faut pas perdre pour autant de vue que les délais sont en réalité plus longs qu'il n'y paraît. La nature ayant sa propre capacité à s'adapter aux interventions humaines positives comme négatives. L'impact ne se mesure que dans la continuité.Comme il n'y a pas de précisions sur les autres initiatives, j'ose espérer que celles qui suit en sont. Les initiatives citoyennes comme le recyclage, le compostage, l'entreposage sécuritaire de produits toxiques, la sensibilisation sur des comportements écologiques doivent être promues et soutenues.

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B5. Culture
140. La culture fait partie intégrante des efforts de développement du continent. C'est pourquoi il est indispensable de protéger et d'utiliser correctement le savoir autochtone qui représente une dimension importante de la culture du continent et d'en faire bénéficier toute l'humanité. Le NOPADA consacrera une attention toute particulière à la protection et au développement du savoir traditionnel. C'est-à-dire aux œuvres littéraires et artistiques nourries de tradition comme aux travaux scientifiques, performances,
inventions, découvertes, conceptions, marques, appellations et symboles, informations encore non divulguées et toutes autres innovations et créations fondées sur la tradition et des activités
intellectuelles dans les domaines industriel, scientifique, littéraire ou artistique. Ce concept englobe aussi le patrimoine génétique et les connaissances médicales traditionnelles qui y sont associées.

C'est enfin la prise en compte que le développement est un processus culturel. Il aurait été intéressant de prévoir la traduction du NEPAD dans une ou deux grandes langues africaines. Nous espérons que lorsque ce document sera amendé en profondeur, et que nous aurons un jour un plan de développement continental et de partenariat avec le reste du monde, il sera disponible en langues africaines. C'est aussi l'occasion de montrer que la culture qui anime le NEPAD , même si il rédigé par des africains, n'est pas africaine. Dans son trop grand syncrétisme, on y cherche en vain l'esprit de solidarité, la chaleur humaine, le commensal, la convivialité, la fraternité si caractéristiques de nos cultures et qui se sont évanouis sous le raz de marée des influences néolibérales déshumanisantes.

141. Les dirigeants du NOPADA prendront d'urgence des mesures pour faire en sorte que le savoir autochtone de l'Afrique soit protégé par des législations appropriées. Ils favoriseront aussi sa protection
au niveau international en travaillant pour ce faire en étroite collaboration avec l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI).

Quelles sont ces mesures? Comment se protéger des incursions de l'OMC dans le domaine de la propriété intellectuelle? Comment protéger nos cultures contre la culture de masse mondialisée défendue par les tenants de cette organisation auquelle se plie le NEPAD

B6. Tribunes sur la science et la technologie
142. Objectifs
Promouvoir une coopération et une amélioration des connexions transfrontalières en utilisant les connaissances dont disposent les centres d'excellence existants pour tout le continent ;
Développer et adapter la capacité de collecte et d'analyse de l'information pour appuyer les activités de production et les exportations de l'Afrique ; Générer une masse critique de compétences technologiques dans des domaines ciblés qui présentent un potentiel de croissance élevé, en particulier la biotechnologie et les sciences de la Terre ; Assimiler et adapter les technologies existantes pour diversifier la production des industries manufacturières.

Si tant de bonnes idées et d'énergie était prioritairement orientées vers le développement panafricain et l'intégration régionale on s'en féliciterait. Mais une fois de plus on voit que le but est d'abord la croissance et l'exportation.

143. Actions
Etablir une coopération régionale pour la mise au point et la diffusion de normes pour les produits, ainsi que pour les systèmes d'information géographique (SIG) ; Mettre au point des réseaux entre les centres d'excellence existants, en particulier au moyen de l'Internet, d'échanges de personnel et de programmes de formation transfrontaliers et fournir une assistance aux scientifiques et aux chercheurs réfugiés; Collaborer avec l'UNESCO et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)
ainsi que d'autres organisations internationales pour exploiter la biotechnologie afin de développer le potentiel commercial de la riche diversité biologique et de la base de connaissances autochtones de l'Afrique, en améliorant la productivité agricole et en développant la production pharmaceutique; Développer la recherche dans le domaine des sciences de la Terre pour accroître l'exploitation des richesses en minerais de l'Afrique ; Mettre en place et développer une base de compétences dans le domaine des techniques de fabrication des produits et du contrôle de la qualité pour appuyer la diversification des industries de transformation.

Ces initiatives qui ont beaucoup de mérite doivent éviter les matériaux inaccessibles financièrement et technologiquement. Elles devraient s'orienter prioritairement vers des technologies appropriées, générant le moins de dépendance possible et qui soient le plus rapidement possible reproductibles localement. Les perspectives endogènes de développement et leur progression horizontale à l'échelle sociale doivent donc animer l'essentiel des actions.
Sur la question pharmaceutique et autres technologies, le pouvoir moral des institutions spécialisées, lorsqu'ils ne reproduit pas inconsciement l'international du capital est insuffisant pour contrer la brutalité des transnationales. Les populations et leurs régimes doivent être solidaires contre elles.
Les minerais de plus en plus inconsidérément pillés par des firmes juniors sur le continent gagneraient à être sauvegardés et méthodiquement et parcimonieusement exploités.
La technologie artisanale ou la modernisation de l'artisanat ouvre aussi des perspectives de plein emploi et de développement. Les autorités doivent changer de mentalité et oeuvrer pour une révolution psychique et mentale pour libérer davantage les imaginations et le savoir faire collectif

C. MOBILISATION DES RESSOURCES
C1. Initiative en faveur des flux de capitaux
144. Pour réaliser la croissance annuelle d'environ 7 pour cent par an envisagée dans les objectifs internationaux de développement et surtout pour diminuer de moitié l'incidence de la pauvreté en Afrique d'ici l'an 2015, le continent a besoin de combler un déficit annuel de 12 pour cent de son PIB, soit 64 milliards de dollars EU. Il faudra pour ce faire augmenter l'épargne domestique et améliorer la perception des recettes fiscales. Cependant, la majeure partie de ces ressources devra être obtenue de l'extérieur du continent. Selon le NOPADA, ce sont avant tout la réduction de la dette et l'APD qui apporteront les ressources extérieures requises à court et moyen terme, tandis que les apports de capitaux privés doivent être envisagés plutôt à long terme. Un principe fondamental en matière de flux de capitaux est que l'augmentation des apports de capitaux est inséparable de l'amélioration de la gouvernance. C'est pourquoi la participation aux initiatives en matière de gouvernance économique et politique est une condition préalable indispensable à la participation à l'initiative relative aux flux de capitaux.

