Les opinions exprimées ici ne sont pas nécessairement celles du GRILA
La renaissance Panafricaine: Les femmes sont elles silencieuses (Cecile Dolissane)?
La renaissance Panafricaine: Les femmes sont elles silencieuses (Cecile Dolissane)?
Colloque sur la nécessaire refondation du panafricanisme(octobre 2000)
LA RENAISSANCE PANAFRICAINE : LES FEMMES SONT-ELLES SILENCIEUSES ?
1.resumé
L'objet de cette communication vise à démontrer que depuis les années 50 les femmes sont aux côté des hommes dans des luttes pour la libération de l'Afrique. Elles mènent une bataille inlassable pour la survie de la famille: Les travaux domestiques, champêtres en milieu rural ainsi que du combat politique. En l'occurrence La marche des femmes du Grand Bassam de Henriette Diabaté. Mais elles demeurent toujours des mémoires absentes. Garantes des traditions et donneuses de vie, elles ne sauraient être occultées à l'aune de la renaissance africaine. Continent meurtri par tous les fléaux et dont les Afro-pessimismes prônent le chaos, il a vivement besoin de l'énergie, des idées-forces, des images édifiantes et Aoua Keita, la vaillante malienne en est une. Car de part ses luttes historiques, cette femme à poigne a une fonction naturelle d'impulsion, elle dégage des ondes libératrices.
Notre analyse s'orientera vers cette sage femme qui fonda son parti politique(USRDA). Elle bâtit campagne contre des hommes hostiles à sa présence en politique, car elle dénonçait les malversations et la non-transparence des élections. Maux qui, aujourd'hui encore, minent l'Afrique. Visionnaire, elle annonçait déjà les heurts et les malheurs de ce continent autant que ses problèmes brûlants. Pour cela, elle était consciente de l'importance de l'union soudanaise. Elle était à n'en pas douter l'une des pionnières de l'unité africaine. De part une actualité morose, comment peut-on oublier ces figures féminines de proue ? Mieux ces visages glorieux libérateurs ?
Pour tenter de restituer l'histoire et d'apporter une pierre à la refondation panafricaine, nous emprunterons une démarche dialectique notre argumentaire s'effectuera en deux volets :
D'abord, nous illustrerons le combat panafricain d'Aoua Kéita dans l'Union soudanaise et puis nous terminerons notre propos par des jalons novateurs la quête imminente de l'intégration effective des femmes africaines dans le processus décisionnel à l'aube du millénaire.
Cécile Dolisane Ebossé est titulaire d'un doctorat de lettres modernes et d'un D.E.A. en sciences politiques. Spécialiste de l'écriture féminine, elle est membre associé de l'institut de recherche sur les femmes à (UQAM) à Montréal et professeure invitée à l'université de Yaoundé I.
2.communication
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Le retour aux affaires politiques de Olosegun Obasanjo au Nigeria ainsi que la brillante élection du deuxième chef d'état post apartheid a ravivé au sein de la communauté africaine du terroir et celle de la diaspora une originalité amorçant une ère nouvelle qui prédisent de profondes mutations nécessaires pour la rénovation du continent, transformation radicale que Thabo Mbéki a baptisé <>,nous vous épargnerons les nombreuses interprétations dont ce slogan fit l'objet, nous garderons en mémoire en revanche, les impératifs de ce continent pour lesquels l'ensemble des structures pour la plupart hérités du jacobinisme et du centralisme étatique est en panne d'imagination ,affecte par un marché toujours réduit des matières premières. Une mosaïque de pays qui s'affichent fragmentés, jouant le rôle de succursales de quelque empire ancien ou nouveau exigent un nettoyage en profondeur d'où ce rêve d'unification.
Mais cet objectif principal partage, en quête d'un espace régional équilibré susceptible d'être mobilisateur d'intelligence de créativité échappe-t-il à la femme ? Est -elle indifférente au destin de son pays ? A-t-elle joue un rôle comme actrice de l'histoire ? Et dans cette vision prospective, les grandes mutations peuvent-elles occulter son intégration dans la future union africaine ? Peut-on présager que les revendications de la marche mondiale des femmes influeront sur l'image de la femme africaine du troisième millénaire ?
Nous tenterons grâce à une approche socio-historique et politique de défaire ce pli feminin ô combien ambigu ! En deux parties. D'entrée de jeu nous mettrons en lumiere les pionnières de ce combat de libération de l'Afrique en l'honneur d'Aoua Keita, la première députée de l'US-RDA. Puis nous lancerons quelques jalons novateurs d'une imminente intégration effective des femmes africaines dans le processus décisionnel par le biais d'un fédéralisme constructif à l'aube du troisième millénaire.
Loin d'un scepticisme annihilant qui ferait perdurer l'actuelle balkanisation, d'où découlent marginalisation et vassalisation, notre vœu est que l'Afrique s'inspire de ses réalités lesquelles la conduira à l'expression des aspirations collectives dont l'histoire regorge d'exemples et qui libère des énergies dans des espaces solidaires. Pour notre part, nous formulons des hypothèses qui envisagent une Afrique diverse ou reelle afin que le schéma profile résolument patriarcal et phallocentrique soit modifié ou complété par la féminisation de la vie politique.
I. Une vision socio-historique du panafricanisme au feminin la Malienne Aoua Keita
a- un personnage hors du commun
Née à Bamako(capitale du Soudan français en 1912), celle qu'on appellera plus tard la petite sage-femme fut la vaillante combattante des libertés pour l'unite africaine, du moins sous régionale. Son père, ancient combattant de l'armée française, décida d'envoyer sa fille à l'école faute de garçon elle fréquenta donc "l'orphelinat des métisses". Cette décision insolite à l'époque surprit sa propre mère. Elle s'oriente par la suite vers les études de sage-femme.
Son engagement se déclencha à proprement parler lorsqu'elle fut affectée à Gao. Arrivée dans cette ville, elle nota son dénuement complet de l'hôpital en matière de santé : manque crucial du matériel de la logistique(il n'y a ni matériel d'obstétrique ni maternité). Cette prise de conscience de la précarité des conditions de vie de ces pauvres gens aiguisa parallèlement son attention pour la politique au milieu des années trente lorsqu'elle épousa Daouda Diawara, un médecin qu'elle connut à l'école de médecine. Les deux étant tres passionne des événements qui touchent le continent africain domine, notamment, l'occupation de l'Abyssinie par les fascistes. cette implication étroite lui vaudra son affectation à Kita
Pire encore lors de début des mouvements de décolonisation en Afrique, le couple diawara fut mis à la disposition de l'office pour une étroite surveillance c'est dont le départ pour une affectation disciplinaire pour Niono qui fut le véritable déclic à l'engagement politique de la sage-femme.
Il est incontestable que cette prise de conscience fut amplifiée grâce à l'éducation qui lui permis d'acquérir l'esprit critique et une vue plus large qui transcende le champ traditionnel de la femme. Elle est donc parmi ces pionnières qui se positionnèrent difficilement dans un univers emprunt de préjugés comme ayant tout aussi une noble mission de libérer leur peuple du joug colonial.