A Monterrey en mars 2002 s'est tenue la conférence internationale sur le financement du développement. Le résultat était très modeste pour ne pas dire décevant. Les pays avancés disent qu'ils augmenteront leurs subsides. Le G8 a annoncé qu'il augmenterait annuellement de 20 milliards de $ son budget d'aide au Tiers monde. L'Afrique serait privilégiée dans cette enveloppe. Devant tant de promesses, on ne peut que répéter les exigences des 0,7% du PIB fixés en vain à l'ONU au début des indépendances. Jusqu'à présent les sommes consacrées servaient aussi les intérêts stratégiques des "donateurs". De plus en plus , le crèdit s'est substitué à l'aide. La coopération internationale au développement se faisant phagocyter par le marché.
Le G8 à Cologne avait promis une réduction de 60% de la dette. En réalité, il faut faire plus et surtout par la suite ne pas nuire au crèdit des pays qui béficieraient de telles mesures.
Dans beaucoup d'articles consacrés au NEPAD, ce 64 milliards a été décrits comme le coût total du financement du programmme. On voit bien à l'intitulé qu'il s'agit de la somme pour éponger le déficit. Le NEPAD qui s'assignait du binôme crédit et aide y revient ici ouvertement.
La dette africaine est insupportable pour le continent. Le service de la dette correspond au triple de ses exportations. Ajoutons à cela les fuites illicites de capitaux, impossibles à calculer, mais qui abondent dans les pays du G8, de l'OCDE, les semi-périphéries et les paradis fiscaux. Au regard de ce qui précède et de l'histoire injuste subie par ce continent, la dette a été payée . Les intérêts ont gonflé le coût de la dette, des élites corrompues en ont profité, des projets conjoints portant la responsabilité des bailleurs de fonds ont été des gouffres financiers. Tout cela plaide pour l'annulation inconditionnelle. Il ne peut y avoir de développement avec ce boulet, qui garde en otage l'Afrique au profit d'un développement usuraire et prédateur.
Au delà de cette annulation, le G8 et le monde dit développé a un devoir d'équité vis à vis de l'Afrique. Au sommet de Doha, les négociations commerciales, sensées ouvrir les portes du monde développé aux produits du Sud, ont montré que les premiers n'étaient en fait pas prêts à le faire. En revanche, on attend du Sud des législations toujours souples et en faveur des investisseurs et toujours plus de concessions pour l'ouverture de ses marchés. Comment dès lors dégager des sommes d'argent et mobiliser de l'argent sans dépendance?

i) Augmenter la mobilisation des ressources internes

145. Pour relever la croissance et réduire plus efficacement la pauvreté, l'Afrique a besoin de mobiliser des ressources supplémentaires. Dans les pays, les ressources proviennent de l'épargne domestique des entreprises et des ménages qui devaient être nettement augmentée. Il faudrait aussi augmenter les revenus fiscaux pour augmenter les recettes publiques tout en rationalisant les dépenses des pouvoirs publics. Les pays d'Afrique perdent une importante partie de l'épargne locale du fait de la fuite des capitaux.
C'est une tendance qui ne pourra être renversée que si les ressortissants pensent qu'ils ont intérêt à conserver leurs richesses en Afrique. C'est pourquoi il faut aussi d'urgence créer des
conditions favorables aux investissements du secteur privé, local et étranger.

Il sera difficile de taxer davantage la population qui paye déja, et encore plus dure de le faire dans le secteur informel. Une grande équité doit prévaloir en ce domaine, Il est clair que si en retour les gens bénéficient de services adéquats des services publics, ils paieront leur dû si ils le peuvent. L'épargne domestique quasi inexistante, parce que grévée par les ajustments structurels, pourrait difficilement être significativement mise en contribution sans hypothéquer plus gravement la condition sociale des plus vulnérables. Les taxes doivent être faites en fait sur les produits de luxe et la consommation superflue. Il est vrai qu'un environnement plus sain inciterait les plus nantis à ne pas sortir leur argent. Mais de sérieuses barrières fiscales pourraient être brandies contre la fuite de capitaux. Et surtout la coopération des pays du Nord, si prompts à donner des leçons de transparence, pourrait être sollicitée pour le rapatriement des richesses illicites. On serait surpris des volumes d'argent qui pourraient ainsi être consacrés au développement.
Les investisseurs n'ont jusque là que bénéficié de toutes sortes d'incitatifs. Les zones franches, les détaxations, exonérations, frais de brevets, et toutes sortes de courbettes abondent. Au détriment de leur solidarité panafricaine tous les gouvernements compétissent, à qui mieux mieux pour offrir le plus d'espace sécuritaire à l'investissement.. La corruption et les pots de vins doivent être combattus à tous les échelons.
Contrairement à la version anglaise, la version française a été amputée de la phrase suivante :
(Furthermore, there are other resources wich can mobilised within Africa, while at the same time, requesting the development countries to pledge their Treasury Bills to finance the plan. By so doing they would not directly commit their liquid assets. Finally, we suggest the establishment of Special Drawing Rights for Africa).
La première proposition ne mentionne pas quelles sont les sources de financement disponibles en Afrique qui seraient mobilisées. L'autre pendant dépend grandement des pays du G8 , et de l'OCDE et suppose des garanties en retour que ne semblent pas considérer le NEPAD. L'opinion publique et les banques occidentales, déja frileuses sur la dette, cautionneraient difficilement une telle création et flexibilité des bons de trésor, à moins d'y disposer d'avantages. Mais rien ne coûte d'essayer en autant qu'ils ne soient pas liés à des conditionnalités supplémentaires insupportables pour les populations. Quant aux droits de tirages spéciaux pour l'Afrique, il aurait été intéressant aussi de savoir ce qui les garantirait côté africain sans offrir encore plus de contrôle aux institutions de Bretton Woods sur nos destins.

(ii) Initiative au sujet de la dette
146. Le NOPADA vise à obtenir un allégement de la dette qui aille au-delà des niveaux actuels (fondés sur le concept de " viabilité " de la dette) lesquels imposent encore des paiements au titre du service
de la dette qui contribuent pour beaucoup au déficit. A long terme, l'objectif du NOPADA est de lier l'allégement de la dette aux résultats mesurés des activités de réduction de la pauvreté. En attendant, les plafonds du service de la dette devraient être fixés au prorata des recettes budgétaires, avec des plafonds différents pour les pays de l'Association internationale de développement (IDA) et les autres. Pour obtenir le maximum d'engagements à des conditions de faveur - allègement de la dette plus APD - dont
l'Afrique a besoin, les dirigeants du NOPADA négocieront avec les gouvernements créanciers. Les pays devraient s'adresser aux mécanismes existants d'allégement de la dette - PPTE et Club de Paris - avant d'essayer d'obtenir de l'aide par le biais du NOPADA. L'Initiative au sujet de la dette exigera des pays d'adopter des stratégies convenues de réduction de la pauvreté, des stratégies au sujet de la dette, ainsi que leur participation à l'Initiative en matière de saine gestion économique, afin que ces pays soient en mesure
d'absorber ces ressources supplémentaires. En plus d'essayer d'alléger plus encore la dette au moyen de la stratégie transitoire susdite, les dirigeants du NOPADA mettront en place un forum qui permette aux pays d'Afrique d'avoir des échanges d'expériences et de se mobiliser pour améliorer les stratégies d'allégement de la dette.

Ceci est un recul par rapport aux exigences du cadre africain pour l'ajustement stucturel et le développement -CARPAS- que s'étaient assignés les pays africains pour faire face aux ajustements structurels. Il est évidement aux antipodes des demandes de la campagne Jubilée qui a pu bénéficier de tant de sympathie en Afrique et en Occident. Comme dit à quelques reprises, en matière de dette africaine, il n'y a pas d'autres solutions viables et compatibles avec le développement, que l'annulation inconditionnelle et sans impact négatif ultérieur pour négocier d'autres crèdits. Les banques occidentales ont joué avec le Tiers Monde, certaines ont gagné, d'autres ont perdu. Le quasi casino qui tient de système dans l'univers de l'endettement est en partie responsable. Et depuis les années 70-80, il s'est aggravé dans la mondialisation . La financiarisation du capital atteint des sommets surréalistes et virtuels. Les sommes allant de 1500 à 1800 milliards s'échangent quotidiennement sur les marchés boursiers. La dette africaine y apparaît comme une anodine piqûre de fourmi. C'est pourquoi, comme l'avait suggéré le président Sankara avant son assassinat, les gouvernements africains doivent faire bloc et refuser de payer la dette. En lieu et place les tenants du NOPADA demandent à leur pays frères de s'aligner d'abord sur les PPTE et le club de Paris avant de pouvoir bénéficier de l'aide que pourrait offrir le NOPADA. Quel pathétique exemple d'unité devant l'adversité, qui ne fera que fragmenter et hiérarchiser davantage les pays africains.