II- L'engagement politique d'Aoua Keita : un parcours non sans écueils
a- les préjugés socioculturels
Victime de la conception jacobiniste occidental, la femme africaine perdit depuis la colonisation ses prérogatives, elle devint non la partenaire incontournable de l'homme mais son valet, ravalée au rang de sous-homme. Le sexe masculin devint revanche, l'incarnation par excellence du pouvoir donc le centre des décisions. Peu à peu la misogynie s'installa et la marge de manœuvre féminine se rétrécissait davantage et la distinction se faisait sentir. Les valeurs masculines s'identifiaient à la guerre, la chasse, au sacre c'est-à-dire qu'il est destine à l'espace public tandis que celles de la femme reflétaient la nature, la vie, le profane et sur le plan social, le prive(voir a ce sujet Georges Balandier dans Anthropo-logiques. D'où le flou qui émaillait la connaissance de la femme africaine donnant lieu parfois a des malentendus agrémentés de dérives idéologiques. C'est dans ce sens que, pour dissiper ces amalgames simplistes un colloque international s'est tenu à Abidjan sous la direction de la société africaine de culture. Ces travaux d'une grande autorité furent affermis par l'ouvrage de deux africaines : Madina Ly et Achiola O. Pala signe la femme africaine dans la société precoloniale édité par l'Unesco. Ces documents d'envergure si elles n'épuisent, loin s'en faut, cette grande problématique qu'est la femme africaine, l'épurent des estampilles coloniales en rejetant sans médiation cette lecture intentionnellement erronée des mœurs et des coutumes de ce continent.
Théophile Obenga l'historien congolais et Doumbi Fakoli l'écrivain malien démontrent unanimement sous un ton ferme respectivement dans les revues Amina et Regards africains que toute tentative d'interprétation des réalités africaines avec un paradigme manichéen hérite la conception judéo-chrétienne sont d'emblée vouée à l'échec car selon ces deux panafricanistes invétérés, la conception négro-africaine de l'être s'effectue dans une perspective totalisante, c'est un cercle ou trous les éléments de la nature s'entremêlent dans une espèce de panthéisme universel, une sorte de communion entre les forces cosmogoniques et la conscience humaine. C'est dans cette correspondance invisible que souffle le sacre que jaillit L'Être. Dans ce mouvement rotatif, où les éléments sont indissociables l'homme et la femme se complètent. Il ne s'agit point d'un dualisme mieux d'une opposition mais d'une complémentarité. Ce qui laisse profiler à l'horizon une espèce d'androgynie originelle. Curieusement, dans cette apparente fusion, ces deux êtres ont chacun sa personnalité aucun n'émane de la côte de l'autre et n'est donc pas sa moitié.
Mais cette dernière conception de la femme établie par la culture dominante fut adoptée par l'ensemble de la société. C'est ainsi qu'aux anciennes pratiques se substituaient les nouvelles règles et partant, les nouvelles les nouvelles formes de domination : au sommet il y a l'homme blanc, ensuite l'homme noir, et au bas de l'échelle, la femme noire. Situation que les romanciers qui sont parfois les porte-parole des sans voix, n'ont pas omis la description dans leurs œuvres de fiction ou les relations entre hommes et femmes sont les rapports entre dominants et dominés, du moins au début des indépendances. C'est dire que les préjugés dont a été victime Aoua keita trouve des homologies dans l'œuvre littéraire. Ceci confirmant le rôle de l'art comme miroir de la société. A l'instar du roi Albert d'Effidi de Francis Bebey dans lequel le chef du village, Ndengue, était scandalisait par la présence d'une femme a la campagne électorale, donc l'intrusion des femmes en politique le mit dans un courroux inexpliqué. Voici comment la réalité est romancée à Effidi :
Les femmes sont-elles aussi invitées à se présenter aux élections ? Et pour représenter qui ? Les hommes.
-Chef Ndengué, il ne faut pas t'emporter. Il n'y aura peut- être pas de femme assez outrecuidante pour se porter candidate aux élections. Mais le système nouveau veulent nous apprendre que les femmes ont le droit de se présenter, tout comme les hommes.