147. Actions
Les chefs d'Etat du NOPADA vont essayer de négocier avec la communauté internationale un accord pour
obtenir un allégement plus important de la dette en faveur des pays participant au NOPADA, sur la base
des principes illustrés plus hauts ; Les dirigeants du NOPADA vont mettre en place un forum où les pays d'Afrique pourront procéder à des échanges d'expérience et se mobiliser pour améliorer les stratégies d'allègement de la dette. Ils y auront des échanges de vue sur la révision et l'amélioration du
processus de PPTE.

Cet essai de négociation où les propositions divulguées plus haut sont déja compatibles avec les exigences des bailleurs de fonds, n'augurent rien de bon pour les masses africaines. Il est clair par contre que les couches aisées seront confortées.
Un tel forum montre bien qu'on continue de négocier en rangs dispersés contre les bailleurs de fonds et que l'unité africaine à venir est loin d'être à l'ordre du jour. La dette doit être l'un des ferments de l'unité continentale.

L'adhésion des chefs de l'Etat africains au cadre agréée par leurs bailleurs de fonds les laissent à la merci de ces derniers. Il y aura ainsi toujours plus de contrôle de ces institutions, qui d'ailleurs perdent du pouvoir dans le monde développé à la faveur de la mondialisation. C'est pourquoi elles sont obligées de plus en plus de resserer leur vocation et leurs prérogatives sur les formations sociales de la périphérie.

(iii) Initiative pour transformer l'APD

148. Le NOPADA vise à obtenir une augmentation des apports d'APD à moyen terme et d'en transformer le système d'acheminement afin que ces ressources puissent être utilisées de manière plus efficace par les pays d'Afrique qui en bénéficient. Le NOPADA créera un Forum sur l'APD où les pays d'Afrique pourront mettre au point une prise de position commune sur la transformation de l'APD, avoir des pourparlers avec le Comité d'aide au développement (CAD) de l'OCDE et d'autres bailleurs de fonds pour rédiger une charte qui serve de base au partenariat pour le développement. Aux termes de cette charte, la participation à l'Initiative en faveur d'une saine gestion économique sera une condition préalable pour améliorer la capacité des pays d'Afrique à tirer parti de l'augmentation des apports d'APD ; la charte proposera
un mécanisme complémentaire indépendant d'évaluation, chargé d'assurer le suivi de la performance des bailleurs de fonds. Le NOPADA appuiera la mise en place d'un Groupe d'étude sur le Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DRSP) qui travaillera de concert avec la Banque mondiale et le FMI au sujet de ce processus.

Cette positition commune des pays africains sur la transformation de l'APD auraient dû figurer dans le NEPAD. Car après tout, le document parle d'un nouveau partenariat. L'occasion historique de le faire et de le présenter au G8 aurait été pertinente et appropriée. Hélas, elle est repoussée et annexée à d'autres proposition de charte avec l'OCDE . Ce n'est d'ailleurs pas aux africains de formuler l'APD, mais bien aux pays industrialisés, qui manquant à leur rôle historique durant le demi siècle dernier, tardent à le faire, ou s'assignent de nouvelles priorités. Les pays africains doivent exprimer clairement les besoins de leur développement et de leurs peuples, se prendre en main en luttant contre la dépendance. Ceux qui prétendent leur venir en aide devront s'identifier comme tel dans la pratique, d'autant plus qu'ils sont entrain de reviser cette "aide", à l'heure où l'investissement direct véhiculé par l'OMC apparaît plus judicieux.
Si les pays du G8 et de l'OCDE renoncent à privilégier leurs intérêts stratégiques dans l'APD, on aura fait un grand pas. S' ils en augmentent le volume et que cette "aide" est bien ciblée vers les secteurs clefs profitant prioritairement aux populations qui en ont besoin, on en fera un autre encore plus grand. Hélas, ce scénario idéal se fait attendre. Il reste des milliards de $ au milieu d'affaires qui n'ont rien à faire avec les enjeux du développement pour s'investir. Le milieu de la coopération au développement est gangréné par des organismes et des gens qui ne vivent que de nos misères et qui font plus partied u problème que de la solution. Leur présence sabote le travail impressionant et désinteressé de milliers d'autres qui inlassablement continuent leur solidarité.

149. Actions
Créer, en contrepartie au CAD de l'OCDE, un Forum de l'APD qui permette aux pays d'Afrique de mettre au point une prise de position commune sur la transformation de l'APD ;Par le biais du Forum sur l'APD, négocier avec les institutions donatrices l'institution d'une charte du partenariat pour le développement dans laquelle seraient inscrits tous les principes décrits plus haut ;
Appuyer les efforts de la CEA pour la mise en place d'un Groupe d'étude sur le DRSP ;
Mettre en place un mécanisme indépendant chargé d'évaluer les performances des bailleurs de fonds et
des pays bénéficiaires.

Les pays de l'OCDE se sont créés ce cadre, qui gagnerait à être appliqué de façon plus généreuse. On comprend que le NEPAD veuille instaurer un cadre plus harmonieux qui tienne compte des aspirations des africains. N'est ce pas surestimer la bonne volonté de ces bailleurs que de croire qu'ils accepteraient une telle transformation conjointe de l'APD?
En tous cas, il est temps d'avoir un code d'éthique de la coopération internationale qui soit agréée par les acteurs clefs.
Il est essentiel que cette évaluation des performance soit réellement indépendante et qu'elle soit assortie d'un audit.

(iv) Initiative pour les apports de capitaux privés

150. Le NOPADA vise à augmenter les apports de capitaux privés venant de l'extérieur de l'Afrique, pour en faire un moyen durable essentiel à long terme afin de combler les déficits.

Cet aveu de la vocation du NOPADA tombe à point nommé. Pour attirer des capitaux privés qui sont rares et qui malgré les incitatifs se font prier, le NOPADA s'échigne à lui offrir tous les avantages. Un renoncement aux objectifs d'un développpement endogène, l'accès illimité à nos minéraux, à notre agriculture et à nos forces productives, un espace sans conflits, un système politique dépolitisé et managérial. Malgré cela, l'engouement n'est pas si enthousiaste, à voir le nombre et la composition des gens d'affaires à la rencontre de Dakar cette année et leur intérêt timoré. Si les sommes qui sortent du continent pouvaient être égales à celles qui y seront investies, on pourrait espérer un monde meilleur. Mais les multinationales ne sont pas là pour faire de la coopération internationale, où éponger des déficits. Profit has to be Number one ! reste la devise.
Il y a aussi une dimension structurelle inhérente à notre système mondial dans la phase historique en cours, que sous-estime le NEPAD. Dans cette phase actuelle, se produit l'inégalité dans le cadre de l'expansion capitaliste. L'Afrique est inégalement ajustée aux exigences de la mondialisation dominée par le capital central qui provoque lui même cette polarisation. Si les termes de son accumulation intiment au capital central de s'y investir, c'est qu'il a un profit à y faire. Si il ne le fait, pas c'est que malgré la mondialisation débridée sous la houlette de son marché, les garanties et le risque n'en valent pas la chandelle,que d'autres zones sont plus immédiatement rentables, et surtout qu'il en retire déjàdu continent la partie qui l'intéresse. Donc escompter de la financiarisation qu'elle relance le système productif, c'est un peu confondre les enjeux. La financiarisation dans la mondialisation en cours procède à la fois de la spéculation et de la gestion de la crise d'accumulation. Cela ne veut pas dire que le grand capital renonce à exploiter la manne potentielle, mais plutôt qu'il la laisse en réserve, car elle n'est pas immédiatement hautement rentable et que ses intérêts secondaires peuvent y prospecter et faire des affaires.

151. - La première des priorités sera de s'attaquer à la perception de l'Afrique par les investisseurs comme
étant un continent à " haut risque " du fait de l'insécurité des droits de propriété et des insuffisances
des réglementations et des marchés. Plusieurs éléments du NOPADA vont contribuer à diminuer ces
risques progressivement, notamment les initiatives relatives au maintien de la paix et de la sécurité, à la
bonne gouvernance politique et économique, à l'amélioration des infrastructures et à la réduction de la
pauvreté. Parmi les mécanismes transitoires destinés à minimiser les risques devraient figurer des plans de
garantie des crédits et la consolidation des cadres réglementaires et législatifs relatifs aux investissements.
- La priorité suivante sera de mettre en œuvre un programme de renforcement des capacités en
partenariat public/privé par le truchement de la Banque africaine de développement et des banques régionales de développement, afin d'aider les pouvoirs publics, aux niveaux local et national, à structurer et
réglementer les transactions concernant les infrastructures et les services sociaux.
- La troisième priorité sera de promouvoir l'amélioration des marchés financiers domestiques, leur
harmonisation et leur intégration par-delà les frontières, grâce à une Equipe de travail chargée de l'intégration des marchés financiers qui commencera par mettre l'accent sur la législation et la réglementation des régimes financiers.

Ces éléments ne font que confirmer notre point précèdent. Il s'agit de séduire et d'attirer par tous les moyens. Dit en style simple, les propositions peuvent correspondre à cette caricature. Nous sommes le continent le plus riches regorgeant de tout ce qui d'habitude vous intéresse. Nous sommes et seront désormais stables et respectueux de vos investissements. Nous veillerons à ce qu'ils vous profitent et toute notre superstructure sera modelée pour satisfaire ce dessein. L'infrastructure que vous nous aiderez à bâtir sera le gage des bonnes affaires que nous ferons ensemble.Nous serons prèts à faire de bonnes affaires car nos marchés seront ajustés aux votres.
Dans cette entreprise de séduction, qui protégera le citoyen et la citoyenne africaine et les générations futures? Qui ne dit rien consent. Est-ce à dire que la transnationale, parce qu'elle daigne investir dans cet environnement taillé sur mesure, va pouvoir faire ce qu'elle veut du travailleur, des ressources du pays? quelle garantie prévoit le NEPAD contre les pots de vin, contre sa pollution?

152. Actions
Mettre en place une équipe de travail chargée de l'audit des législations et réglementations portant sur les investissements afin d'en réduire les risques et d'en assurer l'harmonisation en Afrique ;
Effectuer une étude d'évaluation des besoins et de faisabilité à propos des instruments financiers en vue de minimiser les risques associés à la conduite des affaires en Afrique ;Engager une initiative pour améliorer les capacités des pays de mettre en place des partenariats entre secteur privé et pouvoirs publics ;
Créer une Equipe de travail sur l'intégration des marchés financiers qui permettra d'accélérer la dite intégration en mettant en place des cadres législatifs et réglementaires compétitifs sur le plan international et en créant une plate-forme unique pour les affaires en Afrique ;Il va néanmoins être aussi important, en particulier à court et moyen termes, d'obtenir des ressources supplémentaires en APD et la réduction de la dette. Plus d'APD serait nécessaire pour permettre aux pays les moins avancés d'atteindre les objectifs internationaux de développement, en particulier en matière d'enseignement primaire, de santé et d'éradication de la pauvreté. Réduire plus encore la dette est aussi crucial. L'Initiative améliorée pour alléger l'endettement des pays pauvres très endettés (PPTE) impose encore à de nombreux pays en bénéficiant un très lourd fardeau d'endettement, compte tenu de la nécessité de consacrer plus de ressources à la réduction de la pauvreté. De plus, certains pays qui ne bénéficient pas de cette Initiative auraient besoin que leur dette soit réduite pour pouvoir consacrer des ressources à la lutte contre la pauvreté.

A l'instar de la réécriture des codes miniers africains en fonction du capital extérieur, l'avènement d'une plate-forme unique pour les affaires en Afrique, en plus des propositions pêle-mêle lancées pour attirer et garder les capitaux privés prouvent au moins une chose. Cette Afrique n'est pas en position de négocier devant le G8 et les firmes multinationales. Elle obtempère à toutes les injonctions avec même un certain zèle. L'Afrique tout entière doit s'assurer du contenu de cette plateforme unique pour les affaires sur le continent, afin d'éviter d'être donnée en pâture à la voracité d'un capital qui fait, pour l'instant, la fine bouche.
Trois équipes de travail et une initiative dont on ne sait pas en quoi elle consiste résument les actions qui seront entreprises. Est-ce rassurant pour le grand capital? La série d'équipes de travail et leur tâche d'assujettir leurs sphères respectives aux exigences du marché ne sont pas forcèment de garanties pour le grand capital. Ce qu'elles s'assignent de faire oui, car après tout il est déja en terrain conquis. Le grand capital attendra patiement le résultat de chaque étude et évaluation. Ensuite il déterminera si l'effort consenti est suffisant pour investir significativement ou non. Ainsi par exemple, un partenariat mixte ne sera agrée que si les capacités mises en place favorisent le capital extérieur.
En panne de formulations, le NEPAD revient en pleine actions de mobilisation du capital privé, répète encore sur l'APD, la dette et les initiatives de réduction de la pauvreté.

C2. Initiative pour l'accès aux marchés
(i) Diversification de la production
153. Les économies africaines sont vulnérables parce qu'elles dépendent de produits primaires et de secteurs fondés sur les ressources et que leurs exportations sont peu nombreuses. Il faudrait d'urgence diversifier la production et cela devrait logiquement se faire pour commencer à partir de la base de la
production africaine actuelle, à savoir les ressources naturelles du continent. Il faut augmenter la valeur ajoutée dans les agroindustries et dans l'enrichissement des minerais et développer plus avant la production de biens d'équipement, grâce à une stratégie de diversification économique fondée sur des liaisons intersectorielles. Il faut appuyer les entreprises privées, aussi bien les micro-entreprises
du secteur informel que les petites et moyennes manufactures, principaux moteurs de croissance et de développement. Les pouvoirs publics doivent supprimer les obstacles aux affaires et encourager les talents créatifs des entrepreneurs africains.