Je comprends que tu écartes les femmes d'une compétition quelconque en vue de la direction du pays. Les femmes sont au village pour faire des enfants à leurs maris. Et perpétuer la communauté des garçons et filles. Je combattrais tout individu qui voudrait donner aux femmes la possibilité, la moindre de s'ingérer dans les affaires des hommes, comme par exemple, la direction de notre société. (rae, 122-3)
Visiblement le roi conçoit les femmes comme une femelle une machine à procréer. Il instaure des lors un rapport de force pour arborer une certaine hégémonie. C'est le culte de l'androcentrie sommé de la gérontocratie. Il ne veut donc pas être commande par un sexe inférieur de par ses fonctions maternelles. Attitude qui connote au -de là de cette apparente haine, une inquiétude croissante du renversement des valeurs. Ce sont les idées similaires dont Aoua Keita fut victime lorsqu'elle décida de se lancer en politique.
b- Un mutisme forcé
Courageuse, dynamique et déterminée, elle passa outre le chantage masculin et en 1946,adhera au Rassemblement Démocratique Africain (R.D.A). Au Soudan, elle fut l'une des premières femmes à se lancer dans le militantisme politique. Elle mène ouvertement campagne pour l'US dans une situation risquée où l'administration est ouvertement favorable au camp adverse. Évoluant tout aussi dans un univers d'obédience patriarcale, hostile à la parole féminine, elle demeurait la plupart de temps silencieuse malgré la volonté manifeste d'affirmer sa personnalité. Son mari lui ayant recommandé la prudence face a des hommes non encore habitués à discuter d'égal à égal avec une femme. Elle nous rapporte dans son autobiographie une scène misogynique lors d'un meeting dans un village nommé Singné où elle était candidate opposée au chef du village. A l'image du personnage romanesque sus-évoqué, elle fut presque molestée par ce dernier qui l'expulsa et lui parla vertement en ces termes:
sors de mon village femme audacieuse, il faut que tu sois non seulement audacieuse mais surtout effrontée pour essayer de te mesurer aux hommes en acceptant une place d'homme. Mais tu n'as rien fait. C'est la faute des fous du R.D.A. qui bafouent les hommes de notre pays en faisant de toi leur égal.
Cette femme à la langue mielleuse, aux paroles de Satan n'avaient donc pas échappé aux clichés séculaires ou la femme est considérée comme la tentation un pouvoir maléfique .Mais ces insultes n'entamèrent guère la détermination de cette femme d'exception au contraire elle prit une fois pour tout son envol vers les profondeurs d'un univers impitoyable qu'est la politique.
III- La consécration d'Aoua Keita: la légende africaine
• Les actions
Aoua Keita fit peau neuve avec une ère nouvelle résolument progressiste qui tend vers le devenir, vers ce qui dure. Pour cela, elle fut pragmatique en posant des actions concrètes en marge des grands discours D'ailleurs, malgré ses activités politiques intenses, elle a toujours fait preuve d'une ponctualité étonnante à l'hôpital où elle accomplissait avec sérénité un devoir qui lui conférait irrémédiablement une certaine plénitude.
• Sur le terrain, elle organisa les femmes proches de l'US dont elle est nommée Secrétaire générale.
• Elle se bat pour limiter les fraudes électorales. Par défi, elle renonce à sa nationalité afin de pouvoir y participer. Elle n'hésite pas à mettre dehors les officiers français qu'elle soupçonnait entraver le déroulement du vote.
• elle vendait elle-même, les cartes du parti. De la, la révolutionnaire tendait de changer de mentalités, augmentant ainsi le nombre d'adhérents.
• elle participa à l'écoulement de l'Essor, le journal de l'US.
Toutes ces actions avaient pour finalité, d'instaurer la transparence du jeu électoral. L'histoire jouera en sa faveur puisqu'en 1958, à l'issue du cinquième congrès de l'US-R.D.A, Aoua Keita est nommée membre du bureau politique, commissaire à l'organisation des femmes.
Mais elle doit surmonter également surmonter les clivages claniques et les rivalités feminines. C'est enfin en 1959 que la petite sage femme entre définitivement dans l'histoire en devenant la première africaine élue députée.
Dans son œuvre noble, elle est parmi les pionnières de l'union africaine car au moment de son élection, l'heure était à la fédération du Mali, tentative de fusion entre le Soudan de Modibo Keita et le Sénégal de Léopold Sédar Senghor. Aoua participe à cette initiative. Mais la fédération du Mali échoue(1)pour en savoir sur les regroupements régionaux à l'aube des indépendances voir le neo-panafricanisme de Gilbert Oloko et le guide du panafricanisme de Doumbi Fakoli et bien sur la grande encyclopédie de l'histoire générale de l'Afrique édité par l'UNESCO.
Au regard du climat d'ostracisme dans lequel elle évoluait. On ne peut que rendre hommage à ses réalisations elle doit servir de référence aux futures générations et apporte un démenti aux propos selon lesquels primo, les ne s'intéressent guère à la politique. Secundo doutent des capacités de la gestion de la chose publique de la femme africaine. Elle commença par aller en guerre contre les fraudes massives qui, malheureusement, minent encore le continent.
Toutefois, il fait signaler qu'elle était encore largement tributaire des idées de son époque, elle fut très modérée en ce qui concerne la condition féminine stricto sensu. Elle leur conseillait de rester calme et de faire des enfants ; probablement marquée par sa répudiation consécutive a la stérilité. S'il est clair qu'elle ne prône pas la résignation puisqu'elle a réussi tant soit peu à bousculer les barrières culturelles de la société conservatrice, n'est ce donc pas le lieu de projeter l'action amorcée par cette brave dame pour lui donner toute la dimension qu'elle mérite, c'est-à-dire omnitemporelle et transhistorique ?
IV- La femme africaine et le troisième millénaire
La renaissance africaine actuelle a pour leitmotiv la lutte pour l'égalité des chances le combat pour les droits des femmes et des hommes à disposer de leurs libertés. Elle prolonge incontestablement l'œuvre d'Aoua Keita en quête d'équité et justice. Ainsi en s'appuyant sur les mouvements féminins, son objectif loin d'être sexiste, étaient plus d'atteindre les catégories les plus vulnérables, l'ensemble de la société africaine sous l'emprise du colonisateur. Aujourd'hui, l'union africaine est un impératif pour un continent qui manque de projet de société viable, lamine par les mauvais programmes économico-politiques, des épidémies et des conflits de tous genres. Dans cet échec notoire de l'état postcolonial qui n'a pas su adapter les anciennes structures organisationnelles a la modernité qui s'imposait à lui. Suite à cette démission préjudiciable aux populations paupérisées l'intégration des femmes dans toutes les sphères décisionnelles une nécessité car elles constituent un atout majeur pour le développement.
1.La femmes et l'économie
a- la féminisation de la pauvreté
Il faut un minimum de bonheur matériel pour la pratique de la vertu auquel cas la misère matérielle est subséquente a la déchéance morale. La marginalisation économique de la femme alors qu'elle constitue 52% de la population a des risques palpables sur elle-même et par conséquent constitue une entorse pour l'Evolution du continent tant la femme demeure le poumon de la société. Il serait donc judicieux de consulter les concernées, en majorité des paysannes, qui assurent aujourd'hui encore plus que jamais la survie de ce continent. Elles peuvent décider de leur destin et dans un jeu de complémentarité entre le centre et la périphérie trouver des stratégies pour drainer les revenus. Cette question sur la femme et l'économie concerne deux catégories de femmes : les paysannes et les femmes du marché, ainsi que celles de la classe moyenne : les employées de secteur tertiaire.
a.1.les femmes paysannes et du marché
C'est incontestablement les plus pauvres ? Il faut à ces femmes laborieuses corvéables a merci des structures adéquates. Les moyens de communication fiables les vendeuses de fruits et légumes qui ravitaillent les villes entières et qui ont de sérieux problèmes de conservation des aliments. Il faudrait leur redonner confiance en leur faisant participer lors des grandes décisions qu'elles aient leur mot à dire car proches de la vie quotidienne, l'état gagnerait en recueillant leur savoir-faire, leur sens d'organisation partant de là, elles se sentiront mieux considérée et développera leurs compétences mal exploitées. A l'état actuel des choses elles sont mises à l'écart parce qu'elles manquent d'éducation et de formation technique adéquate. Les femmes paysannes manquent donc de porte-parole valable. Sous-estimées parce que "villageoises", un fossé se creuse entre elles et ses interlocuteurs avec qui elles n'entretiennent qu'un dialogue de sourds, le plus souvent ces messieurs de la ville hautains et méprisants. En plus clair il faut à cette mamelle nourricière, la mise en place d'un fond d'appui à leurs activités et plus d'accès aux terres et aux crédits.