Les économies africaines sont surtout vulnérables parce que les structures du marché mondial ont été bâties par d'autres à leur seul intérêt. Il y a certes dépendance en une monoculture dans bien des cas, et cela renvoit à la persistance de la spécialisation coloniale. Ce n'est pas tant la dépendance en ce seul produit qui est l'explication de la vulnérabilité, mais le fait d'abord que le pays ne peut même pas en fixer le prix, et que par conséquent il dépend de fluctuations qui le favoriseront ou le défavoriseront selon l'humeur du marché. Si la communauté internationale était capable , au delà des minces versements compensatoires, de garantir des revenus stables sur ces matières premières, ce serait au moins une bouffée d'oxygène. Mais non, trop de pays ont le même produit, ont du mal à s'unir en cartel du fait de la force des mutinationales qui les divisent et des intérêts de classes de leurs couches dirigeantes. Il est vrai que par conséquent la diversification peut paraître la solution. Toute l'Afrique va dès lors diversifier. Mais si les règles du marché et de sa spéculation ne changent pas qu'est ce qui prouve qu'il y aura plus de recettes d'exportation? Qu'est ce qui garantit que le pouvoir d'achat des africain-e-s va augmenter, alors que rien n'indique que les termes de l'échange changeraient positivement, parce qu'il y aurait diversification. A la faveur des ajustements les pays , dont plusieurs ont été monétairement dévalués ont dû exporter davantage En quoi les firmes qui contrôlent le marché mondial agricole et minier gagnent -ils au fractionnement des monocultures et à de plus petite quantité de différents produits? Sont elles prêtes à hausser le prix des produits toujours bien stabilisés pour les consommateur au Nord, et à hausser et à stabiliser le prix des producteurs? Assurèment non, car elles ne feraient pas assez de profit.
Les pays africains, au lieu de se lancer à l'aveuglette dans la diversification pour la compétition, doivent agir en terme de complémentarité entre eux pour fortifier leur marché intérieur et profiter des avantages dont ils recèlent chacun.
Compte tenu des capacités industrielles actuelles et des coûts élevés d'une telle réorientation, un secteur de biens d'équipement doit passer après la satisfaction des besoins essentiels.
Avec le même entrain qu'il y aurait à soutenir l'entreprenariat, le NEPAD et les gouvernements devraient soutenir les affaires qui vont dans le renforcement de l'intégration régionale. Ceci passe par une approche autocentrée et un régime politique responsable et démocratique. Une telle approche autorise tout aussi bien le fonctionnement du système de prix et la promotion du marché. L'Etat s'assure de lutter contre la pauvreté en développant les forces productives, les ressources humaines et les secteurs économiques les plus dynamiques du pays. La révolution agricole dans les cultures de subsistance et l'accélération des mécanismes d'intégration régionale fortifient autant le marché national que le marché intérieur régional. Une telle relation Etat-marché offre une base plus solide pour la compétition dans les marchés extérieurs.

(ii) Agriculture
154. Objectifs
Améliorer la productivité de l'agriculture en accordant une attention particulière aux petits exploitants et aux agricultrices ; Assurer la sécurité alimentaire pour tous et accroître l'accès
des pauvres à une alimentation et à une nutrition adéquates ; Promouvoir des mesures pour lutter contre la dégradation des ressources naturelles et encourager des méthodes de production qui soient écologiquement durables ; Intégrer les pauvres ruraux à l'économie de marché et leur fournir un meilleur accès aux marchés à l'exportation ; Transformer l'Afrique en exportateur net de produits agricoles ; Jouer un rôle stratégique prédominant dans le domaine des sciences agricoles et du développement de la technologie.

En accord avec cette proposition , nos maintenons les arguments invoqués au point 129, en insistant sur le soutien aux agricultrices (titre foncier, accès au crèdit et aux intrants, formation..).
L'intégration des pauvres à l'économie de marché et à l'exportation, sans poser les termes de ctte intégration peut paraître imprudent. Sous les PAS, le démantèlement des stuctures étatiques d'encadrement et de soutien au producteur, dont je reconnais l'inadaptation, la lourdeur et parfois la corruption, est donc un motif d'inquiétude. Exposer donc ces paysans pauvres à un rythme de production qui sera difficile à soutenir (d'autant qu'on a l'objectif de diversifier, d'être exportateur net de produit agricole, et de compétir), doit être reconsidéré. La capacité de concurrencer des acteurs plus gros sur le marché passe par un soutien au producteur et à leur auto-organisation en coopératives ou en toute structure entrepreneuriale susceptible de pallier aux alèas du marché.

155. Actions
Au niveau de l'Afrique :
Relever la sécurité de l'approvisionnement en eau pour l'agriculture en mettant sur pied des dispositifs d'irrigation à petite échelle, en améliorant la gestion des ressources en eau au niveau local et en accroissant l'échange de l'information et du savoir-faire technique avec la communauté internationale ; Améliorer la sécurité du régime foncier, traditionnel et moderne, et promouvoir les réformes foncières nécessaires ;
Encourager la sécurité alimentaire au niveau régional, sous-régional, national et au niveau des ménages en assurant et gérant l'accroissement de la production, du transport, du stockage et de la commercialisation des cultures alimentaires, de la production animale et de la pêche. Accorder, ce faisant, une attention particulière aux besoins des pauvres, et mettre sur pied des systèmes d'alerte précoce pour surveiller la sécheresse et la production agricole ; Améliorer les mécanismes de crédit et de financement
agricole ainsi que l'accès au crédit des petits exploitants et des agricultrices ; Réduire la prépondérance des dépenses publiques dans les zones urbaines en Afrique en transférant des ressources des activités urbaines aux activités rurales.

Ces mesures qui confortent certaines de nos attentes exposés plus haut, doivent être orientées vers la quête de l'autosuffisance alimentaire. Les réformes foncières, s'orienter plus dans la perspectives d'une réforme agraire que dans celle d'une offre des titres fonciers à ceux qui seuls peuvent en disposer.

Au niveau international :
Mettre au point de nouveaux systèmes de partenariat pour des projets agricoles particuliers de grande envergure afin de combattre la saturation des bailleurs de fonds ; Obtenir l'aide de pays en développement pour permettre à l'Afrique de mener et de développer ses propres capacités de recherche-développement dans le domaine de l'agriculture ; Promouvoir l'accès des produits alimentaires et agricoles d'Afrique et, en particulier, des produits transformés aux marchés internationaux en améliorant la qualité de ces produits pour qu'ils répondent aux normes de ces marchés ; Soutenir la création de réseaux africains avec des partenaires extérieurs dans les domaines de la technologie et du savoir - faire agricoles, des services de vulgarisation et des infrastructures rurales ; Appuyer les investissements dans la recherche dans les
domaines des cultures à grand rendement et des méthodes de conservation et de stockage durables ; Fournir un appui afin de consolider les capacités nationales et régionales dans le domaine des négociations commerciales multilatérales, y compris les réglementations sanitaires et les autres réglementations sur la commercialisation des produits agricoles.

Ces projets de partenariat de grandes envergures ne doivent pas contrarier les initiatives précèdentes au niveau de l'Afrique. Il est curieux d'évoquer la saturation des bailleurs de fonds d'une part surtout ceux dont c'est la fonction et les prérogatives d'oeuvrer au développement d'une part. D'autre part, ceci est une invitation de mise en tutelle de l'agriculture africaine sous l'agrobusiness international.Or il n'y a aucune indication de la base sur laquelle se ferait ces nouveaux système de partenariat.