a.2.la femme et le savoir
Dans cet état de choses, la question de la scolarisation féminine devient cruciale d'où les nombreux programmes de l'Unesco ainsi que ceux des organismes internationaux similaires car seuls la femme éduquée édifiera la nation, l'avenir de l'humanité réside sans conteste dans le pouvoir formateur des femmes. C'est en ce sens que l'on peut affirmer sans ambages que la véritable évolution de l'homme c'est sa capacité d'éradiquer c'est état d'esprit, cette mentalité conservatrice et de permettre à la femme de jouer pleinement son rôle d'éducatrice, de gestionnaire de représentante et de la force créatrice. La femme a des valeurs intrinsèques qu'on ne doit pas feindre d'ignorer.
Au reste, la femme intellectuelle doit pleinement jouer son rôle de productrice de civilisation. Pour cela, on ne cessera jamais de le répéter, les structures d'encadrement sont un pole majeur de l'émancipation de la femme, les bases mêmes de la dignité. Instruites, elle serait mieux éclairée dans la prise de conscience de son pouvoir. Mue de cette puissance extraordinaire, elle retrouvera ses prérogatives perdues et donnera de l'impulsion en Afrique renaissante.
2. La femme et la politique
a-1. la conquête du pouvoir
Le dynamisme actuel des femmes africaines n'est pas une nouveauté elle prend ses sources dans les profondeurs du temps. C'est ce qui explique sa relative adaptation a la vie publique. Elle essaie de reconquérir une unité politique perdue. Ces propos sont ceux du congolais Ndaywel E. Nziem dans <>(2)
L'apport de la femme dans la construction de l'Afrique se fait sentir, car il est effectué sous de nouvelles bases, par exemple, quatre femmes sont entrées dans le gouvernement démocratique du Sénégal qui ne n'occupent pas que les postes liés à sa nature de femme (famille, affaires sociales etc.)
Elles s'organisent également dans de vastes ensembles associatifs de renommée internationale de manière à ce que leurs voix se fassent mieux entendre. En ce début du 21ème les femmes veulent montrer qu'elles sont des actrices incontournables, une vraie force de frappe capable d'ébranler le grand capital. Vu le climat de morosité fait de conflits et d'intérêt les femmes veulent surtout dénoncer ces égoïsmes criards qui enterrent une partie de la planète. Elles veulent instaurer un climat de paix. Car elles des donneuses de vie et des créatrices de l'histoire. En l'occurrence la marche des femmes congolaises en faveur de la paix en est un exemple patent. Certaines femmes se sont mises aux nouvelles technologies. C'est ainsi que les femmes camerounaises regroupées autour d'une vaste fédération sous la direction de Paulette Abenkou ont décidé de créer un site Internet : l'A.F.A.C, - l'un des plus fournis des sites féminins africains- pour mieux s'adapter aux exigences modernes. Elle a sélectionné un nombre impressionnant d'associations socio-économiques et politiques.
Actuellement, faisant des études de haut niveau sans oublier les programmes l'école pour tous initié pas l'Unesco qui a été l'objet d'un colloque à Dakar en avril dernier, en plus de leur démographie, (il y a plus de femmes) sont des atouts inestimables qu'elles doivent soigneusement exploites afin de peser dans le jeu démocratique. Aussi pensons-nous qu'en féminisant la politique, il y aura peut-etre une autre manière de voir le monde car l'union faisant la force elles aboutiront à la justice sociale. Pour Marie Angélique Savané sociologue et féministe sénégalaise elles sont souvent méritantes à des postes de responsabilité et se distinguent parfois par une approche pragmatique de la chose publique. Elle est l'identité, l'histoire, la personnalité de ce continent, en un mot, elle est la métaphore de l'Afrique.