(iii) Industries extractives
156. Objectifs
Améliorer la qualité des informations sur les ressources minières ; Mettre en place un cadre réglementaire favorable au développement des industries extractives ; Instituer des pratiques exemplaires pour assurer l'efficacité de l'extraction des ressources minières et de minerais de qualité supérieure.

L'industrialisation est le parent pauvre du NEPAD, on l'aura constaté. Dans cette perspectives de nouveaux cadres réglementaires souhaitons qu'ils ne renforcent pas la révision des codes miniers et la perte de souveraineté graduelle sur nos ressources minières. Cela amène la question de savoir aussi qui transformera localement, ou les enrichira?

157. Actions
Au niveau de l'Afrique :
Harmoniser les politiques et réglementations pour se conformer aux niveaux minimums convenus en matière d'exploitation ; Harmoniser les engagements en vue de diminuer constamment la perception de risques associés aux investissements en Afrique ; Harmoniser les sources d'information sur les opportunités d'investissements ; Collaborer plus intensément pour le partage des connaissances sur les ressources naturelles et les moyens d'en augmenter la valeur ajoutée ; Respecter les conditions d'apports en valeur ajoutée (enrichissement) dans les investissements destinés au secteur minier en Afrique ;Créer une Ecole africaine des mines (qui offre enseignement, formation et qualification à tous les niveaux). Ceci pourrait se faire en assurant la collaboration entre des écoles existantes.

L'adaptation aux "normes" internationales d'extraction est une chose. La revalorisation de procèdures attractives pour nos ressources , comme les moyens pour en accroître la valeur ajoutée en est une autre. Toute deux procèdent d'une promotion du secteur et du souci de mieux extraire. En retour, les actions pressenties sont silencieuses sur le rôle et les actions qu'on escompte voir jouer côté investisseurs. En quoi cela changera -t-il la situation actuelle?.
De l'époque coloniale à 1970, l'étalon or (gold standard, Gold Exchange standard) régnait. L'Afrique fournissait alors la majeure partie de l'or assurant le système monétaire internatinal. Depuis lors, une foule de ses minéraux précieux et stratégiques alimentent le marché mondial. Dans ce secteur minier, de nouveaux acteurs et des pays industrialisés s'investissent. C'est le cas du Canada pays hôte du G8 où est présenté le NEPAD. Quelques 200 projets sont en cours et les entreprises du Canada dans l'exploration minière couvre la moitié des explorations minière du continent . Le secteur minier africain alimente la mondialisation. Que la zone d'extraction soit localisée dans l'opacité d'une zone de conflit armé ou non. Les conflits, déplacements de population et sous développement découlent de nombreux enjeux miniers à travers le continent. Des pays exportent même des minèraux dont ils ne disposent pas dans leur propre sous-sol.
Sur l'exploitation minière, un code d'éthique des multinationales et des rapports entre Etat, gens d'affaire locaux et population doit être imposé dans le cadre d'un NEPAD réformé.

(iv) Manufacture
158. Objectifs
Relever la production, la compétitivité et la diversification du secteur domestique privé, en particulier dans les sous- secteurs de l'agro-industrie, des mines et des manufactures, là où s'offrent des possibilités d'exportations et de création d'emplois ; Créer dans les pays d'Afrique des offices nationaux des
normes ; Harmoniser les réglementations techniques des pays d'Afrique.

Misèrable préoccupation du NEPAD ce secteur semble avoir été négligé. On parle de l'industrie comme si il n'y avait pas de problèmes, en reprenant la phaséologie de rigueur dans l'univers néolibéral. La proposition modeste qui en est faite, se distance définitivement d'une substitution aux importations.
Quel produit pourrait satisfaire au marché intérieur africain? Quel pays ou secteur envisagé compte tenu de l'échec du système industriel et sa mise en coupe réglée par les PAS, pourrait relever ces défis de compétition internationale? A voir les difficultés des pôles les plus avancés du continent (Afrique du Sud-Zimbabwé) on peut se poser des questions. Les exceptions que sont les délocalisations de la Tunisie (sous-contrat et système repressif ) ou Maurice (Zone franche, marché et investisseurs asiatiques Imbrication Etat-capital local) peuvent difficilement être généralisés.

159. Actions
Au niveau de l'Afrique :
Créer de nouvelles industries ou moderniser celles qui existent dans les pays d'Afrique qui jouissent
d'avantages comparatifs, notamment pour les agroindustries, la production d'énergie et les industries
dépendant des ressources minières ; Devenir membres des organes normatifs internationaux pertinents. Une participation active de l'Afrique lui permettrait d'y mieux faire entendre sa voix et d'assurer une contribution véritable des industries africaines à la formulation des normes internationales. Cela assurerait aussi le transfert des copyrights des normes internationales aux offices nationaux des normes ;
Mettre en place des institutions nationales de métrologie en liaison avec le système international de
métrologie. Ceci resterait toujours la responsabilité des pouvoirs publics ; Faire en sorte que des laboratoires d'essais et des organismes de délivrance de certificats soient mis en place pour faire respecter les réglementations techniques nationales pertinentes. Ces institutions devraient être mises en place le plus rapidement possible là où il n'en existe pas encore ; Mettre en place une infrastructure d'agrément
semblable à l'Organisation internationale de normalisation (ISO) qui soit acceptée par la
communauté internationale. Une telle infrastructure pourrait être nationale dans les pays où l'industrie est
suffisamment solide pour s'en charger ou bien l'on pourrait envisager des structures régionales. Il faudrait
consacrer des fonds adéquats pour devenir membres des structures internationales telles que le Forum
d'accréditation internationale et la Commission internationale de l'électrotechnique (CIE). Faire assurer la reconnaissance réciproque des résultats des essais et des certificats délivrés par les
principaux partenaires commerciaux de l'Afrique. En général, cela n'est possible que si l'on a mis en place
des cadres normatifs, des réglementations techniques, des mesures de métrologie et d'agrément et que l'on
peut démontrer qu'ils remplissent les critères internationaux.

Ici le seul souci est l'alignement institutionnel et technique aux impératifs des normes internationales de production et aux exigences de l'OMC. On ne se préoccupe pas de développer le secteur, mais de le rendre attrayant et opérationnel pour une éventuelle connexion à la divion internationale du travail industriel. On voit bien que l'harmonisation est plus pour le marché extérieur que pour un marché africain, même si celui ci pourrait indirectement en profiter.
D'où proviendrait le financement pour l'avènement de nouvelles structures industrielles et la rénovation des anciennes.
Au niveau international :
Faciliter, en créant divers mécanismes dont des associations d'hommes d'affaires, les échanges d'informations entre les entreprises d'Afrique et celles de l'extérieur du continent pour viser la mise en place de co-entreprises et d'accords de sous-traitance ;
Aider à consolider les institutions africaines de formation en matière de développement industriel, en particulier en favorisant l'établissement de réseaux avec des partenaires internationaux ;
Promouvoir les transferts de technologies nouvelles et appropriées vers les pays d'Afrique ; Mettre au point et faire accepter des pratiques exemplaires en matière de réglementations techniques qui remplissent les critères de l'Accord de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les obstacles techniques au commerce (OTC) tout en répondant aux besoins de l'Afrique. Les réglementations techniques des pays développés sont marquées par le passé et souvent inutilement compliquées pour de nombreux pays d'Afrique ; Créer des offices des normes offrant aux industries et aux pouvoirs publics les informations requises sur les normes nationales, régionales et internationales pour faciliter l'accès aux marchés. Ces centres devraient être reliés aux autres institutions semblables existantesaux niveaux national, régional et international et pourraient aussi servir de points d'information nationale pour l'Accord de l'OMC sur les OTC ; Assurer la formulation de normes nationales et régionales appropriées en instituant des comités techniques qui représentent de façon appropriée les parties prenantes du pays et faire en sorte que ces comités soient gérés conformément aux directives de
l'ISO et aux exigences de l'Accord de l'OMC sur les OTC .