Avec les femmes on peut avoir une surprise dans le continent car les hommes ont tellement montre leur incapacité à réaliser et à s'entendre qu'une femme qui viendrait avec un discours neuf a beaucoup de chance de drainer des foules. Et pour raffermir cette thèse c'est Werewere Liking qui lui donne plus d'acuité, une caution mythique donc primordiale. Elle estime dans Elle sera de jaspe et de corail que la femme a le secret de la création, mieux de l'Afrique, elle le sait mais elle le tait. Et, quand on sait qu'on a besoin des mythes pour vivre, l'Afrique du nouveau millénaire en a vivement pour retrouver son énergie redynamisante afin de s'affirmer dans le monde.
Pour la romancière camerounaise, les femmes ont une mystique qui, négociée à bon escient, peut lui permettre d'opérer des miracles mais elle pêche parfois par son laxisme et sa complaisance. Et pour se purifier, il serait donc nécessaire de rappeler ces figures historiques. Le respect sans faille de la dignité humaine, la rigueur dans l'exercice de ses fonctions dans lesquelles se sont vaillamment illustrées Aoua Keita sont autant de valeurs que chaque africaine d'aujourd'hui doit s'arrimer. En définitive, elle nous donne une bonne leçon d'endurance et oriente inexorablement vers les défis du grand millénaire à relever.
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Malgré le mutisme observé par la colonisation et l'état postcolonial, les femmes ont toujours combattu grâce à leur pouvoir rassembleur, elles ont su se montrer solidaires lors de la liberation de l'Afrique, nous voulons dire pendant les guerres de décolonisation. Aujourd'hui, plus en tant en que citoyenne qu'en tant que femme, sa plus grande responsabilité est de sortir le continent de son marasme et de toutes ses humiliations dont il fait l'objet. D'où l'imminence, de son entrée dans la gestion des affaires publiques. De ce fait, elles n'y vont pas d'une main molle, elles revendiquent la parité : homme-femme en politique, les partis politiques féminins se créent. L'écriture féminine se fait transgressive, elle revendique la distinction du sexuel au corporel avec son corollaire la maîtrise parfaite de son corps et cela va sans dire, la maîtrise de la maternité. La recrudescence de écrivaines africaines est un symbole fort. elles démontrent la liberté de parole, donc la prise du pouvoir
En marge des afro-pessisismes qui prônent la paix en maintenant la violence, l'exploitation des menaces des sanctions qui isolent de plus en plus l'Afrique, les femmes doivent être tenaces par le culte de l'effort et l'esprit de sacrifice. C'est à ce prix qu'elles réaliseront leurs plus belles et chaleureuses victoires pour qu'au seuil du millénaire, elles inscrivent leur témoignage dans le grand livre de l'Humanité. Ce serait alors un hommage admirable aux femmes africaines ; démarche amorcée par la plus fervente et la plus distinguée d'entre elles. Ce rêve est partagé par le dramaturge Asseng Protais dans Trop c'est Trop
«Comme toutes les majorités silencieuses parce qu'opprimées, les femmes demeurent une des plus grandes inconnues de nos connaissances culturelles. Ce que les femmes savent d'elles n'est que ce que les hommes ont voulu et réussi à faire d'elles. Mais le xxème siècle s'achèvera - t-il sans que cette grande inconnue -La Femme- nous découvre son vrai visage en faisant de son sexe avilissant une idéologie militante.
J'ignore ce qui se passerait alors, mais certaines utopies d'aujourd'hui pourraient devenir réalités. »
Cécile Dolisane ebosse Membre du collectif des femmes du GRILA.
This opinion article was written by a independent writer. The opinions and views expressed herein are those of the author and are not necessarily intended to reflect those of GRILA