Ceci confirme et approfondit notre commentaire. Il est remarquable que le secteur financier qui est censé régir toutes ces opérqations et transactions ne soit pas mentionné. C'est un obstacle technique et local au commerce: l'argent, la monnaie. Le NEPAD laisse à la mondialisation le soin de s'occuper de la dimension financière de l'Afrique. En Afrique subsaharienne francophone, on est encore à l'ère Franc cfa, alors que l'ancienne métropole n'a plus son franc et a adhéré à l'Euro. C'est surréaliste. Ces normes, cette institionnalisation, ces opérations, cet alignement ce fait dans des devises étrangères. Le nouveau partenariat n'apporte rien de nouveau. L'avènement de monnaies régionales ou continentale donnerait une autre saveur et une toute autre ampleur à toutes les actions çi-haut listées.

(v) Tourisme
160. Objectifs
Repérer aux niveaux national et sous-régional les projets-clés pouvant avoir d'importants effets de
percolation et contribuer à l'intégration économique interrégionale ;
Mettre au point une stratégie régionale de marketing ; Créer une capacité de recherche sur le tourisme et les
statistiques touristiques ; Promouvoir les partenariats semblables à ceux formés
dans le cadre d'organes sous-régionaux tels que l'Organisation régionale du tourisme en Afrique
australe (RETOSA), la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et la SADC.

Il s'agit d'une mise en marché du secteur qui utilise la réthorique panafricaniste. Rien n'est fait pour favoriser la circulation d'un tourisme africain. Comment un africain de l'Est pourrait profiter d'un séjour en Afrique du Nord, ou de l'Ouest? Une amélioration cosmétique et institutionnele du secteur peut sans doute mieux vendre une certaine Afrique. En quoi cela profite au développement des populations ou lutte contre les effets pervers liés au tourisme?

161. Actions
Au niveau de l'Afrique :
Forger des relations de coopération qui permettent de tirer parti d'un partage des connaissances tout en
offrant une base aux autres pays souhaitant s'engager dans des activités relevant du tourisme ; Offrir aux peuples d'Afrique la possibilité de participer activement à des projets durables de tourisme au
niveau des communautés ;Donner la priorité à la sécurité et à la sûreté des consommateurs ;
Commercialiser les produits touristiques africains,comme le tourisme d'aventure, l'écotourisme et le
tourisme culturel ;Assurer une meilleure coordination des initiatives régionales de tourisme en Afrique pour multiplier les produits et en assurer la diversité ; Tirer le meilleur parti possible de la forte demande
inter-régionale d'activités touristiques en concevant des campagnes de marketing spécialisées et taillées sur
mesure pour les consommateurs.

Il est important de laisser les populations encadrer un tourisme social et les assister dans ce sens. Il est essentiel que l'Etat et les entrepreneurs s'occupent des lieux avant, pendant et après les visites, avec l'aide des populations.
Des portions toujours plus grandes des espaces nationaux tombent sous la tutelle de mégacomplexes touristiques qui disposent d'énormes avantages. Il n'est ouvert qu'aux privilégiés.
Mettre en parralèle des activités touristiques pour ses propres populations et pour les populations régionales et continentales, à prix abordable et axées sur la collaboration populaire et l'hospitalité africaine.

(vi) Services
162. Les services peuvent constituer des activités très importantes pour les pays africains, en particulier ceux qui sont bien équipés dans le domaine des TIC (téléservices).

Plus l'Etat se retire du secteur tertiaire, plus les populations vulnérables voient les possibilités de service se restreindre. Il est important de responsabiliser l'Etat sur son rôle social, car ce secteur s'accroît et ses besoins et moyens sont toujours plus grand. Il est dommage que le NEPAD n'est pas davantage à dire sur cette sphère clef dans la mondialisation en cours..

(vii) Promotion du secteur privé
163. Objectifs
Créer un environnement sain et favorable aux activités du secteur privé, en mettant surtout l'accent sur les
entrepreneurs locaux ; Favoriser les investissements étrangers directs et les échanges commerciaux, en mettant l'accent sur les exportations ; Développer les micro-entreprises, les petites et moyennes entreprises, en particulier dans le secteur informel.

En plus des éléments liés à la dimension financière qui continue à être passés sous silence, ici la préoccupation sera d'équilibrer le développement des PME et micro-entreprises et les opérations directes du secteur privé extérieur. L'Etat a plus qu'un rôle de régulateur ici. Il doit veiller prioritairement au bien êre et à l'épanouissement de sa population.

164. Actions
Au niveau de l'Afrique :
Prendre des mesures pour améliorer les capacités du secteur privé dans les domaines de l'esprit
d'entreprise, de la gestion et des techniques en appuyant l'acquisition de technologies, les
améliorations de la production, la formation et le développement des compétences ;
Consolider les chambres de commerce, les associations commerciales et professionnelles ainsi
que leurs réseaux régionaux ; Organiser le dialogue entre pouvoirs publics et secteur
privé pour mettre au point une vision commune de stratégie du développement économique et supprimer
les obstacles au développement du secteur privé ;Renforcer et encourager la croissance des microindustries,
des petites et moyennes industries, grâce à un soutien technique adéquat des institutions de
service et de la société civile et améliorer leur accès à des capitaux en consolidant les programmes de
microfinancement, tout particulièrement en faveur des femmes entrepreneurs.

La prédisposition managériale est conforme à l'esprit mercantile dominant dans le néo-libéralisme en vogue. Le NEPAD veut s'assurer de l'extension horizontale de l'esprit d'affaire. On veut laisser les coudées franches au secteur privé sur le continent. Les sociétés africaines n'étant pas foncièrement individualistes et l'esprit de propriété étant différent, il y a fort à croire que ces mesures se heurteront à des résistances sociales sur le terrain. Il est probable qu'on assistera à leur réappropriation et transformation par les populations. L'objectif de créer et de fortifier un bassin entrepreneurial africain, capable de composer harmonieusement avec la mondialisation, anime donc la proposition intraafricaine. Elle ne tient pas en compte des dimensions culturelles propres qui ne reproduiront pas forcèment la rationalité technique bourgeoise. Là dessus, les aspirations des couches capitalistes africaines devront davantage tenir compte de celles de leurs populations que de leur propres agenda, même si ceux-ci restent les vecteurs de la recolonisation

Au niveau international :
Promouvoir des programmes de développement de l'esprit d'entreprise pour assister des entreprises
africaines ; Offrir une assistance technique pour contribuer à la mise en place de réglementations appropriées et à la promotion de petites et moyennes entreprises et de micro-entreprises et de programmes de microfinancement pour le secteur privé africain.

Ceci corrobore le commentaire précèdent. On escompte de l'extérieur une assistance pour l'operationnalisation de l'entreprenariat à tous les échelons.

(viii) Promotion des exportations de l'Afrique
165. Objectifs
Améliorer les procédures douanières et les programmes de drawback ;
S'attaquer aux barrières au commerce international en relevant les normes ; Augmenter le commerce intra-régional en favorisant les contacts entres les entreprises africaines de part et d'autre
des frontières ; Changer l'image négative de l'Afrique en apportant des solutions aux conflits et en faisant le marketing du continent ; Remédier aux pénuries de compétences à court terme en donnant des encouragements appropriés et en assurant la formation au niveau des entreprises.

En tous points comformes aux attentes de l'OMC et du libre échange..

166. Actions
Au niveau de l'Afrique :
Promouvoir le commerce intra-africain afin que les pays d'Afrique se procurent sur le continent des importations qui provenaient jusqu'à présent du reste du monde ; Créer des mécanismes et institutions de marketing pour mettre au point des stratégies de commercialisation des produits africains ; Faire connaître les sociétés africaines d'importation et d'exportation et leurs produits, notamment grâce à des foires expositions commerciales ; Réduire les coûts des opérations et des transactions ; Promouvoir et améliorer les accords commerciaux régionaux, libéraliser plus avant le commerce interrégional et harmoniser
les règles d'origine, les tarifs douaniers et les normes des produits ; Réduire les droits de douane sur les exportations.

On se demande comment cela se fera sans aucune mention de stratégie d'industrialisation de substitution aux importations. Les autres mesures consistent en mécanismes de régulation pour le commerce intrarégional.

Au niveau international :
Négocier des mesures et accords de facilitation pour améliorer l'accès des produits africains aux marchés
du monde entier ; Encourager les investissements étrangers directs ; Aider à consolider les capacités du secteur privé tout en renforçant les capacités nationales et sousrégionales en matière de négociations commerciales, de mise en application des règles de l'OMC et pour identifier et exploiter les nouvelles possibilités d'échanges commerciaux issues du système commercial multilatéral ;
Les chefs d'Etat doivent assurer une participation active aux échanges commerciaux mondiaux, gérés
sous les auspices de l'OMC depuis 1995. Si un nouveau cycle de négociations commerciales
multilatérales commence, il devra tenir compte des préoccupations, besoins et intérêts du continent
africain et les inscrire dans les règles futures de l'OMC.

Cette volonté de vouloir inciter l'OMC a tenir compte des besoins africains est certes à encourager, d'autant que bien qu'on l'ait baptisée à Marrakech ses préoccupations en faveur de l'Afrique sont déplorables.Ce n'est pas surprenant.Cette organisation étant avant tout au service des intérêts dominants la mondialisation. Il n' y aura annexion des préoccupations africaines que si ses intérêts sont compatibles. Les promesses de libre échange et d'ouverture des marchés occidentaux à l'Afrique tardent à être concrétisés. Nous évaluerons la réponse du G8 à Kananaskis

167. La participation au système commercial mondial permettra :
- d'assurer aux exportations de l'Afrique un accès aux marchés ouvert, prévisible et diversifié sur le plan
géographique ;
- d'offrir une tribune où les pays en développement puissent collectivement exiger des pays développés
des ajustements structurels dans les industries pour lesquelles le monde en développement dispose
actuellement d'un avantage comparatif naturel ;
- de faire de la transparence et de la prévisibilité des conditions préalables indispensables à l'augmentation
des investissements, ce qui permettrait d'améliorer les capacités d'offre et de multiplier les bénéfices
provenant des accès existants aux marchés ;
- d'apporter une assistance et un appui techniques pour améliorer les capacités institutionnelles des Etats
africains à tirer parti de l'OMC et à conduire des négociations commerciales multilatérales.

Ceci est le meilleur scénario d'un capitalisme à visage humain. Le capitalisme existant lui relève d'une réalité plus tragique et rien n'augure d'un changement plus positif dans l'immédiat.

168. En plus d'un soutien d'ordre général à l'OMC, les chefs d'Etat africains doivent déterminer des domaines stratégiques d'intervention et consolider, avec l'aide de la communauté internationale, la contribution du commerce au redressement du continent. Il s'agirait notamment :
- de repérer les domaines d'exportation essentiels dans lesquels l'offre est gravement entravée ;
- de diversifier la production et les exportations en particulier dans les domaines existants et potentiels
dans lesquels le continent a un avantage comparatif, compte tenu de la nécessité de relever la valeur
ajoutée de la production ;
- d'évaluer les possibilités de libéraliser plus avant le secteur des manufactures, vu que les marchés donnent
essentiellement accès aux secteurs à faible valeur ajoutée et entravent les activités à forte valeur ajoutée
dont le potentiel est le plus important pour la croissance économique;
- de raviver l'action politique des pays d'Afrique afin d'intensifier et d'approfondir les diverses initiatives
d'intégration prises dans tout le continent, ce pourquoi il faudrait envisager les possibilités suivantes : (1) un
régime continental discrétionnaire de préférences commerciales pour le commerce intra-africain ; (2)
l'alignement des politiques commerciales et industrielles nationales et régionales pour augmenter les possibilités d'échanges intra-industries indispensables à la durabilité des accords économiques régionaux.

Ici cette série de proposition apporte un peu plus de précision sur quelques actions des chefs d'Etat. Les priorités sont axées sur les avantages comparatifs. Ce qui laisse croiree, malgrè le discours de diversification, à une poursuite de l'extraversion.
Raviver l'action politique alors que l'Etat africain est en plein déperissement et désengagement de son économie, laisse la perspective d'intégration économique régionale plutôt anémièe.

169. Les chefs d'Etat doivent agir pour :
- obtenir et stabiliser le traitement préférentiel consenti par les principaux partenaires des pays développés
(comme le Système généralisé de préférence (SGP), l'Accord de Cotonou, l'Initiative Tout sauf des armes et l'AGOA, Loi américaine sur la croissance et le commerce en Afrique) ;
- faire en sorte que la libéralisation multilatérale future n'affecte pas les marges préférentielles offertes par ces arrangements ;
- repérer leurs faiblesses en termes de conception et mise en application et y remédier.

Ces mesures de libre échange et d'intensification commerciales comportent souvent des clauses annexes qui disqualifient nombre de pays africains. En stabilisant, s'assurer de l'assouplissement de ces mesures.

(ix) Elimination des barrières non tarifaires
170. Les dirigeants africains sont persuadés qu'il serait crucial d'améliorer l'accès aux marchés des pays industrialisés des produits pour lesquels l'Afrique est compétitive. Malgré les nettes améliorations en fait de diminution des droits de douanes ces dernières années, il subsiste d'importantes exonérations tarifaires et des barrières non tarifaires qui constituent des obstacles majeurs. Tout progrès dans ce domaine améliorerait énormément la croissance économique et la diversification de la production et des
exportations de l'Afrique. On réduirait ainsi la dépendance vis-à-vis de l'APD et les projets d'infrastructures seraient rendus plus viables du fait de l'accélération de l'activité économique.

Le sommet du G8 devra se prononcer sur cette vieille requête, qui expose l'ambiguîté des tenants du marché sur l'intégration qu'ils réserve à l'Afrique dans la mondialisation. Il s'agit jusqu'à preuve du contraire d'une série de voeux pieux.